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Revue archéologique — 8.1863

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Wescher, Carle: Une découverte à Athènes, [3]: Le monument de Dexiléos, un des cinq morts devant Corinthe
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https://doi.org/10.11588/diglit.22428#0361

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LR MONUMENT DE DEXILÉOS.

O M l-

00 i

itajjntXviOetç (i). Les Athéniens, d’après le récit de Xénophon, soutin-
rent le principal effort de la lutte. Livrés par une demi-trahison des
Béotiens à la discrétion des Spartiates, et forcés de livrer bataille à
l’improviste, ils se trouvèrent malheureusement, à ce moment dé-
cisif, divisés en deux corps. Le premier corps, composé des soldats
de six tribus seulement, fut enveloppé par l’armée Spartiate, et
taillé en pièces sans merci, pendant que le deuxième corps, com-
prenant les soldats des quatre autres tribus, était occupé loin de là à
poursuivre les Tégéatcs.

C’est sans doute à ce premier corps, séparé du reste de l’armée
athénienne et abandonné par des alliés douteux à "l’implacable res-
sentiment de Sparte, qu’appartiennent les cinq cavaliers dont parle
notre inscription. Il y a là probablement une allusion, obscure pour
nous mais très-claire pour les contemporains, à quelque épisode de
la bataille, à quelque acte de dévouement héroïque, tel que celui des
deux Décius à Rome ou du chevalier d’Assas en France. Peut-être
ces cinq cavaliers se sacrifièrent-ils pour sauver les débris de l’armée ;
peut-être cherchèrent-ils dans les rangs ennemis une mort volon-
taire, comme ces Décius dont Cicéron a dit : « Ad voluntariam
mortem cursum equorum incitaverunt (2). » Les Athéniens voulurent
honorer un dévouement que l’histoire a oublié d’enregistrer; ils
voulurent consacrer par des monuments durables le souvenir de
ceux qui s’étaient offerts pour la patrie à un trépas glorieux et préma-
turé. Il est, comme dit Montaigne, des pertes triomphantes à Verni
des victoires.

Par un de ces heureux accidents moins rares qu’on ne pense
sur le sol de cette Grèce si riche encore quoique si souvent dépouillée,
la tombe de l’un de ces héros s’est conservée jusqu’à nous sous les
terres amoncelées qui supportent l’église d’Haghia Triadha. Cet
amas de terres, suivant une ingénieuse hypothèse de M. Rhangabé (3),
proviendrait de Yagger construit par Sylia lorsqu’il fit le siège
d’Athènes (4). Ainsi, l’humiliation des Athéniens dégénérés aurait
du moins servi à sauver un des monuments de leur courage et de
leur gloire.

Carle Wescher,

Membre de l’École française d’Athènes.

(1) Xenoph., Hell. IV, 3, 1.

(2) Cic. de Senect. XX, 75.

(3) Dans un feuilleton du journal grec Euvopaa,

(4) En l’an 8G avant Jésus-Christ.
 
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