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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 2)

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Dargenty, G.: Promenade au Salon de 1883
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https://doi.org/10.11588/diglit.19295#0147

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I 20

L'ART.

vu qu'un portrait de femme de M. Paul Dubois qui mérite qu'on s'y arrête. M. Bonnat va de mal
en pis; sa peinture devient opaque, farineuse et plâtrée. Nous retrouvons une Agar, de M. Doucet,
exposée déjà aux Beaux-Arts, qui est bien l'œuvre propre d'un vrai prix de Rome. Encore des
invalides de M. Dawant, je ne m'en plains pas. M. J. P. Laurens rattrape sa première
manière, qui était la bonne. M. Lerolle tente de moderniser et de naturaliser la naissance du
Christ, ça ne fait de mal à personne. M. Lefebvre, toujours distingué et chercheur, expose une
Pandore dont je parlerai plus longuement. MM. Lazerges et Krug se sont rencontrés dans la
même idée. Leurs deux toiles presque identiques ne valent guère mieux Tune que l'autre ; deux
cadavres roulés par le flot et déposés par lui sur la berge.

Nous avons vu une longue suite de paysages. Aucun d'eux ne mérite une mention spéciale.
C'est un cimetière, de M, Hagborg; une Rafale très blafarde, de M. Edmond Yon; un coup
de soleil trop pignoché, de M. Lansyer ; un crépuscule assez faux de ton, de M. Luigi Loir, le
Point-du-Jour, à Auteuil; d'assez beaux arbres, de M. Nozal, qui est en progrès; un coin de bois
bien vibrant, de M. Pelouse; un cimetière en Provence, de M. Montenard, très juste; une
faïence et une tapisserie, de M. Harpignies, qui passe volontiers de Tune à l'autre. Et puis
MM. Hareux, Galerne, Knyff, Allemand, Japy, Hanoteau, Busson, Dutzchhold, Defaux, Dumont,
Casile, Binet, Zuber, et bien d'autres encore, tous gens très habiles et très experts en leur
métier, ont tenu à nous prouver une fois de plus qu'ils ne soupçonnaient pas l'âme de la
nature. La nature morte aussi est rare et je ne m'en plains pas, car elle est représentée par les
maîtres en la matière, MM. Bergeret, Philippe Rousseau et surtout Vollon qui, sous la forme
d'une répugnante éclanche toute pantelante, a peut-être là le plus beau morceau de peinture qui
soit jamais sorti de sa palette endiablée.

Je me garderai bien de dire un mot de la sculpture, que j'ai parcourue au milieu d'une
poussière aveuglante. Des figures tachées, maculées, sales, gauchies sur leur socle, ne doivent
pas être regardées. Je connaissais les deux œuvres capitales de cette exposition, les deux
bas-reliefs de M. Dalou dont nous parlerons longuement et que je crois pouvoir désigner dès
aujourd'hui comme la plus somptueuse manifestation artistique qu'il nous ait été donné de voir
depuis Rude. La gravure s'est particulièrement distinguée cette année. Ce sont d'abord des
mouettes, œuvre originale et personnelle de M. Bracquemond, accompagnée de son eau-forte,
d'après l'Homme à la houe, de Millet. Ces deux belles planches de factures toutes différentes se
complètent l'une l'autre et mettent en relief les qualités exceptionnelles de l'éminent aquafortiste.
Ce sont ensuite les disciples d'Emmaùs, de M. Gaillard, d'après Rembrandt; le Corot, de
M. Chauvel; le Christ, de M. Munkacsy, par M. Waltner; le Menuet, de M. Champollion, qui a su
tirer une belle gravure du mauvais tableau de M. Jacquet; une tête de femme, de M. Pannemaker,
qui est le dernier mot de la gravure sur bois; un burin de M. Achille Jacquet, d'après une vierge
italienne : tous morceaux de choix destinés à vivre et à prendre place dans les collections des
vrais amateurs.

G. Dargenty.

NOTRE EAU-FORTE

Nous publions avec cette livraison l'eau-forte : l'Art n'a pas de patrie, inspirée à M. Rudolf Ernst par ces vers d'Alfred de

Musset :

Un artiste est un homme, il écrit pour des hommes.
Pour prêtresse du temple il a la liberté;
Pour trépied, l'univers; pour éléments, la vie;
Pour encens, la douleur, l'amour et l'harmonie;
Pour victime, son cœur; pour dieu, la vérité.

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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