Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 1)

DOI Artikel:
Tourneux, Maurice: Mérimée critique d'art, [2], Salon de 1853
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18607#0205

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
192 L'ART.

à un ami. Mérimée ne se montre guère moins sévère pour le grand tableau de M. Matout,
destiné à l'amphithéâtre de l'Ecole de médecine : Ambroise Paré appliquant pour la première
fois la ligature aux artères après une amputation. Il expose à ce sujet ses théories personnelles
sur l'iiorrible et le terrible, le laid et le vrai : l'auteur de tant de petits drames concis et féroces,
mais où se retrouve toujours « l'exagération à propos », en pouvait parler mieux que personne.

« Je ne veux point répéter ici les premiers éléments de l'esthétique, je dirai seulement qu'il
n'y a pas un très grand mérite à exciter une impression d'horreur et qu'on y parvient par des
moyens tout à fait étrangers à l'art. Un élève en médecine vous fera frémir en vous racontant
les détails d'une amputation, s'ensuit-il qu'il soit éloquent? Remarquons, en outre, que pour
obtenir ces effets d'horreur, le procédé ordinaire c'est d'attirer l'attention sur des accessoires qui
font perdre de vue le point capital où l'artiste aurait dû élever sa visée. Ribeira, pour me
montrer Caton mourant, m'expose une large plaie débridée, des viscères et des flots de sang.

Mais alors ce n'est plus Caton que je vois,
c'est une opération anatomique. J'oublie
quel est le patient pour fuir un spectacle
hideux. »

« En opposition à ces partisans de la
vérité quand même, il y a les sectateurs
de la grâce », M. Antigna, M. Gérôme,
Z. L. Hamon, qui débutait par sa jolie
idylle : Ma sœur n'y est pas. « Cette
peinture est si terne qu'on la croirait
poudrée ou couverte d'une gaze » ; mais il
en loue la pureté de dessin, la pantomime
à la fois coquette et naturelle.

« Les sujets de piété ne sont pas
nombreux cette année, et je m'en réjouis.
Ce n'est pas que je ne les regarde comme
éminemment propres à la grande peinture
historique, mais je pense à la destination
qu'on donnait autrefois à la plupart de
ces ouvrages ; je me rappelle combien
d'églises on a cru décorer avec des tableaux
mobiles dont on a gâté comme à plaisir
l'effet architectural. Personne n'admire plus
que moi les grandes compositions de
Ph. de Champaigne, de Louis Boullongne
et de Jouvenet qu'on voit dans le chœur
de Notre-Dame, à Paris. Sed non erat his locus et les arcades de la cathédrale n'ont pas été
bâties pour être bouchées. La plupart de nos monuments religieux ont été destinés à recevoir
une ornementation peinte, mais non pas des toiles encadrées qui rompent les lignes de l'archi-
tecture et ne se présentent jamais sous un jour favorable. N'est-ce point une pitié que d'exiler
le Saint Symphorien de M. Ingres dans le transsept de la cathédrale d'Autun où on le voit à
peine, et seulement dans les jours les plus clairs de l'été ! »

Le seul tableau religieux qui eut quelque importance à ce Salon, c'était le Baiser de Judas
de M. Hébert. « Sans doute, dit Mérimée, on peut reprocher au Christ de M. Hébert de n'être
pas un Dieu, mais peut-on peindre un Dieu ? Pour moi, jusqu'à ce que la Sorbonne ait prononcé,
je tiens pour excellente l'expression de douleur et de dédain qui se lit sur cette belle tête. »
11 ne s'arrête pas longtemps aux diverses commandes des fabriques ou du ministère et examine
les tableaux des peintres voyageurs qui demandent du nouveau à tous les coins du monde,
Dauzats, Flandin, Ch. Giraud. L'Espagne commence à être fort exploitée. « M. Pierre Giraud
 
Annotationen