Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Journal de la marbrerie et de l'art décoratif: bimensuel — 1.1903-1904 (Nr. 1-28)

DOI Heft:
Nr. 4 (16 Décembre 1903)
DOI Artikel:
La carrière de marbre "Saint-Remy"
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.17192#0038

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
27

bleu Saint-Remy devint quelque temps après
la propriété de Napoléon I, moyennant
15,000 francs. Cet autel, avec quelques autres
ouvrages confectionnés par les moines, en
Saint-Remy massif, valaient à eux seuls le
quintuple du prix d'achat de l'ensemble.

D'ailleurs, à l'encontre des peuples heureux,
l'autel eut une histoire.

Racheté par l'Empereur, il fut démonté
partiellement, et d'une moitié, le nouveau
propriétaire fit construire l'autel qu'il offrit à
la cathédrale de Maastricht, pays nouvelle-
ment conquis et dont les bonnes grâces étaient
à obtenir. L'autre moitié servit dans divers
travaux, en France et en Belgique. L'outillage
marbrier commençait à
être perfectionné à cette
époque et des épaisseurs
massives qui formaient
l'autel primitif, on retira
des épaisseurs pratiques.

Il y a quelques années,
le chapitre de la cathé-
drale de Maastricht
trouva que son autel était
peu en rapport, comme
style, avec l'ensemble de
l'édifice. Il le vendit pour
If remplacer par un autel
gothique en marbre noir.

11 servit alors, pour la
moitié, à construire l'au-
tel d'un couvent de fran-
ciscains, à Londres, et
l'autre moitié, c'est-à-dire le quart de l'autel
primitif de l'abbaye de Saint-Remy, fut
vendue à divers marbriers qui en tirent même
des cheminées monumentales dont l'une était
exposée à Bruxelles, au Grand Concours de
1888. La carrière a passé dans les mains de
nombreux propriétaires avant d'être possédée
par la Société actuelle qui l'exploite depuis
près de quarante ans avec un succès et un
profit jamais contrariés.

Le bleu Saint-Remy, rare actuellement,
orne d'ailleurs la plupart des édifices anciens.
De beaux échantillons se trouvent encore à
l'église Saint-Loup et à la cathédrale Saint-
Aubin àNamur. Le jubé de cette dernière est

construit dans les trois espèces de marbre
que produit la carrière : bleu Saint-Remy,
griotte et royal.

Les autels des églises de Tongres et de
Tournai, les plus anciens du pays, sont encore
en Saint-Remy, de même que celui de l'église
de Saint-Hubert, célèbre par ses pèlerinages.

Le bleu, particulièrement, est imité dans pas
mal de travaux en simili-marbre, mais la copie
n'atteint jamais la vie de l'original et il est im-
possible d'en rendre les merveilleuses tonalités.

Ce veinage blanc laiteux, bleu opalin, sur
fond discrètement rouge : vif, capricieux,
serré, n'est comparable à aucun autre. Il est
baigné de lumière, de ces teintes dont l'har-

monie «chante à l'œil» suivant la pittoresque
■expression du maître Staquet. C'est la vie
dans la nature morte, reposante, attirante
comme la flamme d'un foyer ouvert.

Mais, si le bleu Saint-Remy se raréfie, cette
carrière, vraiment exceptionnelle par l'inten-
sité de sa production, donne aussi la griotte
du plus beau rouge parcouru d'un fleurage
blanc et bleuté, marbre encore d'une valeur
sans égale en comparaison des autres rouges
griotte, généralement d'un brun terne que le
meilleur poli ne parvient pas à aviver. De
plus, le Saint-Remy est veiné, ce qui le rend
infiniment plus beau que les marbres à petits
nuages réguliers.
 
Annotationen