ET DE CURIOSITE
189
tion latine trouvée à Thessalonique et destinée à
un monument élevé par un comte cle Macédonie à
la mémoire de ses deux nièces, jeunes Gauloises
nommées Victoria et Valeriosa.
Société Française de Numismatique
Séance du 6 avril
M. Bouclier étudie des médailles-calendriers du
commencement du xixe siècle.
Le docteur Bailhache fait connaître deux pièces
inédites d’Henri III de l’atelier de Narbonne.
M. Bordeaux présente des documents officiels
relatifs aux contrefaçons de monnaies en métal de
cloche et aux moyens de reconnaître la fausse
monnaie. Il signale ensuite des deniers de Beau-
vais fixés au sceau d’un acte conservé aux archi-
ves de la collégiale de Saint-Michel de Beauvais.
M. Dieudonné lit une note sur une petite mon-
naie dite « bourgeois », et M. Blanchet, une autre
sur une trouvaille d’oboles de Marseille en 1366.
Ges monnaies, d’après les inventeurs, ressem-
blaient aux jetons de jeu en plomb que l’on appe-
lait alors des polhanquins.
Séance du J mai
Le comte de Gasteilane signale une pièce pro-
vençale de Jeanne de Naples.
M. Adrien Blanchet, au nom de M. Luneau,
produit deux médailles de la Révolution.
Le commandant Babut présente la plaquette
commémorative du centenaire du train des équi-
pages militaires.
Le docteur Bailhache lit un document relatif à
la confection de deux coins à la Monnaie de Paris
joour le compte de l’atelier de Bennes.
M. Bordeaux communique une lettre de M. Doulé
signalant un liard inédit de l’atelier de Gaen, puis
lit un mémoire sur la fabrication des monnaies en
métal de cloche sous la Révolution.
CORRESPONDANCE DE BELGIQUE
L’EXPOSITION ALFRED STEVENS A BRUXELLES
ET A ANVERS
L’exposition Stevens, ouverte à Anvers après
Bruxelles, ne procure pas seulement une joie in-
tense aux amis de belle peinture; elle reconstitue
avec éloquence la carrière du maître. Certains
eussent préféré une sélection plus rigoureuse ;
d'autres déplorent l’absence de telle page dont
l’impression fut grande à l’origine. Ges derniers
ont surtout raison. Pour eux, le grand artiste re-
présente dès l’heure actuelle, comme il marquera
pour la postérité, sous sa forme la plus attrayante,
« la modernité ». Entendez par là la traduction la
plus scrupuleuse des élégances parisiennes du
second Empire.
« Peindre son temps, c’est faire œuvre d’histo-
rien. » L’aphorisme caractérise toute une époque ;
il oppose les peintres à qui d’autres fournissaient
leurs données, à ceux qui avaient le bon esprit de
les choisir, ceux-là réputés supérieurs.
Interprète par excellence de la physionomie de
son temps, d’une certaine physionomie, si l’on pré-
fère, Stevens, chose intéressante, avait lui-même
débuté comme « peintre d’histoire ». Il le fut, et offi-
ciellement, encore, à un âge où le titre, avidement
recherché, n’appartenait qu’à une élite. Et Stevens,
dont une seule œuvre, que nous sachions, fit, à
cette époque, l’objet d’une gravure, trouva un
interprète dans le plus classique des graveurs,
Luigi Calamatta, le fameux traducteur de la
Joconde et du Vœu de Louis XIII. Le Stevens
d’alors n’égalait pas celui que l’on devait con-
naître plus tard. Il n’en avait ni l’éclat, ni la
prodigieuse technique. Pourtant, sa valeur n’était
point méconnue et, vraiment, l’exhumation de
ce lointain passé n’offre pour le peintre rien
que d’honorable. Les premières œuvres de son
pinceau : L'Amour de l'or, La Confession ; d’au-
tres scènes, quelque peu romantiques, n’étaient
point de celles qu’il dût répudier comme indignes
de son pinceau.
