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L'ART.
sait, une décision prise lors de la fondation de l'Académie, en 1648. Les académiciens devaient
exposer, dans la salle des séances de l'Académie, leurs propres ouvrages à côté des travaux des
élèves dont ils dirigeaient l'éducation artistique. Cette partie du règlement, tombée sans doute
dans l'oubli, fut rappelée par une décision de l'Académie du 24 décembre 1663, approuvée par
Colbert en 1666. Les Expositions, fixées à la semaine sainte, ne devaient plus avoir lieu que
tous les deux ans. Nous en notons trois en effet en 1667, 1669 et 1671. Or ce qui nous porte
à croire que nous devons leur accorder une importance réelle, c'est qu'elles furent tenues, hors
de l'Académie, au Palais-Brion. Chacune d'elles en outre se continua pendant un temps assez
long, celle de 1667 du 9 au 23 avril, celle de 1669 du 28 mars au 28 avril. Même durée pour
celle de 1671. 11 nous semble donc difficile de les confondre avec ces solennités de moindre
importance où l'Académie, à l'occasion de certains anniversaires, se contentait d'ouvrir au public,
pendant un jour, la porte des salles où elle tenait ses séances.
Deux ans plus tard, — on suivait, ceci le prouve, un ordre de choses régulier, — s'ouvrait,
également au Palais-Brion, l'Exposition de 1673 (14 août — 4 septembre) qui est considérée,
grâce à son livret rédigé par Perrault, comme la première de toutes. D'autres Expositions ont
lieu en 1675, 1681 et i683, mais il n'en a pas été tenu compte plus que des premières, le second
livret connu portant la date de 1699.
Nous n'insisterons pas davantage sur cette erreur presque certaine et nous ne nous occuperons
que de l'Exposition de 1699 qui a lieu, pour la première fois, au Louvre. On y déploie une pompe
extraordinaire, ainsi que nous en trouvons le témoignage dans la pièce suivante :
« Monsieur Mansard, surintendant et ordonnateur général des bâtiments du roi et protecteur
de l'Académie, ayant représenté à Sa xVlajesté que les peintres et sculpteurs de son Académie royale
auraient bien souhaité renouveler l'ancienne coutume d'exposer leurs ouvrages au public pour en
avoir son jugement et pour entretenir entre eux cette louable émulation si nécessaire à l'avan-
cement des beaux-arts, Sa Majesté a non seulement approuvé ce dessein, mais leur a permis de
faire l'Exposition de leurs ouvrages dans la Grande Gallerie de son Palais du Louvre, et a voulu
qu'on leur fournist du Garde-meuble de la Couronne toutes les tapisseries dont ils auraient besoin
pour orner et décorer cette superbe Gallerie; mais comme elle est d'une étendue immense, ayant
227 toises de longueur, ils ont cru n'en devoir occuper que l'espace de 115 toises en faisant deux
cloisons aux deux extrémités de cet espace.
« Sur la cloison de l'extrémité à gauche en entrant il y a un grand dais de velours vert avec
des grands galons ou de grandes crépines d'or et d'argent, une estrade et un tapis de pied
en dessous avec deux portraits, l'un de Sa Majesté,, et l'autre de Monseigneur, par M. Pierson.
« Ensuite et des deux côtés de la Gallerie sont les tapisseries des Actes des Apôtres faites
sur les dessins de Raphaël, et comme ces tapisseries sont d'une beauté extraordinaire il n'y a
aucuns tableaux dessus, mais seulement des ouvrages de sculpture1..... »
La décoration générale de l'Exposition fit grande impression sur le public et Germain Brice
nous en a rapporté le témoignage dans sa Description de Paris :
« ..... Le public vit avec étonnement des pièces en peinture et en sculpture égales à ce que
l'Italie a de plus merveilleux ; et la quantité surprenante avec la diversité infinie ne causèrent
pas moins d'admiration. Les étrangers les plus indifférents pour les belles choses qu'ils voient
tous les jours à Paris ne purent s'empêcher d'avouer que toute l'Europe ensemble n'aurait pu
fournir de plus beaux ouvrages en peintures modernes que ceux qui furent exposés dans cette
longue et spacieuse galerie, qui en avait été décorée magnifiquement à plusieurs rangs l'un sur
l'autre, dans l'espace de cent quinze toises de chaque côté.
« En 1704, dans le mois de septembre, la même Exposition se ht encore, laquelle dura
plusieurs semaines; on y remarqua encore des nouveautés d'une surprenante beauté. »
Après 1704, nouvelle lacune dans les livrets qui entraîne une nouvelle erreur. S'il ne faut pas
considérer comme des Salons celui de 1706 qui ne dure qu'un jour, ni l'Exposition des œuvres
résultant du concours ouvert par le duc d'Antin en 1727, pourquoi ne pas tenir compte de celle
1: Avant-propos du Livret de 1699.
