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Revue archéologique — 8.1863

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https://doi.org/10.11588/diglit.22428#0193

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BIBLIOGRAPHIE

Némésis et la jalousie des Dieux, par Ed. Tournier, ancien élève de l’École

normale. Paris, 1863, in-8°.

M. Ed. Tournier appartient à cette phalange, déjà assez nombreuse, de
jeunes professeurs qui ont pris les religions antiques pour sujet de leurs
études. Il a consacré tout un livre, destiné à servir de thèse pour le docto-
rat, à l’examen d’une question qui tient à la fois à l’histoire de la mytho-
logie et à celle de la philosophie dans l’antiquité, celle de la doctrine que
résume et personnifie le nom de Némésis. L’homme a souvent prêté à la
divinité un sentiment de jalousie à son égard. On en a la preuve dans
la fable de Prométhée. Mais M. Tournier constate qu’il faut remonter
jusque chez les Aryas pour en saisir la première apparition, car, ainsi
qu’il le remarque, cette idée semble contemporaine des premières plaintes
de l’homme, en lutte avec un sol ingrat et un ciel inclément. M. Tournier
suit attentivement, les auteurs à la main, les destinées de la Jalousie des
dieux dans l’antiquité. Elle ne s’v montre d’abord que comme une plante
exotique, mais elle finit pas s’y naturaliser. Elle trouve alors des contra-
dicteurs chez les écrivains les plus fidèles à la tradition nationale des Hel-
lènes. Eschyle, Pindare n’y adhèrent que sauf exceptions et réserves. La
vie générale du peuple grec n’en reçoit aucun contre-coup sensible. Le
culte n’emprunte point aux poètes cette jalousie divinisée. La philosophie
en combat la conception, sans la pouvoir détruire, et elle dure autant que
l’anthropomorphisme. Il ne faut pas confondre cette idée avec l’idée de
Némésis proprement dite, que l’auteur va chercher dans l’art, dans la lit-
térature, dans la vie privée des Grecs, comme il la cherche dans leur
mythologie. Cette Némésis, elle est toute hellénique de caractère; elle se
montre dès les premiers monuments de l’âge épique; elle donne naissance
à un culte; la philosophie la respecte et Rome l’adopte sans savoir lui
trouver un nom. C’est cette opposition entre la Jalousie divine et la Némé-
sis, sentiment de la désapprobation à tous les degrés, depuis l’indignation
jusqu’au murmure, que M. Tournier fait surtout ressortir.

Son livre, composé avec soin, est une monographie étendue, d’un inté-
rêt véritable, et qui ajoute une page des plus importantes à l’histoire de la
religion hellénique. Nous eussions aimé voir l’auteur associer à sa riche
connaissance des textes les témoignages que lui aurait fournis l’étude des
monuments. On ne saurait séparer dans l’antiquité les croyances de leurs
représentations plastiques. L’art était le vrai langage des Grecs et leurs
chefs-d’œuvre sont des commentaires dont la pensée, même purement
philosophique, ne peut se passer; sur tout le reste, le savant professeur
 
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