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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 1)

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Müntz, Eugène: Amateurs collectioneurs et archéologues florentins à l'époque de la première Renaissance, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18607#0169

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iy6 L'ART.

publier, se vengeait par des bons mots, s'adressant naturellement à un cercle plus restreint, mais
causant des blessures profondes. Il n'hésitait pas non plus, en pareil cas, à user de son influence
sur les administrateurs de l'Université florentine, et, en particulier, sur les Médicis. Plus d'un de
ses contradicteurs dut quitter Florence à cause de lui. C'est ainsi qu'il réussit à éloigner Manuel
Chrysoloras et Guarino de Vérone, qui tous deux avaient été appelés sur les bords de l'Arno
quelques années auparavant grâce à son intercession. Aurispa et Filelfo durent également chercher
fortune ailleurs. Niccoli finit même par se brouiller avec un de ses plus vieux amis, Léonard
Bruni, d'Arezzo. La querelle, quoique le pape s'occupât du soin de réconcilier les deux adversaires,
dura longtemps, et il y eut de bien piquantes révélations

C'étaient là les petits côtés de cet esprit vraiment éminent. Faisons comme d'autres amis de
Niccoli — Ambroise le Camaldule, Charles Marsuppini, le Pogge, les Médicis — et attachons-
nous seulement aux services rendus par l'infatigable collectionneur. Ces services sont immenses.
La bibliothèque formée par Niccoli comptait 800 manuscrits grecs et latins. Jamais, avant lui,
les Florentins n'avaient eu à leur disposition un ensemble aussi considérable. Le libraire Vespa-
siano, bon juge, en fixe la valeur à 6,000 florins d'or.

Le cabinet d'antiques n'était guère moins précieux. On y remarquait de nombreuses statues,
des médailles remontant aux temps les plus reculés, des vases en pierres dures, des intailles,
peut-être même des camées. La série épigraphique devait être fort considérable, si nous en jugeons
par les lettres du Pogge2 ; mais elle comprenait, selon toute vraisemblance, des copies plutôt que
des inscriptions originales. Signalons encore une belle suite de mosaïques portatives, des tableaux
de maîtres célèbres, des mappemondes, etc. Ambroise le Camaldule nous dit que les curieux,
attirés par toutes ces merveilles, se pressaient dans la maison comme dans un théâtre.

Grâce à un contemporain, il nous est permis de jeter un coup d'ceil dans cet intérieur si
intéressant. Vespasiano nous montre Niccoli assis devant une table couverte d'une nappe d'une
blancheur éblouissante, ayant devant lui de beaux vases antiques, et buvant dans une coupe de
cristal de roche3.

C'était là une coquetterie du vieil amateur. Mais il savait aussi, à l'occasion, tirer un parti
plus avantageux pour la science des trésors d'art qu'il avait réunis. Le premier, il eut l'idée de
composer, à l'aide de ses monnaies, de ses inscriptions, ainsi que des plus vieux de ses manuscrits,
un travail sur l'orthographe chez les anciens. Le fait nous est attesté par son ennemi, Guarino de
Vérone, qui traite de ridicule et de puérile cette nouveauté.

Niccolô Niccoli avait été, sa vie durant, la providence des travailleurs. Par une inspiration
bien en rapport avec cet esprit de dévouement dont il avait donné tant de preuves, il voulut
contribuer, même après sa mort, au progrès des études, et doter sa patrie d'une bibliothèque
accessible à tous. Dans son premier testament, en date du 11. juin 1430, il avait légué ses manus-
crits au couvent de Sainte-Marie des Anges. Peu de temps avant sa mort il se ravisa et dicta,
le 22 janvier 1437, un nouveau testament par lequel il instituait pour héritiers seize de ses amis,
avec obligation de consacrer ses livres à l'usage du public. Cosme de Médicis, un de ses légataires,
offrit de payer les dettes de la succession et acquit ainsi le droit de disposer de la bibliothèque.
Se conformant aux intentions de son ami, il la fit transporter au couvent de Saint-Marc, à la
construction duquel on travaillait alors, et décida que les moines ne pourraient refuser à personne

1. Voir notamment dans le recueil épistolaire de Léonard Bruni la lettre IV du quatrième livre.

2. Mehus, Intr., p. lu.

■). « Era sopra tutti gli uomini pulitissirno, cosi nel mangiare, come in tutte le cose. Quando era a tavola, mangiava in vasi antichi
bellissimi, e cosi tutta la sua tavola era piena di vasi di porcellana, o d'altri ornatissimi vasi. Quello con che egli beveva era coppa di cristallo,
o d'altra pietra fina. A vederlo in tavola, cosi antico come era, cra una gcntilezza. Sempre voleva che le tovaglie che aveva innanzi fussino bian-
chissime, e tutti gli altri panni. Saranno alcuni che si maraviglieranno di tanti vasi quanti egli aveva; a che si risponde, che in questo tempo
non erano le cose di questa natura in tanta riputazione, nè tanto istimate, quanto sono istate di poi; e avendo Nicolao notizia per tutto il mondo,
clii gli voleva gratificare, gli mandava o statue di marmo, pitturc di mano di singulari maestri, e di moite cose di musaico in tavolette. Aveva
uno bellissimo universale (mappemonde), dove erano tutti i siti délia terra; aveva Italia e Spagna tutte di pittura. Non era casa in Firenza che
fusse più ornata che la sua, e dove fussino più gentili cose che erano in quella; in modo che ognuno che vi andava, in ogni facultà n'aveva
infinité degne cose. »

On trouvera dans mon travail sur les Arts à la cour des papes (tome II, pages 168-169) différents autres témoignages relatifs aux collec-
tions de Niccoli.
 
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