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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 1)

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Müntz, Eugène: Amateurs, collectionneurs et archéologues florentins à l'époque de la première Renaissance, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18607#0142

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AMATEURS ET ARCHÉOLOGUES FLORENTINS.

Michel-Ange. La postérité, il est vrai, a su mauvais gré aux gouvernants de 1117 de ce choix si
honorable ; elle y a vu une preuve d'ignorance. S'il fallait en croire un auteur du siècle dernier,
Lastri, le proverbe : « Fiorentini ciechi e Pisani traditori », n'aurait pas d'autre origine que ce
prétendu manque de perspicacité

En adoptant pour symbole le grand redresseur de torts, Hercule, Florence montra également
combien les souvenirs de l'antiquité lui étaient chers. De fort bonne heure, dès les dernières
années du xin° siècle, la figure du héros grec fut gravée sur le sceau de la Seigneurie. On y
voyait le fils de Jupiter brandissant d'une main la massue, étreignant de l'autre la gorge de
l'Hydre. Autour de cette scène était gravée la fière inscription :

HERCULEA CLAVA DOMAT FLORENTIA PRAVA

Rappelons que Giotto, dans ses admirables bas-reliefs du Campanile, a également représenté
Hercule revêtu de la peau de lion et armé de la massue. L'harmonie des proportions, la justesse
des mouvements ne permettent guère de douter que l'illustre artiste n'ait eu sous les yeux un
modèle antique.

La superstition, et non plus le culte du beau, valut une grande célébrité à une antique, qui
avait d'ailleurs disparu avant l'époque dont nous nous occupons. Nous voulons parler de la
statue de Mars, qui ornait d'abord le temple consacré à cette divinité, et qui fut plus tard
placée sur une des tours de l'Arno, et en dernier lieu sur un des piliers du Ponte Vecchio.
C'était, aux yeux de tous, un talisman d'une puissance souveraine. Les Florentins étaient
convaincus que la destruction de l'idole attirerait sur leurs têtes des malheurs épouvantables.
Aussi veillèrent-ils avec un soin jaloux à sa conservation. Un de leurs concitoyens, le plus grand
des poètes du moyen âge, a prêté à cette croyance si bizarre le secours de son éloquence. Dans
son Enfer, Dante place dans la bouche d'un damné ces paroles caractéristiques :

Io fui délia città che nel Batista
Cangio *1 primo padrone : ond' ei per questo
Sempre con Tarte sua la farà trista :
E se non fosse che in sul passo d'Arno
Rimane ancor di lui alcuna vista :
Quei cittadin, che poi la rifondarno
Sovra il cener che d'Attila rimase,
Avrebber fatto lavorare indarno

Notre rôle de chroniqueur nous faisait un devoir de tenir compte des idées, des sentiments
divers dont l'antiquité classique a été le point de départ chez les Florentins du moyen âge. Mais
on se tromperait en croyant que ce contact a hâté l'avènement de la Renaissance. Sans l'ardente
initiative des hommes de génie auxquels Florence a donné le jour, la révolution, qui devait,
dans le domaine de l'art, renouveler les sources de l'inspiration, et, dans le domaine des mœurs,
substituer la civilisation moderne à la civilisation du moyen âge, aurait pu longtemps encore
tarder à éclater.

Par un heureux concours de circonstances, le besoin d'investigations nouvelles se fit sentir
simultanément chez les savants et chez les artistes. Les premiers étaient à coup sûr mieux
préparés : ils comptaient dans Pétrarque, dans Cola di Rienzo, dans Boccace d'illustres précur-
seurs, tandis que, en matière d'art, la tradition antique, si brillamment reprise par Niccolô
Pisano, était de nouveau interrompue depuis plus d'un siècle. Mais la prodigieuse activité d'un

1. OsservatoreJiorentino, édition de 1821, tome I, page 59.

Ser Giovanni, dans son Pecorone, rapporte une autre version. Selon lui, ces colonnes étaient jadis de véritables talismans. Toute personne
volée qui venait regarder ce porphyre, poli comme un miroir, y voyait son voleur encore nanti de l'objet dérobé. Mais les Pisans jaloux, avant de
faire aux Florentins leur hommage, avaient enlevé au talisman sa puissance. D'où le proverbe : « Fiorentini ciechi e Pisani traditori », aveugles
les Florentins, traîtres les Pisans. (Gruyer, les Œuvres d'art de la Renaissance au temple de Saint-Jean, page 61.)

2. Passerini, Curiosità storico-artisticlte Jiorentine, 1° série.

J. « Je fus de la cité qui prit saint Jean-Baptiste à la place de son premier patron (Mars) ; c'est pourquoi celui-ci la contristera toujours
par ses artifices. Et s'il ne restait pas quelque trace de lui sur un pont de l'Arno, les citoyens qui rebâtirent la ville sur les cendres laissées
par Attila, auraient perdu le fruit de leur travail. » (Jnferno, XIII, 145-150.)
 
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