UN K
DE GORTYNE
Dans le premier voyage que je lis en Grêle, à l’automne de 1857,
avec mon collègue M. Georges Perrot, nous découvrîmes, en visitant
l’emplacement des ruines de Gortyne, encastrée dans le mur d’un
moulin, une inscription qui nous frappa tout d’abord par son aspect
très-archaïque, et par l’étrangeté des caractères qui paraissaient en
composer l’alphabet. J’en pris une copie aussi exacte que possible,
et, de retour à Athènes, l’étude que je m’empressai de faire de ce
texte épigraphique me convainquit bientôt que nous avions rencontré
là un des plus anciens monuments de l’une des langues classiques,
un document d’un haut intérêt pour la paléographie et la philologie
grecques. Je me résolus alors à ne rien épargner pour arracher à
toutes les chances de destruction qui le menaçaient ce curieux et
authentique débris d'un passé si reculé, et à faire tout ce qui dépen-
drait de moi pour en enrichir nos collections. Je me préparais à un
second voyage en Crète quand y éclata une révolte des Grecs dirigée
contre le gouverneur général Véli-Pacha, révolte qu’avait pu nous faire
prévoir, dès l’année précédente, le mécontentement qui partout se
faisait jour dans le langage des habitants. Quelle que pût être mon
opinion personnelle sur les actes du pacha et sur les griefs des chré-
tiens, ce ne fut pas sans un vif chagrin que je vis commencer des
troubles qui pouvaient rendre impossible pour longtemps tout voyage
dans 1 intérieur de l’îie, et m’enlever les moyens de me rendre posses-
seur du trésor que je convoitais, pour le conduire, à travers la chaîne
30
vin»
DE GORTYNE
Dans le premier voyage que je lis en Grêle, à l’automne de 1857,
avec mon collègue M. Georges Perrot, nous découvrîmes, en visitant
l’emplacement des ruines de Gortyne, encastrée dans le mur d’un
moulin, une inscription qui nous frappa tout d’abord par son aspect
très-archaïque, et par l’étrangeté des caractères qui paraissaient en
composer l’alphabet. J’en pris une copie aussi exacte que possible,
et, de retour à Athènes, l’étude que je m’empressai de faire de ce
texte épigraphique me convainquit bientôt que nous avions rencontré
là un des plus anciens monuments de l’une des langues classiques,
un document d’un haut intérêt pour la paléographie et la philologie
grecques. Je me résolus alors à ne rien épargner pour arracher à
toutes les chances de destruction qui le menaçaient ce curieux et
authentique débris d'un passé si reculé, et à faire tout ce qui dépen-
drait de moi pour en enrichir nos collections. Je me préparais à un
second voyage en Crète quand y éclata une révolte des Grecs dirigée
contre le gouverneur général Véli-Pacha, révolte qu’avait pu nous faire
prévoir, dès l’année précédente, le mécontentement qui partout se
faisait jour dans le langage des habitants. Quelle que pût être mon
opinion personnelle sur les actes du pacha et sur les griefs des chré-
tiens, ce ne fut pas sans un vif chagrin que je vis commencer des
troubles qui pouvaient rendre impossible pour longtemps tout voyage
dans 1 intérieur de l’îie, et m’enlever les moyens de me rendre posses-
seur du trésor que je convoitais, pour le conduire, à travers la chaîne
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