de l'île de roudah.
Abou-l-Reddâd (i), qu'il avoit fait venir de Baghdâd en Egypte. L'intendant
général des finances reçut ordre de lui payer deux dynâr par mois pour appoin-
terons. Ben Aboul-I-Reddâd mourut en l'an 266 de l'hégire [879 de l'ère Chré-
tienne]; et ses enfans héritèrent après lui de cette charge, qui n'étoit pas encore
sortie de sa famille en l'an 1)4° de ^re Chrétienne.
Le cheykh du Meqyâs actuellement existant prétend être encore un des
descendans d'Abou-l-Reddâd.
CHAPITRE III.
Formes avec lesquelles on constate et on proclame les Crues du Nil.
Comme les inondations du Nil produisent toutes les richesses de l'Egypte, les
Egyptiens les demandoient avec instance à leur dieu Sérapis, employant à cet
effet plusieurs cérémonies superstitieuses, et, entre autres, le sacrifice d'une jeune
fille qu'on noyoit tous les ans avec solennité dans le Nil. Ce sacrifice barbare '
eut lieu jusqu'au règne de Constantin , qui l'abrogea et défendit très-expressé-
ment de le renouveler.
Cependant il paroît que l'usage avoit prévalu contre les ordonnances impé-
riales, puisque A'mrou ben-A'âs trouva ce sacrifice rétabli à son arrivée en Egypte,
et qu'il fut obligé de l'abroger une seconde fois.
Les historiens Arabes nous ont conservé la mémoire de cet événement; et
c'est de leurs ouvrages que je vais en extraire les détails suivans.
Lorsque A'mrou vint au Kaire , après avoir conquis l'Egypte, le Nil étoit
resté sans croître pendant les mois de baouneh (2), d'abyb (3) et de mesry (4) ;
les habitans s'adressèrent à A'mrou, et lui représentèrent que le Nil ne pourrait avoir
son débordement ordinaire, s'ils n'exécutoient pas leur sacrifice accoutumé, qui
consistoit à prendre une fille vierge, à la parer de riches habits, et à la précipiter
dans le Nil. A'mrou empêcha cette cérémonie cruelle, en disant que l'islamisme
sy opposoit, et qu'il abrogeoit toute coutume religieuse établie avant lui. En même
temps il écrivit au khalyfe, qui approuva sa conduite et lui envoya un papier en
lui ordonnant de le jeter dans le fleuve ; ce papier contenoit les mots sui-
vans : « Le serviteur de Dieu, prince des fidèles, au Nil d'Egypte. Si c'est le Dieu
* unique et tout-puissant qui te fait croître, nous t'ordonnons, au nom de ce
» Dieu, de prendre ton accroissement accoutumé. » A'mrou exécuta l'ordre du
(1) A'bd-allah ben A'bdel-selâm, ben A'bd-allah ebti- (3) Le mois Sabyb o-uî, suivant les Arabes, ou plutôt
■Abou-l-Reddâd j ^| M] oy£ ^ -XJt jlxb. ^j «if <v-c Sepêp GïTHTT, est le onzième mois de l'année des
■^■ÎjLjI Qobtes; il commence le vingt-cinquième jour du mois
(2) Le mois de baouneh ^ , nommé aussi baouneh de juin, et correspond au mois de juillet.
^J^, tt baououneh *Jj_yJ,suivantrorthographe des Arabes, (4) Le mois de mesry ^y^ ou mechry «jj^u, suivant
niais dont le vrai nom est, dans le dialecte Memphitique 'es Arabes, mais dont le nom est, dans le dialecte Mem-
paôni n&UmS, et, dans le dialecte Thébaïque, paône phitique, mechùré Uç^OIpH, et, dans le dialecteThé-
■U&UIHE, est le dixième de l'année Qobte ; il corn- baïque , mesourê UECO*<pK, est le dernier mois de
mence* vingt-sixième jour du mois de mai, et correspond l'année Qobte ; il commence le vingt-cinquième jour du
mois de juin. m0;s <jc juillet, et correspond au mois d'août.
