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Jomard, Edme François [Hrsg.]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 4,1,2,2: Texte 2,2): Etat moderne — Paris, 1822

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https://doi.org/10.11588/diglit.4818#0338

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334 NOTICE

d'eau suffisante, on ne jugea point à propos de faire entrer l'aviso dans je fleuve :
on nous fît donc passer sur une chaloupe canonnière qui n'avoit qu'un tirant
d'eau peu considérable. La mer étant très-agitée, notre changement de bâtiment
ne se fit qu'avec une difficulté extrême, et nous montâmes sur la chaloupe en
maudissant la mer et le voyage. A trois quarts de lieue environ de l'embouchure
du Nil, les eaux ont une couleur verte très-prononcée, et l'on aperçoit même
distinctement Ja ligne de démarcation entre le vert et la couleur bleue de la mer,
A mesure que l'on approche davantage du boghâz, la teinte verte se change en
une teinte jaune, due à la couleur des sables que le Nil dépose à son embouchure,
et aussi au limon suspendu dans les eaux du fleuve. Le passage du boghâz offre un
spectacle vraiment effrayant lorsque la mer est agitée : les dunes de sable qui
bordent le débouché du fleuve, sont aussi mobiles que les vagues elles-mêmes;
et ce n'est qu'avec un pilote très - expérimenté que l'on peut alors espérer
d'échapper au naufrage. Nous en avions heureusement un fort habile, qui nous
tira très-adroitement des périls dont nous étions, pour ainsi dire, environnés de
toutes parts. Lorsque nous fûmes entrés dans le fleuve, il manifesta la joie la
plus vive, et tous les passagers lui témoignèrent, en lui donnant quelques pièces
de monnoie, combien ils apprécioient son adresse et son habileté.

Nous avions déjà laissé loin derrière nous les tempêtes et la mer agitée; nous
n'entendions plus le bruit des vagues qui venoient se briser sourdement contre
les bancs de sable et le rivage : nous jouissions du calme le plus profond; nous
parcourions des yeux avec un charme inexprimable les bords si vantés du Nil, et
nous ne trouvions rien d'exagéré dans les récits des yoyageurs qui nous avoient
précédés. Le vent donnoit en plein dans nos voiles, et nous avancions rapidement
vers la ville de Rosette, le but le plus prochain de notre voyage. Nous eûmes
bientôt dépassé les débris d'un vieux fort abandonné, qui servoit autrefois à garder
l'entrée du Nil, et qui, plus tard, réparé ( i ) et occupé par des invalides Français,
devoit faire une défense héroïque (2). Nous laissâmes à gauche une île assez
grande, couverte de verdure et offrant la plus belle végétation. Nous avions à
notre droite des forêts de palmiers qui nous paroissoient d'un vert éclatant; les
rives du fleuve étant peu élevées, notre vue pouvoit s'étendre au loin sur des
campagnes riches et fertiles : nous apercevions çà et là des hameaux pittoresques,
formés de quelques maisons de brique et de cabanes de roseaux ; des habitations
isolées, des minarets élégans, et des santons ou tombeaux de saints musulmans,
autour desquels se groupoient agréablement quelques bouquets de palmiers. Du

(') VVye^Iavue de ce fort, É. M. vol. J,pl. 81. lis ne se doutoient point qu'ils eussent eu affaire à une

(2) Le 19 germinal an 9 [9 avril 1801], le fort Julien, troupe de gens mutilés et aveugles,
ainsi appelé par les Français du nom d'un adjudant gé- Nous devons rappeler ici que c'est en faisant des fouille5

néral tué au débarquement d'Alexandrie, fut attaqué par pour la réparation de ce fort que M. Bouchard, offiàe(

les Anglais. II fit une vigoureuse résistance, et soutint un du génie, trouva la fameuse pierre dé Rosette, le monU'

siège de dix jours, malgré le feu continu d'une artillerie ment le plus précieux qui ait été offert depuis Iong-te^F

ennemie considérable. La garnison dut enfin céder. Elle à la sagacité des savans de l'Europe. Les trois inscript10^

capitula le 29, et obtint tous les honneurs de la guerre. qui existent sur cette stèle Égyptienne, sont gràvee

Les Anglais, ne voyant défiler que des malades et des in- planches 52, jj, $4., A. vol. V-
valides, demandoient quand la garnison sortiroit enfin.
 
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