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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Deshayes, Émile: Considérations sur l'histoire de l'estampe japonaise
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0022

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io L'ART.

« La grande impulsion donnée à l'estampe est due à l'École populaire (l'oukiyo-yé riou), qui,
« d'ailleurs, en a été victime.

« L'impression à l'aide de planches gravées remonte à une date très incertaine.
« D'après une tradition, elle a fait son apparition avec le Dharani-Kio (livre bouddhique),
« publié dans l'ère Ho-Ki (770-780).

« Les premiers dessins obtenus par ce procédé doivent être d'une époque voisine, mais nous
« ne savons rien des progrès accomplis, pendant les huit ou neuf siècles qui suivent, par la
« gravure en noir.

« C'est dans l'ère Gen-wa (1616-1623) que parurent pour la première fois, à Yédo, les
« Itchimai-yé (dessins gravés sur feuilles détachées), connus aussi sous le nom de Yédo-yél.

« De 1673 à 1683, parurent les Tan-yé2 (dessins rouges), qui ont été le point de départ des
« estampes en couleurs. Mais ceux-ci n'étaient encore que des gravures en noir coloriées au
« pinceau en rouge, vert, bleu, jaune.

« On trouve encore des gravures en noir de cette époque, ce qui prouve que les deux genres,
« colorié et non colorié, avaient cours en même temps.

« Toutes ces gravures appartiennent à l'Ecole populaire ; leurs sujets principaux sont : des
« guerriers, des lutteurs, des acteurs, des courtisanes.

« Elles atteignirent leur plus grande vogue vers l'ère Gen rokou (1688-1703) et leur nom de
a Tan-yé (dessin rouge) leur vient sans doute de ce que, de toutes les couleurs employées, la
« rouge attirait davantage les regards. On les avait ainsi désignées pour les distinguer des
« gravures en noir. Au commencement de l'ère Kioho (1716-1735), on remplaça le rouge (Tan)
« par le rouge (Beni)3 et on leur donna le nom de Beni yé.

ce Quand vint la mode d'étendre sur les gravures en noir une couche de colle de peau1 et
ce de les parsemer de poudre d'or5, elles s'appelèrent : Ouroushi yé. Les Dei yé sont des
ce estampes du même genre.

ce En résumé, les Tan-yé, Beni yé, Dei yé et Ouroushi yé se sont succédé entre les périodes
« Empo et Meiwa (de 1673 à 1771 ), mais l'estampe en couleurs n'existait pas encore, bien que
« son invention fût en germe à cette époque.

ce C'est, comme le raconte Kio-Kou-Ichio (célèbre romancier japonais), dans son Kiousko ran,
« un graveur sur bois, nommé Kinrokou, qui eut le premier l'idée de graver en plusieurs cou-
ce leurs.

« Mais il n'utilisa son invention qu'à la confection de calendriers.

ce L'application du nouveau procédé au dessin date de la même époque et est due à Souzouki
« Harounobou, un des maîtres de l'École populaire.

« Les estampes en couleurs obtinrent un succès énorme, et le nom de Adzouma Nishiki-yé6,
« dont elles furent baptisées, rejeta dans l'ombre les dénominations anciennes et autrefois popu-
ec laires. Il en existe encore un grand nombre signées des Torii, des Ishikawa, des Kitao et
« d'autres, attestant que ces peintres abandonnèrent les vieux procédés pour les nouveaux.

« Harounobou mourut la septième année à Meiwa (1770), cinq ou six ans après son inven-
« tion, sans avoir eu le temps de la perfectionner.

« Son successeur, Katsoukawa Shouncho, s'adonna au nouveau genre, et, vers les époques
« Temmeï et Kouan seï ( 1781 à 1800), l'impression en couleurs s'améliora sensiblement et la
<c réputation des Nishiki-ye se répandit dans le monde entier.

1. Le plus ancien livre illustré actuellement connu est Visé monogatitri, paru en 1608.

2. Tan, oxyde rouge de plomb. {Pictorial Arts of Japan, p. 172)-

3. Beni ou Beniko, carthame en poudre employée comme rouge [Pictorial Arts of Japan, p. 173), traduit simplement « rouge » dans le
dictionnaire de Takahashi goro. Le Benigara est un oxyde rouge de fer.

4. Appelée Nikawa, obtenue en faisant bouillir la peau du bœuf (Pictorial Arts, p. 167). Il n'est nullement question pour ces Ouroushi ye
de l'emploi de laque, bien que les mots Ourousi-ye veuillent dire dessin en laque.

5. Kin dei.

6. Adzouma veut dire Est, mais est employé ici pour Yedo, la capitale de l'Est. Niskiki-ye veut dire dessins de plusieurs couleurs.
 
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