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Revue archéologique — 8.1863

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Wescher, Carle: Texte et explication d'un décret en dialecte dorien: provenant de l'ile de Carpathos
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https://doi.org/10.11588/diglit.22428#0499

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CHANTS POPULAIRES DE CARPATHOS.

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cPou<j6[A£pTov pour xpuaop.epxov. Prononciation éolique de l’u. En Arcadie, on dit
xoûpavvo; pour xupavvoç, xou[atoxv<x pour xuprava, xpoumx (trou) pour xpumx, et ainsi de
suite. Je me souviens d’avoir entendu un chant populaire qui avait cours dans le
Péloponèee à l’époque de l’insurrection de Nauplie, et qui commençait ainsi:

Kàxco ô xoupavvoç,

Çrjxw yj’ XsuOspux.

A bas le tyran !

Vive la liberté'

Bpàx-p, éolisme pour pdcxp. C’est encore une forme du digamma éolique. Elle s’est
conservée dans ècrwëpaxov, caleçon.

"Ovxa, métathèse pour ôxav.

’Exaxatvs pour èxaxéëouve. Kaxaëaivw a ici le sens actif.

'PsyjriXc, élision pour ôpeyjYjxe. Forme moderne de l’aoriste passif. R. ôpe^iç,
appétit.

Najxou pour và pp-ouv. "Hp.ouv est l’imparfait de sipu pour l’ancien îjv. On conjugue
pjaouv, pcro, rjxo.

Tpwapour xpww = xpwyw,

XXwpoç, littéralement jaunâtre. Cette épithète convient parfaitement au fromage
de brebis. C’est, comme on le voit, une épithète homérique.

MuÇcQpa, c’est la ricotta des Italiens.

Toutu, corbeille d’osier.

'Actxoov pour ëcccrxouv, de ëatjxw, porter.

‘PaëSi, baguette.

rioXspio, à Rhodes et dans le voisinage, signifie se donner beaucoup de peine pour
une chose, la soigner d’une façon toute particulière, et, comme nous disons familiè-
rement, se donner du mal.

MavSpi, c’est la bergerie.

Diva pour tuvw, comme xpwa pour xporyw.

Mepôcdio, c’est-à-dire ■pp.epoyaXov, le lait du jour, le lait pris au moment où l’on
vient de le tirer.

Le dialecte qu’on remarque dans ces deux chants est celui de la côte. Les formes
de langage dans l’intérieur de l’île se distinguent par une grécité plus constante. On
y dit ëoüç et non ëoS£, comme à Sparte on dit alspc et non y£8i.

Je pourrais multiplier ces exemples, mais il faut s’arrêter. Qu’on me permette
seulement une dernière réflexion. Devant cette persistance d’une langue considérée
comme morte et subsistant néanmoins dans la partie la plus originale d’elle-même,
n’est-ce pas le cas d’appliquer au grec populaire ce qu’IIorace disait du vieux latin :

Manserunt hodieque manent vestigia (1).

Ce latin rustique a survécu à l’urbanité du siècle d’Auguste, et se retrouve jusque
dans nos idiomes modernes. Par une coïncidence qui est moins l’œuvre du hasard que
l’effet d’une loi philologique, le grec des vieux poètes et des vieux dialectes a con-
couru, beaucoup plus que l’éloquence attique ou la science alexandrine, à la forma-
tion du grec moderne.

Carle Wescher,

Membre de l’École française d’Athènes.

(1) Hor., Epist. II, 1, v. 170.
 
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