DES ORIGINES DE L'ART DANS L'ANTIQUITÉ. 57
du Gange1. » Sur ce dernier point, voici la raison principale que donne M. G. Perrot : les
Grecs qui suivirent Alexandre trouvèrent bien dans l'Inde des palais dont les dispositions étaient
à peu près les mêmes que celles des palais de l'Assyrie et de la Perse ; disposés en terrasses,
au milieu de vastes jardins composés d'une suite de bâtiments entourés de portiques, présentant
de vastes salles de réception supportées par des colonnes dorées, le tout d'un aspect général
imposant, heureux et pittoresque ; mais ces palais présentaient une différence capitale avec ceux
de l'Assyrie et de la Perse. A Palibothra, dans la résidence du souverain comme dans les habitations
de ses sujets, tout était construit en bois ; ni pierre, ni brique. « L'architecture vraiment cligne
de ce nom, ajoute M. Perrot. commence avec l'emploi des matériaux solides et durables, de ceux
qui se défendent par leur assiette et par leur poids2. » N'est-ce pas un peu absolu? Si le
savant écrivain se trouvait devant un de ces merveilleux palais, formés de colonnades en bois
sculpté et doré, dont le caractère fut conservé dans la suite par les architectes de la grande
presqu'île, artistes habiles qui n'ont pas craint d'imiter et de copier en pierre avec fidélité
ces immenses édifices fourmillant de sculptures, qui ont su en conserver l'étrangeté, la richesse,
la splendeur, croit-il qu'il lui viendrait à la pensée de discuter la qualité des matériaux
employés? L'archéologue-artiste ne serait-il pas capable, dans son admiration, d'oublier complè-
tement qu'il n'est pas en présence d'une architecture vraiment digne de ce nom ?
De cela, il résulte que M. G. Perrot tend à devenir quelque peu l'esclave de ses premières
découvertes. Nous devons déclarer, il est vrai, qu'en présence des faits que la science accumule
tous les jours, nous sommes seul à ne pas croire au peu d'initiative et d'invention des Grecs dans
les sciences comme clans les arts.
Il est évident que M. G. Perrot est très capable, malgré sa déclaration trop modeste, de
nous montrer la trame qui compose et distingue les arts de l'Inde et de la Chine, et les fils qui
relient ces arts aux autres civilisations de l'Asie; je les crois nombreux. Son œuvre en serait
plus complète et plus intéressante. Nous espérons que plus tard, quand la tâche actuelle sera
terminée, les deux collaborateurs de Y Histoire de l'art nous donneront le complément de leur
ouvrage. Les volumes de l'histoire de la Chine et du Japon ne seraient ni les moins importants
ni les moins curieux.
IV
Dans la partie du volume consacrée à l'art égyptien, les auteurs n'ont rien négligé, ils
donnent tout ce qui est utile pour encadrer et éclairer leur sujet : la place de l'Égypte dans
l'histoire du monde, la vallée du Nil et ses habitants, la constitution de la société égyptienne,
la religion dans ses rapports avec la plastique, les variétés de l'art égyptien forment les colonnes
du vestibule du temple dans lequel ils nous font pénétrer.
Tous les principes et les caractères propres à l'architecture égyptienne sont ensuite examinés,
tous les systèmes de construction et de décoration sont exposés, tous les matériaux employés sont
passés en revue. Nous voyons s'élever peu à peu les monuments funéraires, les Mastabas, les
Pyramides de l'ancien Empire, et leurs différentes transformations aux époques suivantes. Le
temple égyptien, le développement immense qu'il reçoit peu à peu, sa grandeur imposante malgré
les défauts innés qui le caractérisent sous le nouvel empire sont parfaitement déterminés. Les
architectures civiles et militaires dont il ne restait presque rien sont ingénieusement reconstituées;
la forteresse, le palais, la maison, la ville et les villas sont exhumés clans leurs moindres détails.
Enfin la sculpture depuis ses origines, la peinture, les arts dits industriels, céramique, verrerie,
orfèvrerie, joaillerie, sculpture sur bois, etc., rien n'est oublié.
M. Chipiez explique très bien le rôle joué par l'Egypte dans la construction en bois par
assemblage et par pénétration. Là, comme dans toutes les autres contrées, on a commencé
i • Page lxv.
