530 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
peut-on raisonnablement faire la même conjecture relativement aux
monuments d’Afrique, et surtout relativement aux monuments du
Bou-Merzoug?
€ Toute nécropole, dit M. Féraud, fait présumer l’existence d’une
« ville voisine. Or, jusqu’ici nous n’avons trouvé, dans les environs,
« aucun vestige de ville ni de poste militaire. Ce canton aurait-il été
« consacré par la superstition et serait-il devenu, en quelque sorte,
« une terre sainte où l’on aurait apporté les cadavres de Cirta, Segus
« ou Lambesse? » Nous ne pouvons admettre cette supposition.
Comment supposer, en effet, de pareilles mœurs aux habitants de
Cirta ou de Lambesse à l’époque romaine?
Si les observations ont été bien faites et si les tombeaux ouverts
étaient réellement intacts, comme le croit M. Féraud, une seule res-
source nous reste pour expliquer ces faits étranges : à savoir que ces
monuments sont les monuments non d’une époque, d’un âge par-
ticulier, mais ceux d’une race qui, rebelle à toute transformation
et à toute absorption par les races supérieures à elle qui ont peuplé
de bonne heure l’Europe, après avoir été refoulée de l’Asie centrale
vers les contrées du Nord, avoir suivi les bords de la mer Baltique
et séjourné en Danemark, en a été de nouveau chassée, a remonté
jusqu’aux Orcades; puis, redescendant par le canal qui sépare l’Ir-
lande de l’Angleterre, estarrivée d’étape en étape d’abord en Gaule (I),
puis en Portugal, puis enfin jusqu’en Afrique, où les restes de ces
malheureuses populations se sont éteints, étouffés par la civili-
sation, qui ne leur laissait plus de place nulle part. Nous tâcherons
de montrer dans un prochain article que cette hypothèse n’est pas
tout à fait invraisemblable. Toujours est-il que la découverte de
MM. Christy et Féraud est frès-importante, et qu’il serait du plus
haut intérêt de fouiller, avec méthode et circonspection, ces étranges
monuments égarés sur le sol africain. On ne pourrait surtout re-
cueillir avec trop de soin les têtes et les ossements des squelettes,
dont l’examen permettra de déterminer la race à laquelle ces popu-
lations appartenaient. Il serait aussi indispensable de bien constater
quels sont ceux de ces monuments qui sont incontestablement intacts
et dans lesquels il ne peut pas y avoir eu superposition de sépul-
ture. La question mérite qu’on y apporte toute son attention.
Alex. Bertrand.
(1) Nous énumérons ici brièvement les principales contrées où se trouvent des
dolmens.
peut-on raisonnablement faire la même conjecture relativement aux
monuments d’Afrique, et surtout relativement aux monuments du
Bou-Merzoug?
€ Toute nécropole, dit M. Féraud, fait présumer l’existence d’une
« ville voisine. Or, jusqu’ici nous n’avons trouvé, dans les environs,
« aucun vestige de ville ni de poste militaire. Ce canton aurait-il été
« consacré par la superstition et serait-il devenu, en quelque sorte,
« une terre sainte où l’on aurait apporté les cadavres de Cirta, Segus
« ou Lambesse? » Nous ne pouvons admettre cette supposition.
Comment supposer, en effet, de pareilles mœurs aux habitants de
Cirta ou de Lambesse à l’époque romaine?
Si les observations ont été bien faites et si les tombeaux ouverts
étaient réellement intacts, comme le croit M. Féraud, une seule res-
source nous reste pour expliquer ces faits étranges : à savoir que ces
monuments sont les monuments non d’une époque, d’un âge par-
ticulier, mais ceux d’une race qui, rebelle à toute transformation
et à toute absorption par les races supérieures à elle qui ont peuplé
de bonne heure l’Europe, après avoir été refoulée de l’Asie centrale
vers les contrées du Nord, avoir suivi les bords de la mer Baltique
et séjourné en Danemark, en a été de nouveau chassée, a remonté
jusqu’aux Orcades; puis, redescendant par le canal qui sépare l’Ir-
lande de l’Angleterre, estarrivée d’étape en étape d’abord en Gaule (I),
puis en Portugal, puis enfin jusqu’en Afrique, où les restes de ces
malheureuses populations se sont éteints, étouffés par la civili-
sation, qui ne leur laissait plus de place nulle part. Nous tâcherons
de montrer dans un prochain article que cette hypothèse n’est pas
tout à fait invraisemblable. Toujours est-il que la découverte de
MM. Christy et Féraud est frès-importante, et qu’il serait du plus
haut intérêt de fouiller, avec méthode et circonspection, ces étranges
monuments égarés sur le sol africain. On ne pourrait surtout re-
cueillir avec trop de soin les têtes et les ossements des squelettes,
dont l’examen permettra de déterminer la race à laquelle ces popu-
lations appartenaient. Il serait aussi indispensable de bien constater
quels sont ceux de ces monuments qui sont incontestablement intacts
et dans lesquels il ne peut pas y avoir eu superposition de sépul-
ture. La question mérite qu’on y apporte toute son attention.
Alex. Bertrand.
(1) Nous énumérons ici brièvement les principales contrées où se trouvent des
dolmens.