Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1903

DOI issue:
Nr. 1 (3 Janvier)
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19758#0012
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
2

LA CHRONIQUE DES ARTS

fait don à ce musée d'une collection impor-
tante. M. Quentin-Bauehart, qui a rapporté les
crédits pour la création du personnel qui sera
attaché au musée, a fait aussi nommer une
commission de surveillance, dont font partie
MM. Dausset, Galli, Pannelier, Quentin-Bau-
chart et Froment-Meurice.

Gete semaine a eu lieu, sous la prési-
dence de M. Carolus Duran, l'assemblée géné-
rale de la Société nationale des Beaux Arts,
qui a procédé au renouvellement du tiers des
membres de la délégation pour trois ans.

Ont été élus: MM. Carolus Duran, Rodin,
Roll, Besnard, Montenard, Mathey, Injalbert,
Courtois, Friant, Barlholomé, Lagarde.

Le Peuple aux Invalides, toile impor-
tante de M. Jules-Benoît Lévy, qui figura au
Salon de 1899, vient d'être achetée pour le
musée de Châtellerault.

Le peintre H.-W. Mesdag va faire don" à
l'État hollandais de sa riche collection de ta-
bleaux et d'oeuvres d'art, ainsi que de l'hôtel
qui la renferme. Il en conserverait la direction
jusqu'à sa mort et se réserverait la liberté de
la compléter à sa guise.

Le musée Mesdag, que seuls quelques privi-
légiés étaient admis à visiter, serait désormais
ouvert au public. 11 comprend actuellement
environ 300 tableaux, parmi lesquels 20 Dau-
bigny, 7 Rousseau, 3 Millet, 12 Corot, 7 Cour-
bet, 3 Monticelli, etc. Les maîtres hollandais
sont représentés par 3 tableaux dTsraels, 3 de
Willem Maris, 4 de Jacob Maris, 8 de Mauwe, etc.

Ce don, vraiment royal, est un des plus im-
portants qui aient jamais été faits à l'État
néerlandais.

Un groupe de Strasbourgeois vient de
constituer une Société par actions, à responsa-
bilité limitée, pour la création d'un musée
ethnologique alsacien. Cette Société a pour but
de rassembler ce qui a rapport à l'art alsa-
cien et aux traditions du passé, de faire re-
vivre des souvenirs qui tendent à s'effacer, de
conserver à l'avenir une image de ce que fut
l'Alsace.

L'École Néerlandaise Primitive au Louvre

(GQLIN DE COTER — BERNARD VAN ORLEY)

En dressant, dans le numéro du 13 décembre
dernier de la Chronique des Arts, le bilan som-
maire des enrichissements d-s notre section néer-
landaise des xv et xvi» siècles pendant l'année
1902, je ne prévoyais pas que durant la court laps
de temps q d sépara cotte date des premiers jours
de 19U3, deux pièces nouvelles et importantes
viendraient s'ajouter à celles que je citais alors.

La première — je les énumère par ordre chro-
nologique — est un don. La seconde est une ac-
quisition.

En France, depuis longtemps, la tradition et la
mode (qu'on nomme présentement « snobisme »)
ont conspiré à donner le pas aux écoles italieanes
sur les écoles du Nord, sur celles dites « flaman-
des », notamment. On s'en aperçoit à la place exi-

guë qu'occupent ces dernières dans nos musées, et
dans notre grand musée national tout le premier.
Voyez les deux petits cabinets où bientôt J. van
Eyck et Memling, Massys et Mabusc, n'auront
plus leur quantité d'air respirable. Comparez-les à
cette belle chapelle italienne qu'on appelle la Salle
des sept mètres, continuée par mainte travée de
la Grande Galerie ; comparez-les môme à la travée
allemande (sans parler des deux grandes salles
françaises d'avant le xvx siècle). Certes, on ne
saurait disconvenir du charme qui se dégage des
débuts de l'art italien, de la beauté qui s'épanouit
ensuite en sa fleur printanière. Mais un charme
d'autre sorte opère aussi dès l'éclatante aurore de
l'art flamand ; un parfum parfois moins enivrant,
souvent plus délicat, plus pénétrant, s'en exhale.
J'en app.lle ici aux témoignages historiques,abon-
dants et sûrs, qui nous montrent les Italiens des
xv" et xvi° siècles passionnément épris d'art fla-
mand, do.la peinture flamande surtout. Personne
plus qu'eux, sans doute, s'ils pouvaient revenir
parmi nous, ne serait surpris de l'injuste inéga-
lité qui régna et subsiste dans nos musées entre
les deux arts contemporains d'alors. Il est temps
de faire cesser cotte double et criante injustice,—
je dis « double », parce qu'elle est telle, non seu-
lement dans l'ordre historique, mais même dans
l'ordre esthétique. Il faut ramener à nn niveau
plus équitable les deux plateaux trop distants de
ia balance. Et c'est aussi notre strict et impérieux
devoir de Français : l'histoire de notre art natio-
nal, aux époques précitées, se trouve on rapport
constant et étroit avec l'art néerlandais, aussi bien
à Avignon, Aix, et même Tours et Angers, qu'à
Dijon, Beaune, Lille, Arras et Tournai.

Il est fort possible que ce Colin de Coter, dont
j'entretenais, il y a quinze jours, les lecteurs de la
Chronique, ne soit pas né fort loin de cette der-
nière cité de Tournai, patrie de Robert Campin,
de Jean Darot, de Rogier de la Pasture. S'il S3
rapproche do ce dernier et doit se ranger clans
l'école qu'il fonda à Bruxelles, il ne semble pas
moins tenir à Jan van Eyck par plus d'un point. Je
n'insisterai que sur un seul de ces points, aujour-
d'hui : Colin do Coter est un des rares maîtres
flamands du xv° siècle qui se complaise à signer
ses œuvres de son nom. Il a co trait commun avec
Petrus Cristus, avec Antonello de Messine aussi,
cet Halo-flamand, — lesquels suivent en cela l'exem-
ple do Jan van Eyck Ceci dit pour expliquer une
part importante de l'intérêt qui s'attache au volet
de triptyque de Golin de Coter, tout récemment
offert au Louvre par M. Lucien-Claude Lafontaino,
de Paris, avec une si parfaite bonne grâce, une
générosité si spontanée, qu'elle double le prix du
don, et laissera un souvenir inoubliable. Je n'ex-
prime ici, par anticipation, qu'une faible part des
remerciements qui sont dus à M. L.-Claude Lafon-
taino, un de ces rares amateurs et collectionneurs
dont le goût égale la modestie.

Son volet droit de triptyque, provenant de
Saint-Omer, représente les trois Saintes Femmes
en pleurs. Celle d'entre elles qui est le plus en
évidence porte le nom de l'artiste inscrit sur la
bordure du bas de sa robe, avec l'indication de
Bruxelles, capitale du Brabant, tout comme dans
le tableau do Vieure Saint Luc peignant la
Vierge. Pas de date, malheureusement. Mais ce
qui nous rend co volet doublement précieux, c'est
que nous possédions, dans nos dépôts du Louvre,
 
Annotationen