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REVUE ARCHEOLOGIQUE.
pies. Il n’est pas une porte hellénique, à commencer par la merveil-
leuse porte de PÉrechthéion, qui ne présente une coupe analogue.
Les voyageurs qui ont visité l’Acropole d’Athènes se rappelleront,
en se reportant à leurs souvenirs, que l’impression générale laissée
par la vue du Parthénon est également celle de lignes qui s’inclinen1
en convergeant les unes vers les autres. Ainsi l’art grec, dont le bon
sens est la loi suprême, ajoutait à la solidité des édifices sans rien
enlever à leur élégance, et échappait à cette invariable et monotone
l'épétition de l’angle droit que les architectes romains mirent plus
tard en honneur.
Le monument, pris dans son ensemble, se compose de trois par-
ties : le fronton, le bas-relief et la base.
Le fronton est très-simple. Il est surmonté de trois antéfixes qui
n’ont reçu aucun ornement, sans doute pour ne pas distraire l’œil du
spectateur dont l’attention doit se porter tout entière sur le sujet re-
présenté. Pour cette même raison, les deux côtés du bas-relief ne
présentent aucune bordure. Cette nudité pleine de grâce fait valoir
davantage la sculpture. Un des modernes qui ont eu le sentiment le
plus vif de la beauté grecque, Fénelon, dit avec raison : « Tout
ornement qui n’est qu’ornement est de trop : retranchez-le (1). » Et
encore : « Il faut que les pièces nécessaires se tournent en orne-
ment. » C’est le principe fondamental de l’art grec.
Le bas-relief offre au spectateur un groupe composé de deux per-
sonnages. L’un des deux est un cavalier. L’action représente un
combat. Le cavalier terrasse son adversaire qui, renversé et foulé
aux pieds du cheval, semble se garantir avec le bras droit. Peut-être
ce bras tenait-il un glaive. Le glaive a disparu : on sait que les acces-
soires de ce genre étaient ordinairement en métal. Notre marbre
même en offre des preuves visibles. La tête du cavalier est percée de
trous de scellement destinés à retenir une coiffure de métal, soit une
couronne, soit un de ces chapeaux de forme particulière qu’on voit
sur la tête de quelques-uns des cavaliers du Parthénon. Ce qui rend
cette supposition vraisemblable, c’est que la chevelure a été à peine
indiquée par le sculpteur, comme si elle devait être en partie dé-
robée aux regards. Deux autres trous de scellement, qu’on remarque
sur la cuisse, avaient servi à fixer la lance, qui sans doute était en
bronze doré. Il en était de même du mors et de la bride du cheval :
sur la tête de l’animal, on remarque deux trous, Tun près de la bou-
che, l’autre près de l’œil, exactement semblables à ceux qu’on a
(1) Fénelon, Lettre à l’Académie.
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pies. Il n’est pas une porte hellénique, à commencer par la merveil-
leuse porte de PÉrechthéion, qui ne présente une coupe analogue.
Les voyageurs qui ont visité l’Acropole d’Athènes se rappelleront,
en se reportant à leurs souvenirs, que l’impression générale laissée
par la vue du Parthénon est également celle de lignes qui s’inclinen1
en convergeant les unes vers les autres. Ainsi l’art grec, dont le bon
sens est la loi suprême, ajoutait à la solidité des édifices sans rien
enlever à leur élégance, et échappait à cette invariable et monotone
l'épétition de l’angle droit que les architectes romains mirent plus
tard en honneur.
Le monument, pris dans son ensemble, se compose de trois par-
ties : le fronton, le bas-relief et la base.
Le fronton est très-simple. Il est surmonté de trois antéfixes qui
n’ont reçu aucun ornement, sans doute pour ne pas distraire l’œil du
spectateur dont l’attention doit se porter tout entière sur le sujet re-
présenté. Pour cette même raison, les deux côtés du bas-relief ne
présentent aucune bordure. Cette nudité pleine de grâce fait valoir
davantage la sculpture. Un des modernes qui ont eu le sentiment le
plus vif de la beauté grecque, Fénelon, dit avec raison : « Tout
ornement qui n’est qu’ornement est de trop : retranchez-le (1). » Et
encore : « Il faut que les pièces nécessaires se tournent en orne-
ment. » C’est le principe fondamental de l’art grec.
Le bas-relief offre au spectateur un groupe composé de deux per-
sonnages. L’un des deux est un cavalier. L’action représente un
combat. Le cavalier terrasse son adversaire qui, renversé et foulé
aux pieds du cheval, semble se garantir avec le bras droit. Peut-être
ce bras tenait-il un glaive. Le glaive a disparu : on sait que les acces-
soires de ce genre étaient ordinairement en métal. Notre marbre
même en offre des preuves visibles. La tête du cavalier est percée de
trous de scellement destinés à retenir une coiffure de métal, soit une
couronne, soit un de ces chapeaux de forme particulière qu’on voit
sur la tête de quelques-uns des cavaliers du Parthénon. Ce qui rend
cette supposition vraisemblable, c’est que la chevelure a été à peine
indiquée par le sculpteur, comme si elle devait être en partie dé-
robée aux regards. Deux autres trous de scellement, qu’on remarque
sur la cuisse, avaient servi à fixer la lance, qui sans doute était en
bronze doré. Il en était de même du mors et de la bride du cheval :
sur la tête de l’animal, on remarque deux trous, Tun près de la bou-
che, l’autre près de l’œil, exactement semblables à ceux qu’on a
(1) Fénelon, Lettre à l’Académie.