Revue archéologique (8.1863)

UNE DÉCOUVERTE A ATHÈNES

LE TOMBEAU D’AGATHON

PRÈS DE LA PORTE DIPYLE

A la sortie d’Athènes, vers l’endroit où la rue d’Hermès, en se
prolongeant, donne naissance à deux routes, dont l’une mène au
Pirée, tandis que l’autre conduit à Eleusis^ s’élève une colline sur-
montée d’une église grecque consacrée à la Trinité et appelée dans
la langue du pays Haghia Triadha. Cet emplacement est celui de
l’ancienne porte Dipyle, ainsi nommée parce qu’elle était placée à la
rencontre des deux voies antiques, la voie Piraïque et la voie sacrée
d’Éleusis.

Le tertre qui supporte l’église d’Haghia Triadha n’avait jamais été
fouillé. Protégé par la présence de l’édifice sacré, il avait jusqu’à
présent dérobé à tous les yeux les trésors archéologiques qu’il rece-
lait dans son sein et qu’un coup de pioche heureux vient de mettre
à découvert. Sous cet amas de terres éboulées, trois monuments an-
tiques ont apparu aux regards des Athéniens surpris et charmés. De-
puis huit jouis, la foule afflue en cet endroit; la curiosité est de-
meurée, en Grèce, un des traits impérissables du génie national.

Ces monuments, placés sur une seule ligne, sont en place, pres-
que intacts encore, et marquent sans doute la direction précise de
l’ancienne voie sacrée. Ce sont trois tombeaux, appartenant à une
même famille. Tous trois sont intéressants pour l’histoire de Part, et
leur position peut devenir une indication utile pour la future topo-
graphie d’Athènes. Il ne faut donc pas regretter les circonstances
qui, anciennement déjà, ont enseveli sous des flots de sable et de
poussière ces restes précieux, puisque c’est là sans doute ce qui les
a préservés de l’action du temps et des outrages des hommes.