252 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
eux les anciens fragments que de les ajuster avec goût; leur bar-
barie est partout mise en relief par la comparaison qu’ils nous ont
eux-mêmes préparée, et ils sont condamnés par les reliques pré-
cieuses qu’ils ont grossièrement enchâssées.
Ce monument est une leçon profonde dont nous devons nous
pénétrer : cette ruine doit nous rappeler que l’art, qui a besoin pour
vivre de copier le passé et d’en recueillir les fragments, est un art
qui tombe; que l’art véritable, l’art vivant, doit avoir sa vie propre
et sa muse à lui, qu’il doit être l’héritier et non pas l’esclave de ses
devanciers. Nous nous demanderons peut-être alors, en reportant nos
réflexions sur nous-mêmes, si nous n’inclinons pas déjà sur les
pentes de la décadence, lorsque dans l’incertitude de nos convictions
nous arrachons des lambeaux à tous les styles, depuis Périclès jusqu’à
Louis XYI, pour en parer des œuvres sans beauté originale et sans
caractère!
Georges Rohault de Fleury.
eux les anciens fragments que de les ajuster avec goût; leur bar-
barie est partout mise en relief par la comparaison qu’ils nous ont
eux-mêmes préparée, et ils sont condamnés par les reliques pré-
cieuses qu’ils ont grossièrement enchâssées.
Ce monument est une leçon profonde dont nous devons nous
pénétrer : cette ruine doit nous rappeler que l’art, qui a besoin pour
vivre de copier le passé et d’en recueillir les fragments, est un art
qui tombe; que l’art véritable, l’art vivant, doit avoir sa vie propre
et sa muse à lui, qu’il doit être l’héritier et non pas l’esclave de ses
devanciers. Nous nous demanderons peut-être alors, en reportant nos
réflexions sur nous-mêmes, si nous n’inclinons pas déjà sur les
pentes de la décadence, lorsque dans l’incertitude de nos convictions
nous arrachons des lambeaux à tous les styles, depuis Périclès jusqu’à
Louis XYI, pour en parer des œuvres sans beauté originale et sans
caractère!
Georges Rohault de Fleury.