L'ART.
sait, une décision prise lors de la fondation de l'Académie, en 1648. Les académiciens devaient
exposer, dans la salle des séances de l'Académie, leurs propres ouvrages à côté des travaux des
élèves dont ils dirigeaient l'éducation artistique. Cette partie du règlement, tombée sans doute
dans l'oubli, fut rappelée par une décision de l'Académie du 24 décembre 1663, approuvée par
Colbert en 1666. Les Expositions, fixées à la semaine sainte, ne devaient plus avoir lieu que
tous les deux ans. Nous en notons trois en effet en 1667, 1669 et 1671. Or ce qui nous porte
à croire que nous devons leur accorder une importance réelle, c'est qu'elles furent tenues, hors
de l'Académie, au Palais-Brion. Chacune d'elles en outre se continua pendant un temps assez
long, celle de 1667 du 9 au 23 avril, celle de 1669 du 28 mars au 28 avril. Même durée pour
celle de 1671. 11 nous semble donc difficile de les confondre avec ces solennités de moindre
importance où l'Académie, à l'occasion de certains anniversaires, se contentait d'ouvrir au public,
pendant un jour, la porte des salles où elle tenait ses séances.
Deux ans plus tard, — on suivait, ceci le prouve, un ordre de choses régulier, — s'ouvrait,
également au Palais-Brion, l'Exposition de 1673 (14 août — 4 septembre) qui est considérée,
grâce à son livret rédigé par Perrault, comme la première de toutes. D'autres Expositions ont
lieu en 1675, 1681 et i683, mais il n'en a pas été tenu compte plus que des premières, le second
livret connu portant la date de 1699.
Nous n'insisterons pas davantage sur cette erreur presque certaine et nous ne nous occuperons
que de l'Exposition de 1699 qui a lieu, pour la première fois, au Louvre. On y déploie une pompe
extraordinaire, ainsi que nous en trouvons le témoignage dans la pièce suivante :
« Monsieur Mansard, surintendant et ordonnateur général des bâtiments du roi et protecteur
de l'Académie, ayant représenté à Sa xVlajesté que les peintres et sculpteurs de son Académie royale
auraient bien souhaité renouveler l'ancienne coutume d'exposer leurs ouvrages au public pour en
avoir son jugement et pour entretenir entre eux cette louable émulation si nécessaire à l'avan-
cement des beaux-arts, Sa Majesté a non seulement approuvé ce dessein, mais leur a permis de
faire l'Exposition de leurs ouvrages dans la Grande Gallerie de son Palais du Louvre, et a voulu
qu'on leur fournist du Garde-meuble de la Couronne toutes les tapisseries dont ils auraient besoin
pour orner et décorer cette superbe Gallerie; mais comme elle est d'une étendue immense, ayant
227 toises de longueur, ils ont cru n'en devoir occuper que l'espace de 115 toises en faisant deux
cloisons aux deux extrémités de cet espace.
« Sur la cloison de l'extrémité à gauche en entrant il y a un grand dais de velours vert avec
des grands galons ou de grandes crépines d'or et d'argent, une estrade et un tapis de pied
en dessous avec deux portraits, l'un de Sa Majesté,, et l'autre de Monseigneur, par M. Pierson.
« Ensuite et des deux côtés de la Gallerie sont les tapisseries des Actes des Apôtres faites
sur les dessins de Raphaël, et comme ces tapisseries sont d'une beauté extraordinaire il n'y a
aucuns tableaux dessus, mais seulement des ouvrages de sculpture1..... »
La décoration générale de l'Exposition fit grande impression sur le public et Germain Brice
nous en a rapporté le témoignage dans sa Description de Paris :
« ..... Le public vit avec étonnement des pièces en peinture et en sculpture égales à ce que
l'Italie a de plus merveilleux ; et la quantité surprenante avec la diversité infinie ne causèrent
pas moins d'admiration. Les étrangers les plus indifférents pour les belles choses qu'ils voient
tous les jours à Paris ne purent s'empêcher d'avouer que toute l'Europe ensemble n'aurait pu
fournir de plus beaux ouvrages en peintures modernes que ceux qui furent exposés dans cette
longue et spacieuse galerie, qui en avait été décorée magnifiquement à plusieurs rangs l'un sur
l'autre, dans l'espace de cent quinze toises de chaque côté.
« En 1704, dans le mois de septembre, la même Exposition se ht encore, laquelle dura
plusieurs semaines; on y remarqua encore des nouveautés d'une surprenante beauté. »
Après 1704, nouvelle lacune dans les livrets qui entraîne une nouvelle erreur. S'il ne faut pas
considérer comme des Salons celui de 1706 qui ne dure qu'un jour, ni l'Exposition des œuvres
résultant du concours ouvert par le duc d'Antin en 1727, pourquoi ne pas tenir compte de celle
1: Avant-propos du Livret de 1699.