298 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
quillé, à la tète de son armée, le pays des Séquanes et s’était rendu
sur la Marne, ad fines Belgarum pervenit (chap. 2). Campé à Châlons,
peut-être à Epernay, il traita avec les Rèmes, sur le territoire des-
quels il paraît n’avoir voulu pénétrer que quand il se fut bien assuré
leur alliance, pour n’avoir pas un ami douteux sur ses derrières pen-
dant qu’il ferait tête à l’armée belge. Nous pouvons présumer qu’il
s’avança aussitôt après dans le pays rémois, et que, pour être à por-
tée d’agir dès que l’ennemi se présenterait, soit sur l’Aisne soit sur la
frontière des Sucssions, il vint se placer dans l’angle des deux lignes
de défense, sur les coteaux entre Fismes et Beaurieux. De là encore
il pouvait lancer jusque vers Soissons et Laon ses coureurs ou des
espions du pays, et surveiller ainsi tous les préparatifs des Belges.
C’est seulement lorsqu’il les sut en pleine marche vers lui qu’il fit
l’opération, en apparence téméraire au point de vue de nos règles
d’école, de passer l’Aisne et de s’établir du côté où ils arrivaient,
Postquam omnes Belgarum copias in unum locum coactas ad se vendre
vidit neque jam longe abesse ab iis, quos miserat, exploratoribus et
ab Remis cognovit, Êumen Axonam, quod est in extremis Remorim
finibus, exercilumtraducere maturavit atqueibi castra posait (ch. 5).
Ce texte est décisif contre l’hypothèse de M. de Goëler. Si l’armée
belge fût partie de Soissons, elle n’aurait pas pris par la rive nord
de l’Aisne pour aller attaquer César qui était encore campé au sud de
cette rivière; elle ne l’aurait même pas fait dans le cas où César eût
déjà occupé son camp de l’Aisne, car, en marchant par la rive sud,
elle forçait ipso facto les Romains à quitter cette importante position.
Lorsqu’il place à Soissons le point de concentration des forces belges,
le savant officier badois paraît céder à la considération de l’influence
acquise par le roi des Suessions Galba comme général en chef des
forces belges. Mais il semble que cette influence aurait dû plutôt
s’exercer en sens contraire, les Suessions ne pouvant pas être jaloux
d’attirer chez eux une masse d’étrangers dont ils n’avaient à attendre
que des dégâts. Les véritables données de la question sont, d’ailleurs,
les positions géographiques des divers peuples coalisés, les forces
comparées de leurs contingents et le but vers lequel ils devaient ten-
dre, c’est-à-dire le territoire rémois. Tout calcul fait à cet égard, je
propose de placer le point de rassemblement à La Fère, et je crois être
en cela d’autant plus dans le vrai que ce point s’accorde parfaitement,
comme on va le voir, avec tous les détails du récit de César. Nous sa-
vons déjà, par le texte ci-dessus rapporté, que le général romain se
décida à passer l'Aisne quand il apprit que l’armée belge avait été vue
de ses coureurs les plus avancés, ainsi que des Rèmes. Ceux-ci, qui
quillé, à la tète de son armée, le pays des Séquanes et s’était rendu
sur la Marne, ad fines Belgarum pervenit (chap. 2). Campé à Châlons,
peut-être à Epernay, il traita avec les Rèmes, sur le territoire des-
quels il paraît n’avoir voulu pénétrer que quand il se fut bien assuré
leur alliance, pour n’avoir pas un ami douteux sur ses derrières pen-
dant qu’il ferait tête à l’armée belge. Nous pouvons présumer qu’il
s’avança aussitôt après dans le pays rémois, et que, pour être à por-
tée d’agir dès que l’ennemi se présenterait, soit sur l’Aisne soit sur la
frontière des Sucssions, il vint se placer dans l’angle des deux lignes
de défense, sur les coteaux entre Fismes et Beaurieux. De là encore
il pouvait lancer jusque vers Soissons et Laon ses coureurs ou des
espions du pays, et surveiller ainsi tous les préparatifs des Belges.
C’est seulement lorsqu’il les sut en pleine marche vers lui qu’il fit
l’opération, en apparence téméraire au point de vue de nos règles
d’école, de passer l’Aisne et de s’établir du côté où ils arrivaient,
Postquam omnes Belgarum copias in unum locum coactas ad se vendre
vidit neque jam longe abesse ab iis, quos miserat, exploratoribus et
ab Remis cognovit, Êumen Axonam, quod est in extremis Remorim
finibus, exercilumtraducere maturavit atqueibi castra posait (ch. 5).
Ce texte est décisif contre l’hypothèse de M. de Goëler. Si l’armée
belge fût partie de Soissons, elle n’aurait pas pris par la rive nord
de l’Aisne pour aller attaquer César qui était encore campé au sud de
cette rivière; elle ne l’aurait même pas fait dans le cas où César eût
déjà occupé son camp de l’Aisne, car, en marchant par la rive sud,
elle forçait ipso facto les Romains à quitter cette importante position.
Lorsqu’il place à Soissons le point de concentration des forces belges,
le savant officier badois paraît céder à la considération de l’influence
acquise par le roi des Suessions Galba comme général en chef des
forces belges. Mais il semble que cette influence aurait dû plutôt
s’exercer en sens contraire, les Suessions ne pouvant pas être jaloux
d’attirer chez eux une masse d’étrangers dont ils n’avaient à attendre
que des dégâts. Les véritables données de la question sont, d’ailleurs,
les positions géographiques des divers peuples coalisés, les forces
comparées de leurs contingents et le but vers lequel ils devaient ten-
dre, c’est-à-dire le territoire rémois. Tout calcul fait à cet égard, je
propose de placer le point de rassemblement à La Fère, et je crois être
en cela d’autant plus dans le vrai que ce point s’accorde parfaitement,
comme on va le voir, avec tous les détails du récit de César. Nous sa-
vons déjà, par le texte ci-dessus rapporté, que le général romain se
décida à passer l'Aisne quand il apprit que l’armée belge avait été vue
de ses coureurs les plus avancés, ainsi que des Rèmes. Ceux-ci, qui