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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 1)

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Müntz, Eugène: Amateurs, collectionneurs et archéologues florentins à l'époque de la première Renaissance, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18607#0141

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iîo L'ART.

les transporter ailleurs, mesure qui cependant ne fut pas exécutée immédiatement, car Boccace a
encore vu ces monuments dans le voisinage du Baptistère Plus tard ils furent installés derrière
le Campanile; en 1824 enfin, on les transporta au palais Riccardi, où ils se trouvent de nos
jours encore 2. Le principal d'entre les trois sarcophages représente une chasse au sanglier ; sur
son couvercle de marbre ont été sculptées, au xiv' siècle, les armoiries des Médicis et
celles de la corporation des fabricants d'étoffes de laine (arte di calimara), — témoignage bien
probant du prix que l'on attachait dès cette époque à ce monument. C'est lui qui servit de
sépulture à Guccio de Médicis, nommé gonfalonier de la République en 1299 Le second
sarcophage nous montre, entre autres sujets, les Dioscures; le troisième, Mercure avec des
Victoires.

Un quatrième sarcophage païen, aujourd'hui encore exposé au Baptistère, reçut, en 1230,
les ossements de l'évêque Jean de Velletri. Ce précieux monument représente, au milieu, une
femme vue de face et assise devant une corbeille pleine de fleurs. Deux autres femmes, vues de
profil, se correspondent de chaque côté du bas-relief ; celle de gauche, assise devant une table
chargée de fleurs, s'adresse à un esclave qui se présente devant elle, porteur d'une corbeille
également remplie de fleurs ; celle de droite, assise dans un fauteuil de marbre, s'entretient avec
un génie. Deux autres génies, debout, éplorés, et tenant des torches renversées, terminent de
chaque côté l'allégorie funèbre. Cette sculpture, quoique d'assez basse époque déjà, conserve
encore le caractère de noblesse et de dignité qui marque les œuvres de l'antiquité
païenne

On n'a peut-être pas assez tenu compte jusqu'ici de l'influence exercée par ces bas-reliefs
sur les maîtres qui ont inauguré, à la fin du xiv" et au commencement du xv° siècle, un style
nouveau : Piero di Giovanni d'Allemagne, Niccolo di Piero de' Lamberti, les habiles auteurs des
sculptures encadrant les portes du Dôme, et enfin Donatello. La vue d'un sarcophage antique
conservé à Pise n'avait-elle pas suffi, cent cinquante ans auparavant, pour enflammer l'imagination
de Niccolo Pisano, et pour produire cette Renaissance du xm" siècle, plus voisine, à de certains
égards, de l'antiquité classique que la Renaissance même du xv" siècle ?

Pour épuiser la liste des antiques mises à la disposition des artistes florentins du xv" siècle,
il nous faut encore tenir compte des découvertes faites à l'occasion des grands travaux d'archi-
tecture exécutés à l'époque de la première Renaissance. 11 faut également tenir compte du
voisinage de Fiesole, mine inépuisable d'antiques de tout genre, depuis les produits de l'art
étrusque jusqu'à ceux de la décadence romaine. De pareilles ressources n'étaient assurément pas
à dédaigner ; mais qu'étaient-elles en comparaison de la richesse d'autres villes italiennes,
d'Ostie, de Porto, de Pouzzoles, de Vérone, ou bien de celles du midi de la France, de
l'Espagne, de l'Afrique, de la Grèce, de l'Asie Mineure !

Malgré cette pénurie de souvenirs propres à entretenir le culte de l'antiquité classique,
celle-ci n'avait jamais cessé d'être en honneur à Florence, non-seulement dans l'esprit des poètes
ou des historiens, mais encore dans les conseils de la République. Plusieurs traits absolument
authentiques nous prouvent à quel point, en plein moyen âge, les Florentins prisaient tout ce
qui se rattachait à cette grande époque. Lorsque, en 1117, les Pisans, pour récompenser leurs
voisins de leur bienveillante neutralité pendant l'expédition qu'ils avaient entreprise contre
Majorque, leur offrirent soit deux portes de bronze, soit deux colonnes de porphyre faisant
partie du butin, les Florentins n'hésitèrent pas. Ils choisirent les colonnes, quoiqu'elles n'eussent
qu'une valeur en quelque sorte historique, et les placèrent au centre de la ville, devant le
Baptistère. Aujourd'hui encore, ces deux monolithes, malheureusement fort endommagés,
flanquent la porte qui fait face à la cathédrale, la porte du Paradis, comme l'a si bien appelée

1. Richa, Chicsc florentine, tome III, page i j ; tome V, pages xv et suiv.

2. Dûtschke, Antike Bildwerke in Obcritalicn, tome II, pages 54 et suiv., n"s 1,8, j 1.

3. Reumont, Loren^o de' Medici il Magnifico, tome I, page 25.

4. Nous empruntons cette description à l'intéressant volume de M. A. Gruyer, les Œuvres de la Renaissanee italienne au temple de
Saint-Jean, Baptistère de Florence. Paris, 1875, pages 5 et 6.
 
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