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Jomard, Edme François [Editor]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 4,1,2,2: Texte 2,2): Etat moderne — Paris, 1822

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https://doi.org/10.11588/diglit.4818#0360

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2$6 NOTICE

tous les habitans ailés des bois. Pourquoi le serpent ne seroit-il pas aussi attiré par
certaines inflexions de ia voix de l'homme, et n'y céderoit-il pas !

Quant à la présence des serpens, elle peut être certainement indiquée aux
Ophiogènes par l'odorat; car il résulte des faits observés par les naturalistes, que
ces animaux sont enveloppés d'une atmosphère musquée qui doit certainement
annoncer leur présence à un odorat un peu exercé.

Les procédés employés par les Ophiogènes pour garantir de la morsure des
serpens et des piqûres des scorpions sont précédés et suivis de pratiques mystér
rieuses, qui ne manquent pas d'éblouir la multitude facile à tromper; ils consistent
à mettre dans un vase un peu d'eau, à laquelle on ajoute de l'huile et du sucre :
les Ophiogènes s'efforcent d'opérer la combinaison du mélange, ils récitent des
prières et finissent par cracher dans la préparation qu'ils viennent de faire; ils
font avaler cette potion à celui qui demande à être garanti de la morsure des
reptiles : ils suspendent ensuite à ses oreilles deux énormes serpens qui s'y
accrochent avec les dents, et qu'ils y laissent pendant un quart d'heure. L'opéra-
tion est alors terminée, et le patient paie de sa bourse les services signalés qu'on
vient de lui rendre : il s'en va, persuadé qu'il sera garanti pour l'avenir des mor-
sures cfes serpens.

Ceux qui ont été soumis à toutes ces épreuves du charlatanisme, sont-ils effecti-
vement inattaquables aux morsures des serpens î c'est ce qu'assurément aucun
homme sensé ne sera tenté de croire; mais ils ont obtenu ce résultat, que le sen-
timent de la crainte des reptiles est considérablement affoibli chez eux. Fami-
liarisés, pour ainsi dire, avec ces animaux, ils osent par la suite en approcher
plus volontiers ; ne les craignant plus, ils les abordent avec une sorte de franchise
qui n'annonce de leur part aucun mauvais dessein, et c'est une raison pour qu'en
effet ces reptiles ne leur fassent point de mal ; car il est bien reconnu que beau-
coup d'animaux ne font de mal aux hommes que lorsqu'en les abordant avec trop
de précaution, on les fait croire à des intentions hostiles. Comment, en effet,
pourroit-on expliquer que des hommes pussent, ainsi qu'il arrive aux Ophiogènes,
porter dans leurs yêtemens et sur leur sein même divers reptiles, et les choisi*"
entre tous, sans le moindre accident; placer des scorpions sous les tarbouch ou
calottes rouges dont leur tête est couverte, sans en être piqués! C'est cependant cç
que l'on voit dans toutes les villes de l'Egypte. C'est en vain que l'on voudrotf
expliquer ces espèces de phénomènes par la supposition que l'on a cassé les dentS
des serpens et coupé les pinces des scorpions. Nous avons été à portée de vérifia
qu'on ne fait subir à ces animaux aucune mutilation ; et il nous a été assuré par d^s
personnes dignes de foi que ces mêmes animaux qui respectent tant les initieS?
avoient souvent causé à d'autres personnes des accidens fâcheux.

S.

VII.
 
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