LES MARQUES DE FABRIQUE.
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donc le même fait dans les fioles en verre dont nous avons traité.
Elles aussi paraissent provenir d’une fabrication italienne, et en tout
cas c’est le commerce auquel elles doivent leur grande divulgation.
Reste à rechercher la cause de celte divulgation. Est-ce que ces fioles
faisaient un article du commerce ancien comme simple produit des
usines de verrerie? ou les transportait-on si loin de leurs fabriques
à cause des liquides qu’elles contenaient? Deux raisons me font in-
cliner pour cette dernière explication. D’abord il est sûr que des
fabriques de verrerie étaient établies aussi bien dans les provinces
qu’en Italie; les exemples allégués plus haut le prouvent au moins
pour la Phénicie et pour la Gaule. Ces fabriques pouvaient donc bien
faire la concurrence à celles d’Italie aussi pour les fioles dont nous
venons de parler, car la forme n’en est nullement si extraordinaire
qu’elle puisse être regardée comme un obstacle pour une production
abondante. De plus, l’usage de les déposer dans les tombeaux et dans
les sarcophages mêmes à côté des morts, nous induit à les regarder
comme un des accessoires des sépultures romaines d’un certain
temps, et sans doute elles n’ont pu être cela que par leur contenu. Il
faut donc croire qu’elles renfermaient des onguents et des parfums,
et de fait on l’a trouvé ainsi dans l’exemplaire que j’ai enregistré
sous le n° VII. Je ne m’étends pas ici plus longuement sur la fabri-
cation et sur l’emploi sépulcral des parfums, M. Gonestabile en a
traité ex professo dans son article souvent cité de cette Revue. Aussi
je ne pose pas la question si les marques de ces fioles que j’ai énu-
mérées appartiennent aux verriers ou aux parfumeurs, ou si ces deux
métiers étaient réunis dans les mêmes personnes, car cette question
me paraît parfaitement inutile. Mais d’après les dates que j’ai réu-
nies, on comprendra mieux pourquoi ces fioles se trouvent disper-
sées sur un si large territoire. Elles nous révèlent des traces de cette
influence non-seulement civilisatrice, mais aussi amollissante, que la
capitale du monde ancien exerçait jusque dans les plus lointaines de
ses provinces.
Je finis ici mon travail, quoique je sache qu’il soit très-incomplet.
J’ai touché seulement le côté sur lequel les monuments mêmes dont
j’ai traité me donnaient des indications, sans le mettre en rapport
avec les notices que l’on trouve là-dessus dispersées dans les auteurs
anciens et dans les inscriptions. J’ai voulu montrer, en traitant d’une
petite série d’antiquités presque oubliées, dont nous devons la con-
servation plutôt au hasard qu’à la surveillance scientifique des ar-
chéologues et des chercheurs des trésors antiques, quel intérêt se
rattache à elles aussitôt qu’on les met en rapport avec l’histoire de
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donc le même fait dans les fioles en verre dont nous avons traité.
Elles aussi paraissent provenir d’une fabrication italienne, et en tout
cas c’est le commerce auquel elles doivent leur grande divulgation.
Reste à rechercher la cause de celte divulgation. Est-ce que ces fioles
faisaient un article du commerce ancien comme simple produit des
usines de verrerie? ou les transportait-on si loin de leurs fabriques
à cause des liquides qu’elles contenaient? Deux raisons me font in-
cliner pour cette dernière explication. D’abord il est sûr que des
fabriques de verrerie étaient établies aussi bien dans les provinces
qu’en Italie; les exemples allégués plus haut le prouvent au moins
pour la Phénicie et pour la Gaule. Ces fabriques pouvaient donc bien
faire la concurrence à celles d’Italie aussi pour les fioles dont nous
venons de parler, car la forme n’en est nullement si extraordinaire
qu’elle puisse être regardée comme un obstacle pour une production
abondante. De plus, l’usage de les déposer dans les tombeaux et dans
les sarcophages mêmes à côté des morts, nous induit à les regarder
comme un des accessoires des sépultures romaines d’un certain
temps, et sans doute elles n’ont pu être cela que par leur contenu. Il
faut donc croire qu’elles renfermaient des onguents et des parfums,
et de fait on l’a trouvé ainsi dans l’exemplaire que j’ai enregistré
sous le n° VII. Je ne m’étends pas ici plus longuement sur la fabri-
cation et sur l’emploi sépulcral des parfums, M. Gonestabile en a
traité ex professo dans son article souvent cité de cette Revue. Aussi
je ne pose pas la question si les marques de ces fioles que j’ai énu-
mérées appartiennent aux verriers ou aux parfumeurs, ou si ces deux
métiers étaient réunis dans les mêmes personnes, car cette question
me paraît parfaitement inutile. Mais d’après les dates que j’ai réu-
nies, on comprendra mieux pourquoi ces fioles se trouvent disper-
sées sur un si large territoire. Elles nous révèlent des traces de cette
influence non-seulement civilisatrice, mais aussi amollissante, que la
capitale du monde ancien exerçait jusque dans les plus lointaines de
ses provinces.
Je finis ici mon travail, quoique je sache qu’il soit très-incomplet.
J’ai touché seulement le côté sur lequel les monuments mêmes dont
j’ai traité me donnaient des indications, sans le mettre en rapport
avec les notices que l’on trouve là-dessus dispersées dans les auteurs
anciens et dans les inscriptions. J’ai voulu montrer, en traitant d’une
petite série d’antiquités presque oubliées, dont nous devons la con-
servation plutôt au hasard qu’à la surveillance scientifique des ar-
chéologues et des chercheurs des trésors antiques, quel intérêt se
rattache à elles aussitôt qu’on les met en rapport avec l’histoire de