'•i- Page lxi.
Tome XXXIII. q
du Gange1. » Sur ce dernier point, voici la raison principale que donne M. G. Perrot : les
Grecs qui suivirent Alexandre trouvèrent bien dans l'Inde des palais dont les dispositions étaient
à peu près les mêmes que celles des palais de l'Assyrie et de la Perse ; disposés en terrasses,
au milieu de vastes jardins composés d'une suite de bâtiments entourés de portiques, présentant
de vastes salles de réception supportées par des colonnes dorées, le tout d'un aspect général
imposant, heureux et pittoresque ; mais ces palais présentaient une différence capitale avec ceux
de l'Assyrie et de la Perse. A Palibothra, dans la résidence du souverain comme dans les habitations
de ses sujets, tout était construit en bois ; ni pierre, ni brique. « L'architecture vraiment cligne
de ce nom, ajoute M. Perrot. commence avec l'emploi des matériaux solides et durables, de ceux
qui se défendent par leur assiette et par leur poids2. » N'est-ce pas un peu absolu? Si le
savant écrivain se trouvait devant un de ces merveilleux palais, formés de colonnades en bois
sculpté et doré, dont le caractère fut conservé dans la suite par les architectes de la grande
presqu'île, artistes habiles qui n'ont pas craint d'imiter et de copier en pierre avec fidélité
ces immenses édifices fourmillant de sculptures, qui ont su en conserver l'étrangeté, la richesse,
la splendeur, croit-il qu'il lui viendrait à la pensée de discuter la qualité des matériaux
employés? L'archéologue-artiste ne serait-il pas capable, dans son admiration, d'oublier complè-
tement qu'il n'est pas en présence d'une architecture vraiment digne de ce nom ?
De cela, il résulte que M. G. Perrot tend à devenir quelque peu l'esclave de ses premières
découvertes. Nous devons déclarer, il est vrai, qu'en présence des faits que la science accumule
tous les jours, nous sommes seul à ne pas croire au peu d'initiative et d'invention des Grecs dans
les sciences comme clans les arts.
Il est évident que M. G. Perrot est très capable, malgré sa déclaration trop modeste, de
nous montrer la trame qui compose et distingue les arts de l'Inde et de la Chine, et les fils qui
relient ces arts aux autres civilisations de l'Asie; je les crois nombreux. Son œuvre en serait
plus complète et plus intéressante. Nous espérons que plus tard, quand la tâche actuelle sera
terminée, les deux collaborateurs de Y Histoire de l'art nous donneront le complément de leur
ouvrage. Les volumes de l'histoire de la Chine et du Japon ne seraient ni les moins importants
ni les moins curieux.
IV
Dans la partie du volume consacrée à l'art égyptien, les auteurs n'ont rien négligé, ils
donnent tout ce qui est utile pour encadrer et éclairer leur sujet : la place de l'Égypte dans
l'histoire du monde, la vallée du Nil et ses habitants, la constitution de la société égyptienne,
la religion dans ses rapports avec la plastique, les variétés de l'art égyptien forment les colonnes
du vestibule du temple dans lequel ils nous font pénétrer.
Tous les principes et les caractères propres à l'architecture égyptienne sont ensuite examinés,
tous les systèmes de construction et de décoration sont exposés, tous les matériaux employés sont
passés en revue. Nous voyons s'élever peu à peu les monuments funéraires, les Mastabas, les
Pyramides de l'ancien Empire, et leurs différentes transformations aux époques suivantes. Le
temple égyptien, le développement immense qu'il reçoit peu à peu, sa grandeur imposante malgré
les défauts innés qui le caractérisent sous le nouvel empire sont parfaitement déterminés. Les
architectures civiles et militaires dont il ne restait presque rien sont ingénieusement reconstituées;
la forteresse, le palais, la maison, la ville et les villas sont exhumés clans leurs moindres détails.
Enfin la sculpture depuis ses origines, la peinture, les arts dits industriels, céramique, verrerie,
orfèvrerie, joaillerie, sculpture sur bois, etc., rien n'est oublié.
M. Chipiez explique très bien le rôle joué par l'Egypte dans la construction en bois par
assemblage et par pénétration. Là, comme dans toutes les autres contrées, on a commencé
i • Page lxv.
'•i- Page lxi.
Tome XXXIII. q