2yO MÉMOIRE
L'an 723 de Rome et 30 avant J. C, Octave Auguste passe en Egypte; il
y poursuit Antoine et Cléopatre, et s'empare de cette ville, sous les murs de
laquelle il défit encore, et pour la dernière fois, son implacable ennemi.
En 269 et 27^ de notre ère, cette ville eut encore à soutenir deux longs et
malheureux sièges sous les empereurs Claude II et Aurclien.
L'an 298, l'empereur Dioclétien assiège et prend encore cette ville, qu'il
chercha néanmoins à relever de ses pertes.
L'an 615, les Perses s'emparent d'Alexandrie, et pénètrent dans l'Afrique par
la Pentapole.
L'an 20 de l'hégire, ou 642. de notre ère, le lieutenant du khalife O'mar, le
féroce A'mrou, après quatorze mois d'un siège et d'une défense également opi-
niâtres de part et d'autre, renverse de fond en comble cette malheureuse cité.
L'an ^62 de l'ère Mahométane, ou 1 167 de J. C, les Francs l'assiègent et
l'emportent. Le sultan Salah-el-dyn les en expulse l'année suivante.
L'an 1 202 de J. C, les Vénitiens s'emparent d'Alexandrie. Sous la domination
de cette république, alors puissante sur mer, cette ville reprit quelque éclat par
le commerce qu'elle fit par la mer Rouge et par la mer des Indes.
L'an 1250, pendant que Louis IX traitoit de son rachat avec le Soudan
d'Egypte, cette ville est de nouveau prise et saccagée par le roi de Chypre.
L'an 767 de l'hégire ou 1367 de J. C, les Francs l'envahissent de nouveau,
et la livrent au pillage.
Malgré tant de désastres, Alexandrie étoit encore florissante vers la fin du
xiv.e siècle, suivant le rapport d'Abou-1-fedâ, qui ia visita en 1383.
L'an 1517, le sultan Selym s'empare de cette ville sur les soudans, qui s'étoient
déclarés indépendans de la Porte Ottomane. C'est de cette époque que datent
ies plus grands changemens qui ont amené la décadence et la destruction totale
de cette ville.
Le i4 messidor an 6 de la république Française [2 juin 1798], et 12 13 de
l'hégire, les Français s'emparèrent de nouveau d'Alexandrie, sous la conduite
de Buonaparte. A peine débarqué sur les côtes d'Afrique, ce général n'eut qu'à
se présenter pour l'emporter d'assaut. La postérité aura peine à croire que trois
heures aient suffi à trois mille Français pour forcer et prendre cette place, que
la Porte Ottomane regardoit comme le boulevart de son empire en Afrique.
Mais, en avouant ici que les murs de l'enceinte de cette ville ne conservoient plus
depuis long-temps que l'ombre de leur ancienne force, je rappellerai que, vingt-
deux jours auparavant, la cité d'une île jadis fameuse, réputée imprenable, et vrai-
ment imposante par l'état de ses fortifications, Malte, en un mot, n'avoit tenu
qu'une journée contre l'attaque imprévue d'une armée navale que la présence de
son chef rendoit triomphante. Maître de cette première place, la clef de l'Egypte
à l'ouest, le vainqueur, après quelques jours employés à des dispositions militaires,
la quitte pour achever sa conquête. L'une de ces dispositions ordonnoit aux
divers corps des ingénieurs de l'armée de reconnoître et de lever le plan de la
ville. On eût dit que, plein du génie du héros qui la fonda en lui donnant
L'an 723 de Rome et 30 avant J. C, Octave Auguste passe en Egypte; il
y poursuit Antoine et Cléopatre, et s'empare de cette ville, sous les murs de
laquelle il défit encore, et pour la dernière fois, son implacable ennemi.
En 269 et 27^ de notre ère, cette ville eut encore à soutenir deux longs et
malheureux sièges sous les empereurs Claude II et Aurclien.
L'an 298, l'empereur Dioclétien assiège et prend encore cette ville, qu'il
chercha néanmoins à relever de ses pertes.
L'an 615, les Perses s'emparent d'Alexandrie, et pénètrent dans l'Afrique par
la Pentapole.
L'an 20 de l'hégire, ou 642. de notre ère, le lieutenant du khalife O'mar, le
féroce A'mrou, après quatorze mois d'un siège et d'une défense également opi-
niâtres de part et d'autre, renverse de fond en comble cette malheureuse cité.
L'an ^62 de l'ère Mahométane, ou 1 167 de J. C, les Francs l'assiègent et
l'emportent. Le sultan Salah-el-dyn les en expulse l'année suivante.
L'an 1 202 de J. C, les Vénitiens s'emparent d'Alexandrie. Sous la domination
de cette république, alors puissante sur mer, cette ville reprit quelque éclat par
le commerce qu'elle fit par la mer Rouge et par la mer des Indes.
L'an 1250, pendant que Louis IX traitoit de son rachat avec le Soudan
d'Egypte, cette ville est de nouveau prise et saccagée par le roi de Chypre.
L'an 767 de l'hégire ou 1367 de J. C, les Francs l'envahissent de nouveau,
et la livrent au pillage.
Malgré tant de désastres, Alexandrie étoit encore florissante vers la fin du
xiv.e siècle, suivant le rapport d'Abou-1-fedâ, qui ia visita en 1383.
L'an 1517, le sultan Selym s'empare de cette ville sur les soudans, qui s'étoient
déclarés indépendans de la Porte Ottomane. C'est de cette époque que datent
ies plus grands changemens qui ont amené la décadence et la destruction totale
de cette ville.
Le i4 messidor an 6 de la république Française [2 juin 1798], et 12 13 de
l'hégire, les Français s'emparèrent de nouveau d'Alexandrie, sous la conduite
de Buonaparte. A peine débarqué sur les côtes d'Afrique, ce général n'eut qu'à
se présenter pour l'emporter d'assaut. La postérité aura peine à croire que trois
heures aient suffi à trois mille Français pour forcer et prendre cette place, que
la Porte Ottomane regardoit comme le boulevart de son empire en Afrique.
Mais, en avouant ici que les murs de l'enceinte de cette ville ne conservoient plus
depuis long-temps que l'ombre de leur ancienne force, je rappellerai que, vingt-
deux jours auparavant, la cité d'une île jadis fameuse, réputée imprenable, et vrai-
ment imposante par l'état de ses fortifications, Malte, en un mot, n'avoit tenu
qu'une journée contre l'attaque imprévue d'une armée navale que la présence de
son chef rendoit triomphante. Maître de cette première place, la clef de l'Egypte
à l'ouest, le vainqueur, après quelques jours employés à des dispositions militaires,
la quitte pour achever sa conquête. L'une de ces dispositions ordonnoit aux
divers corps des ingénieurs de l'armée de reconnoître et de lever le plan de la
ville. On eût dit que, plein du génie du héros qui la fonda en lui donnant