SECONDE SECTION.
Etat ancien de la ville d'Alexandrie sous l'empire des Grecs et des
Romains, et Comparaison de cet état avec ïétat moderne.
55- -La ville que le conquérant de l'Asie vint fonder en Egypte, et qu'il
appela de son nom, fut bâtie dans l'emplacement d'un bourg qui existoit long-
temps auparavant, et qui étoit situé sur les bords de la Méditerranée, près et en
race de l'île P/iaros. Ce bourg, que l'on nommoit Rhacotis (i), avoit un temple
dédié à Isis et à Sérapis ; il étoit habité par des pécheurs et des bergers qui
°ccupoient ce point d'un isthme étroit et resserré par les eaux de la Méditer-
ranée ou mer des Grecs, au nord, et par celles du lac Marea, au sud. Les
•Perses, et avant eux les Pharaons d'Egypte, l'avoient fortifié, ainsi que l'île
Pharos, pour les mettre à l'abri des incursions des Grecs; car les habitans de
cette bourgade et des environs, qui portoient le nom de Px^ot^, étoient en
etat de repousser les agressions de ces pirates qui infestoient leurs côtes. Strabon
dit à ce sujet : « Les premiers rois d'Egypte, contens de ce qu'ils possédoient, sen-
» tirent peu le besoin des choses du dehors : prévenus en outre contre tous les
» navigateurs, et sur-tout contre les Grecs, que l'exiguité de leur territoire portoit
« à chercher et piller ailleurs ce qu'ils ne trouvoient pas chez eux, ils placèrent en
» ce lieu une garde avec ordre d'en défendre l'abord aux étrangers. » Rhacotis ne
devoit pas être considérable à l'époque où Alexandre y apparut, puisque, plus
dun siècle avant, Hérodote, qui visita l'Egypte l'an 460 avant notre ère, ne fait
pas mention de cette bourgade dans son Histoire, quand il cite comme déjà
considérables alors les villes de Canope, au nord-est, de Marea et d'Ajiis, au sud.
Les auteurs Arabes (2) font remonter la fondation de cette bourgade au temps
de Mesraïm, arrière-petit-fils de Noé; d'autres, à un prince nommé Chedad, bien
antérieur au conquérant Macédonien. Munie de trois enceintes fortifiées, cette
yiHe auroit été ruinée et reconstruite à diverses époques, d'abord par les Ama-
nites, et Chedad n'auroit fait que la restaurer; ensuite par les Perses, sous la
conduite de Bakht-Nassar, le même prince d'Assyrie qui saccagea Memphis et
Sue l'Écriture nomme Nabuchodonosor (3).
Vers l'an 2356 après le déluge, 1684 ans avant la ruine du temple de
(') Rhacotis, suivant Strabon, liv. XVII, et Rakhoty, Maqryzy, écrivain Arabe très-renommé par sa géographie
savant l'orthographe Qobte. Jablonski, en parlant de ce historique de l'Egypte, a donné, dans l'édition qu'il a
Ie"> s'exprime ainsi : Nam Rakhotis, quœ postea nonnisi publiée à Paris, en i8or,du Voyage de Norden, tom. III,
Ur iurn Alexandrie fait, diù ante urbem hanc regiam ab page 157, des détails intéressans que nous avons con-
exandro erectam, illic sieterat, quod multi us;amur, et suites, et dont on trouvera quelques passages dans ce
™S tutelares Serapim ac Isim iiabuerat. ( Panth. yEgypt. Mémoire.
> pag. 231.) (3) Scaliger, De emendaûone temporum, édit. de 1629,
l2) Le savant orientaliste, M. Langlès, qui a traduit pag. 393.
Etat ancien de la ville d'Alexandrie sous l'empire des Grecs et des
Romains, et Comparaison de cet état avec ïétat moderne.
55- -La ville que le conquérant de l'Asie vint fonder en Egypte, et qu'il
appela de son nom, fut bâtie dans l'emplacement d'un bourg qui existoit long-
temps auparavant, et qui étoit situé sur les bords de la Méditerranée, près et en
race de l'île P/iaros. Ce bourg, que l'on nommoit Rhacotis (i), avoit un temple
dédié à Isis et à Sérapis ; il étoit habité par des pécheurs et des bergers qui
°ccupoient ce point d'un isthme étroit et resserré par les eaux de la Méditer-
ranée ou mer des Grecs, au nord, et par celles du lac Marea, au sud. Les
•Perses, et avant eux les Pharaons d'Egypte, l'avoient fortifié, ainsi que l'île
Pharos, pour les mettre à l'abri des incursions des Grecs; car les habitans de
cette bourgade et des environs, qui portoient le nom de Px^ot^, étoient en
etat de repousser les agressions de ces pirates qui infestoient leurs côtes. Strabon
dit à ce sujet : « Les premiers rois d'Egypte, contens de ce qu'ils possédoient, sen-
» tirent peu le besoin des choses du dehors : prévenus en outre contre tous les
» navigateurs, et sur-tout contre les Grecs, que l'exiguité de leur territoire portoit
« à chercher et piller ailleurs ce qu'ils ne trouvoient pas chez eux, ils placèrent en
» ce lieu une garde avec ordre d'en défendre l'abord aux étrangers. » Rhacotis ne
devoit pas être considérable à l'époque où Alexandre y apparut, puisque, plus
dun siècle avant, Hérodote, qui visita l'Egypte l'an 460 avant notre ère, ne fait
pas mention de cette bourgade dans son Histoire, quand il cite comme déjà
considérables alors les villes de Canope, au nord-est, de Marea et d'Ajiis, au sud.
Les auteurs Arabes (2) font remonter la fondation de cette bourgade au temps
de Mesraïm, arrière-petit-fils de Noé; d'autres, à un prince nommé Chedad, bien
antérieur au conquérant Macédonien. Munie de trois enceintes fortifiées, cette
yiHe auroit été ruinée et reconstruite à diverses époques, d'abord par les Ama-
nites, et Chedad n'auroit fait que la restaurer; ensuite par les Perses, sous la
conduite de Bakht-Nassar, le même prince d'Assyrie qui saccagea Memphis et
Sue l'Écriture nomme Nabuchodonosor (3).
Vers l'an 2356 après le déluge, 1684 ans avant la ruine du temple de
(') Rhacotis, suivant Strabon, liv. XVII, et Rakhoty, Maqryzy, écrivain Arabe très-renommé par sa géographie
savant l'orthographe Qobte. Jablonski, en parlant de ce historique de l'Egypte, a donné, dans l'édition qu'il a
Ie"> s'exprime ainsi : Nam Rakhotis, quœ postea nonnisi publiée à Paris, en i8or,du Voyage de Norden, tom. III,
Ur iurn Alexandrie fait, diù ante urbem hanc regiam ab page 157, des détails intéressans que nous avons con-
exandro erectam, illic sieterat, quod multi us;amur, et suites, et dont on trouvera quelques passages dans ce
™S tutelares Serapim ac Isim iiabuerat. ( Panth. yEgypt. Mémoire.
> pag. 231.) (3) Scaliger, De emendaûone temporum, édit. de 1629,
l2) Le savant orientaliste, M. Langlès, qui a traduit pag. 393.