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Revue archéologique — 8.1863

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Egger, E.: Notice sur la Tour d'Ordre à Boulogne-sur-Mer
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https://doi.org/10.11588/diglit.22428#0415

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LA TOUR D’ORDRE A BOULOGNE-SUR-MER.

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Cassius(l), auxquels n’ajoute rien celui de Paul Orose (2). Malheu-
reusement le règne de Caligula manque aujourd’hui dans les Annales
de Tacite, qui seules vaudraient pour nous tant d’autres témoigna-
ges (3). Ni les médailles, ni les inscriptions ne suppléent à ce silence.
Dans cette pénurie de documents, ce que l’on peut affirmer, c’est
que, revenant des bords du Rhin avec ses légions fatiguées d’une
inutile parade militaire, Caligula songea un instant à envahir la Bre-
tagne, qu’il s’embarqua même à cette intention sur le détroit,
puis que le hasard lui ayant procuré, sur le sol même de la Gaule, la
soumission volontaire d’un jeune prince breton exilé, il prit occasion
de cette fortune heureuse et imprévue pour se faire décerner les
honneurs triomphaux, et qu’il voulut même laisser de son prétendu
triomphe un souvenir plus durable que les pompes du Capitole en
élevant sur les falaises de Gesoriacum, devenue la Boulogne romaine,
un phare destiné à éclairer la navigation du détroit.

Suétone, il est vrai, qui seul parle de ce phare (4), en détermine
si peu la place qu’on a pu sans absurdité la chercher dans les la-
gunes que forme le Rhin près de son embouchure (o). Mais son texte
s’acrorde mieux avec les conséquences historiques qu’en ont tiré
depuis longtemps l’érudition et le patriotisme boulonnais. Il est vrai
aussi qu’une fondation si utile contraste singulièrement avec les
folies de la prétendue campagne contre les Bretons. Mais l’histoire
de l’empire romain est pleine de contradictions semblables; plus
d’un monstre ou d’un fou s’y présente comme l’auteur de sages
décrets qui méritaient d’honorer le règne d’un sage.

L’usage des phares commençait alors à se répandre, comme l’a mon-
tré le P. de Montfaucon dans un Mémoire publié au sixième volume
du Recueil de notre Académie et que reproduit le tome IV du Supplé-
ment à Y Antiquité expliquée. Le fameux phare d’Alexandrie avait
servi de modèle à d’autres phares qui, selon le témoignage posiiif

(1) Hist. rom., LIX, 21 et 25, chapitres qui se complètent l’un l’autre, mais où le
texte paraît avoir subi, au moyen âge, des remaniements maladroits.

(2) VII, 5, où l’auteur doit à Suétone tout ce qu’il nous apprend d’utile sur ce
sujet. Il n’y a rien non plus à tirer de la courte notice d’Aurélius Victor sur Caligula,
ni d’un passage de la vie d’Apollonius de Tyane (V, 32) par Philostrate.

(3) Voir toutefois quelques lignes, pleines de 'doutes sur ce sujet, dans la Vie
d’Agricola, c. 13.

(h) « In littore Oceo.ni. et in indicium victoriæ altissimam turrem excitavit, ex

qua, ut pliaro, noctibus ad regendos navium cursus ignés emicarent. »

(5) Voir la note de Schildius sur le passage ci-dessus de Suétone, et l'I-Iistoire de
Calais citée plus haut à la note 2.
 
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