POUILLES DU CHATELIER. 423
gré à M. Le Héricher de nous avoir éclairé sur la destination pro-
bable et l’âge du camp du Châtelier.
M. le général Creuly, en visitant ce camp avec nous en 1862, avait
émis l’opinion que c’était là non un camp véritable, mais un lieu de
refuge pour les populations gauloises. L’étendue des retranchements,
la position du camp, son irrégularité, tout portait le général à faire
cette hypothèse. Il était toutefois nécessaire que des fouilles vinssent
confirmer ces présomptions. Les fouilles de M. Le Héricher ont ob-
tenu ce résultat. Nous laissons maintenant la parole à notre corres-
pondant qui, avant tout, décrit le terrain qu’il va fouiller.
« Il y a dans la commune du petit Celland, arrondissement d’A-
« vranches, sur les flancs d’un coteau baigné par la Sée, un mame-
« Ion autour duquel se dessine une puissante levée de terre qui
« renferme une étendue de bruyères et de bois de plus de vingt hec-
« tares. Cette enceinte, double en plusieurs parties, s’arrête là où
« la nature a offert une défense suffisante, sur le bord d’une vallée
« abrupte. Ce mamelon domine une immense étendue de pays,
« presque tout le bassin de la Sée jusqu’à son embouchure ; on aper-
« çoit même la cime du mont Saint-Michel : c’est la position la plus
« forte de toule la ligne de collines qui forme un des rebords du bas-
« sin d’Avranches. Cette position militaire porte le nom de châtelier.
« Sa vaste dimension en fait évidemment un camp d’une destination
« particulière. Du côté de l’est, le plus accessible à l’attaque, i’en-
« ceinte est fortifiée de deux ouvrages avancés, espèces de bastions.
« Un retranchement secondaire vers le nord vient s’appliquer contre
« l’enceinte principale et renferme, ce sans quoi la position n’eût
« pas été tenable longtemps, une source abondante qu’on appelle
« l’abreuvoir. La tradition place au châtelier une ville avec des
« murs et une cathédrale. Il y a, chez les paysans, la conviction que
« ce camp a joué un rôle important dans l’histoire du pays. »
Après avoir fait remarquer qu’il ne faut pas attacher trop d’impor-
tance au nom de châtelier, qui pourrait faire croire tout d’abord à
l’existence en cet endroit d’un ancien castellum, et après avoir rap-
pelé que ce nom, dans une partie de l’ouest de la France, est tout
simplement le synonyme de camp, et qu’il se retrouve notamment
une dizaine de fois dans i’Avranchin avec cette acception, M. Le
Héricher aborde ainsi le récit des fouilles.
« Mon premier devoir était d’obtenir de M. et Mme du Bouéxic la
« permission de pratiquer des fouilles dans cette enceinte boisée qui
« leur appartient. Us mirent une bonne grâce parfaite à me concéder
« cette permission. Evidemment des fouilles faites çà et là à l’aide
gré à M. Le Héricher de nous avoir éclairé sur la destination pro-
bable et l’âge du camp du Châtelier.
M. le général Creuly, en visitant ce camp avec nous en 1862, avait
émis l’opinion que c’était là non un camp véritable, mais un lieu de
refuge pour les populations gauloises. L’étendue des retranchements,
la position du camp, son irrégularité, tout portait le général à faire
cette hypothèse. Il était toutefois nécessaire que des fouilles vinssent
confirmer ces présomptions. Les fouilles de M. Le Héricher ont ob-
tenu ce résultat. Nous laissons maintenant la parole à notre corres-
pondant qui, avant tout, décrit le terrain qu’il va fouiller.
« Il y a dans la commune du petit Celland, arrondissement d’A-
« vranches, sur les flancs d’un coteau baigné par la Sée, un mame-
« Ion autour duquel se dessine une puissante levée de terre qui
« renferme une étendue de bruyères et de bois de plus de vingt hec-
« tares. Cette enceinte, double en plusieurs parties, s’arrête là où
« la nature a offert une défense suffisante, sur le bord d’une vallée
« abrupte. Ce mamelon domine une immense étendue de pays,
« presque tout le bassin de la Sée jusqu’à son embouchure ; on aper-
« çoit même la cime du mont Saint-Michel : c’est la position la plus
« forte de toule la ligne de collines qui forme un des rebords du bas-
« sin d’Avranches. Cette position militaire porte le nom de châtelier.
« Sa vaste dimension en fait évidemment un camp d’une destination
« particulière. Du côté de l’est, le plus accessible à l’attaque, i’en-
« ceinte est fortifiée de deux ouvrages avancés, espèces de bastions.
« Un retranchement secondaire vers le nord vient s’appliquer contre
« l’enceinte principale et renferme, ce sans quoi la position n’eût
« pas été tenable longtemps, une source abondante qu’on appelle
« l’abreuvoir. La tradition place au châtelier une ville avec des
« murs et une cathédrale. Il y a, chez les paysans, la conviction que
« ce camp a joué un rôle important dans l’histoire du pays. »
Après avoir fait remarquer qu’il ne faut pas attacher trop d’impor-
tance au nom de châtelier, qui pourrait faire croire tout d’abord à
l’existence en cet endroit d’un ancien castellum, et après avoir rap-
pelé que ce nom, dans une partie de l’ouest de la France, est tout
simplement le synonyme de camp, et qu’il se retrouve notamment
une dizaine de fois dans i’Avranchin avec cette acception, M. Le
Héricher aborde ainsi le récit des fouilles.
« Mon premier devoir était d’obtenir de M. et Mme du Bouéxic la
« permission de pratiquer des fouilles dans cette enceinte boisée qui
« leur appartient. Us mirent une bonne grâce parfaite à me concéder
« cette permission. Evidemment des fouilles faites çà et là à l’aide