En très grande majorité, les œuvres réunies à
Bruxelles et à Anvers procèdent de collections bel-
ges, Elles reconstituent par leur variété l’ensem-
ble de la carrière de leur auteur et retracent avec
une véritable éloquence la longue période parcou-
rue. Né en 1823, Stevens échappa aux influences
outrancières du romantisme d’Anvers. S’il rappe-
lait volontiers son passage par l’atelier de Navez,
il n’en garda nulle empreinte. Autant que de Groux,
son condisciple, et de deux ans son cadet, il fut
aux avant-postes dans la lutte contre le rigo-
risme étroit de l’ancien élève de David. G allait
eut un moment ses préférences, à en juger par Le
Jeune dessinateur, aimable petite page datée de
1849, moment de la vogue du peintre de l'Abdi-
cation de Charles-Quint. Les Regrets de la Patrie
(1851), le Découragement de l'artiste (1852), la Le-
çon de musique, montrent une orientation décidée
vers Robert Fleury. Le jeune peintre, dès ce mo-
ment, était gagné aux influences parisiennes ; il
avait traversé l’atelier de Roqueplan et l’on con-
state qu’il en emporta les goûts fastueux, un
moment abandonnés pour suivre Gh. de Groux.
Le Mercredi des Cendres, du musée de Marseille,
reflète vivement l’œuvre d’ailleurs remarquable par
laquelle de Groux inaugura son évolution moder-
niste : le Matin cl’un jour de fête. Puis, la palette
du jeune peintre s’assombrit avec ses idées. Sous
la double influence de son jeune compatriote et
de Courbet, il conçoit le tableau remarquable,
quelque peu malmené par la critique parisienne,
en 1855 : Ce qu'on nomme le vagabondage. Par
la neige une malheureuse femme, emmenée par des
chasseurs de Vincennes, reçoit l’aumône d’une élé-
gante. Mais, autant que de Groux, Stevens puisa
plus d’une leçon dans les théories du maître-pein-
tre d’Ornans et le souvenir de Y Enterrement se
traduit dans la Consolation, page exquise de la
galerie Ravené, à Berlin : la dame en pleurs, se
voilant la face de son mouchoir, procède en droite
ligne de Courbet.
Définitivement fixé à Paris, où déjà son aîné,
Joseph, moissonnait des succès retentissants comme
animalier, Alfred, en rapides étapes, s’acheminait
vers la célébrité.
On connaît sa lettre du 13 j uin 1892, à Florent
Willems, empreinte d’un si cordial souvenir. Elle a,
peut-on dire, l'importance d’un document d’his-
toire : « Si je suis devenu un peintre de talent,
189
tion latine trouvée à Thessalonique et destinée à
un monument élevé par un comte cle Macédonie à
la mémoire de ses deux nièces, jeunes Gauloises
nommées Victoria et Valeriosa.
Société Française de Numismatique
Séance du 6 avril
M. Bouclier étudie des médailles-calendriers du
commencement du xixe siècle.
Le docteur Bailhache fait connaître deux pièces
inédites d’Henri III de l’atelier de Narbonne.
M. Bordeaux présente des documents officiels
relatifs aux contrefaçons de monnaies en métal de
cloche et aux moyens de reconnaître la fausse
monnaie. Il signale ensuite des deniers de Beau-
vais fixés au sceau d’un acte conservé aux archi-
ves de la collégiale de Saint-Michel de Beauvais.
M. Dieudonné lit une note sur une petite mon-
naie dite « bourgeois », et M. Blanchet, une autre
sur une trouvaille d’oboles de Marseille en 1366.
Ges monnaies, d’après les inventeurs, ressem-
blaient aux jetons de jeu en plomb que l’on appe-
lait alors des polhanquins.
Séance du J mai
Le comte de Gasteilane signale une pièce pro-
vençale de Jeanne de Naples.
M. Adrien Blanchet, au nom de M. Luneau,
produit deux médailles de la Révolution.
Le commandant Babut présente la plaquette
commémorative du centenaire du train des équi-
pages militaires.
Le docteur Bailhache lit un document relatif à
la confection de deux coins à la Monnaie de Paris
joour le compte de l’atelier de Bennes.
M. Bordeaux communique une lettre de M. Doulé
signalant un liard inédit de l’atelier de Gaen, puis
lit un mémoire sur la fabrication des monnaies en
métal de cloche sous la Révolution.
CORRESPONDANCE DE BELGIQUE
L’EXPOSITION ALFRED STEVENS A BRUXELLES
ET A ANVERS
L’exposition Stevens, ouverte à Anvers après
Bruxelles, ne procure pas seulement une joie in-
tense aux amis de belle peinture; elle reconstitue
avec éloquence la carrière du maître. Certains
eussent préféré une sélection plus rigoureuse ;
d'autres déplorent l’absence de telle page dont
l’impression fut grande à l’origine. Ges derniers
ont surtout raison. Pour eux, le grand artiste re-
présente dès l’heure actuelle, comme il marquera
pour la postérité, sous sa forme la plus attrayante,
« la modernité ». Entendez par là la traduction la
plus scrupuleuse des élégances parisiennes du
second Empire.