É. M. TOME II, 1.< partie. X
Abou-l-Reddâd (i), qu'il avoit fait venir de Baghdâd en Egypte. L'intendant
général des finances reçut ordre de lui payer deux dynâr par mois pour appoin-
terons. Ben Aboul-I-Reddâd mourut en l'an 266 de l'hégire [879 de l'ère Chré-
tienne]; et ses enfans héritèrent après lui de cette charge, qui n'étoit pas encore
sortie de sa famille en l'an 1)4° de ^re Chrétienne.
Le cheykh du Meqyâs actuellement existant prétend être encore un des
descendans d'Abou-l-Reddâd.
CHAPITRE III.
Formes avec lesquelles on constate et on proclame les Crues du Nil.
Comme les inondations du Nil produisent toutes les richesses de l'Egypte, les
Egyptiens les demandoient avec instance à leur dieu Sérapis, employant à cet
effet plusieurs cérémonies superstitieuses, et, entre autres, le sacrifice d'une jeune
fille qu'on noyoit tous les ans avec solennité dans le Nil. Ce sacrifice barbare '
eut lieu jusqu'au règne de Constantin , qui l'abrogea et défendit très-expressé-
ment de le renouveler.
Cependant il paroît que l'usage avoit prévalu contre les ordonnances impé-
riales, puisque A'mrou ben-A'âs trouva ce sacrifice rétabli à son arrivée en Egypte,
et qu'il fut obligé de l'abroger une seconde fois.
Les historiens Arabes nous ont conservé la mémoire de cet événement; et
c'est de leurs ouvrages que je vais en extraire les détails suivans.
Lorsque A'mrou vint au Kaire , après avoir conquis l'Egypte, le Nil étoit
resté sans croître pendant les mois de baouneh (2), d'abyb (3) et de mesry (4) ;
les habitans s'adressèrent à A'mrou, et lui représentèrent que le Nil ne pourrait avoir
son débordement ordinaire, s'ils n'exécutoient pas leur sacrifice accoutumé, qui
consistoit à prendre une fille vierge, à la parer de riches habits, et à la précipiter
dans le Nil. A'mrou empêcha cette cérémonie cruelle, en disant que l'islamisme
sy opposoit, et qu'il abrogeoit toute coutume religieuse établie avant lui. En même
temps il écrivit au khalyfe, qui approuva sa conduite et lui envoya un papier en
lui ordonnant de le jeter dans le fleuve ; ce papier contenoit les mots sui-
vans : « Le serviteur de Dieu, prince des fidèles, au Nil d'Egypte. Si c'est le Dieu
* unique et tout-puissant qui te fait croître, nous t'ordonnons, au nom de ce
» Dieu, de prendre ton accroissement accoutumé. » A'mrou exécuta l'ordre du
(1) A'bd-allah ben A'bdel-selâm, ben A'bd-allah ebti- (3) Le mois Sabyb o-uî, suivant les Arabes, ou plutôt
■Abou-l-Reddâd j ^| M] oy£ ^ -XJt jlxb. ^j «if <v-c Sepêp GïTHTT, est le onzième mois de l'année des
■^■ÎjLjI Qobtes; il commence le vingt-cinquième jour du mois
(2) Le mois de baouneh ^ , nommé aussi baouneh de juin, et correspond au mois de juillet.
^J^, tt baououneh *Jj_yJ,suivantrorthographe des Arabes, (4) Le mois de mesry ^y^ ou mechry «jj^u, suivant
niais dont le vrai nom est, dans le dialecte Memphitique 'es Arabes, mais dont le nom est, dans le dialecte Mem-
paôni n&UmS, et, dans le dialecte Thébaïque, paône phitique, mechùré Uç^OIpH, et, dans le dialecteThé-
■U&UIHE, est le dixième de l'année Qobte ; il corn- baïque , mesourê UECO*<pK, est le dernier mois de
mence* vingt-sixième jour du mois de mai, et correspond l'année Qobte ; il commence le vingt-cinquième jour du
mois de juin. m0;s <jc juillet, et correspond au mois d'août.
É. M. TOME II, 1.< partie. X