« Peindre son temps, c’est faire œuvre d’histo-
rien. » L’aphorisme caractérise toute une époque ;
il oppose les peintres à qui d’autres fournissaient
leurs données, à ceux qui avaient le bon esprit de
les choisir, ceux-là réputés supérieurs.
Interprète par excellence de la physionomie de
son temps, d’une certaine physionomie, si l’on pré-
fère, Stevens, chose intéressante, avait lui-même
débuté comme « peintre d’histoire ». Il le fut, et offi-
ciellement, encore, à un âge où le titre, avidement
recherché, n’appartenait qu’à une élite. Et Stevens,
dont une seule œuvre, que nous sachions, fit, à
cette époque, l’objet d’une gravure, trouva un
interprète dans le plus classique des graveurs,
Luigi Calamatta, le fameux traducteur de la
Joconde et du Vœu de Louis XIII. Le Stevens
d’alors n’égalait pas celui que l’on devait con-
naître plus tard. Il n’en avait ni l’éclat, ni la
prodigieuse technique. Pourtant, sa valeur n’était
point méconnue et, vraiment, l’exhumation de
ce lointain passé n’offre pour le peintre rien
que d’honorable. Les premières œuvres de son
pinceau : L'Amour de l'or, La Confession ; d’au-
tres scènes, quelque peu romantiques, n’étaient
point de celles qu’il dût répudier comme indignes
de son pinceau.
En très grande majorité, les œuvres réunies à
Bruxelles et à Anvers procèdent de collections bel-
ges, Elles reconstituent par leur variété l’ensem-
ble de la carrière de leur auteur et retracent avec
une véritable éloquence la longue période parcou-
rue. Né en 1823, Stevens échappa aux influences
outrancières du romantisme d’Anvers. S’il rappe-
lait volontiers son passage par l’atelier de Navez,
il n’en garda nulle empreinte. Autant que de Groux,
son condisciple, et de deux ans son cadet, il fut
aux avant-postes dans la lutte contre le rigo-
risme étroit de l’ancien élève de David. G allait
eut un moment ses préférences, à en juger par Le
Jeune dessinateur, aimable petite page datée de
1849, moment de la vogue du peintre de l'Abdi-
cation de Charles-Quint. Les Regrets de la Patrie
(1851), le Découragement de l'artiste (1852), la Le-
çon de musique, montrent une orientation décidée
vers Robert Fleury. Le jeune peintre, dès ce mo-
ment, était gagné aux influences parisiennes ; il
avait traversé l’atelier de Roqueplan et l’on con-
state qu’il en emporta les goûts fastueux, un
moment abandonnés pour suivre Gh. de Groux.
Le Mercredi des Cendres, du musée de Marseille,
reflète vivement l’œuvre d’ailleurs remarquable par
laquelle de Groux inaugura son évolution moder-
niste : le Matin cl’un jour de fête. Puis, la palette
du jeune peintre s’assombrit avec ses idées. Sous
la double influence de son jeune compatriote et
de Courbet, il conçoit le tableau remarquable,
quelque peu malmené par la critique parisienne,
en 1855 : Ce qu'on nomme le vagabondage. Par
la neige une malheureuse femme, emmenée par des
chasseurs de Vincennes, reçoit l’aumône d’une élé-
gante. Mais, autant que de Groux, Stevens puisa
plus d’une leçon dans les théories du maître-pein-
tre d’Ornans et le souvenir de Y Enterrement se
traduit dans la Consolation, page exquise de la
galerie Ravené, à Berlin : la dame en pleurs, se
voilant la face de son mouchoir, procède en droite
ligne de Courbet.
Définitivement fixé à Paris, où déjà son aîné,
Joseph, moissonnait des succès retentissants comme
animalier, Alfred, en rapides étapes, s’acheminait
vers la célébrité.
On connaît sa lettre du 13 j uin 1892, à Florent
Willems, empreinte d’un si cordial souvenir. Elle a,
peut-on dire, l'importance d’un document d’his-
toire : « Si je suis devenu un peintre de talent,