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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

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Numéro 113 (3 Janvier 1833)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0009

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3m0 ANNÉE.

Numéro 115. —

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adresse, franco,
à M. Louis Desnoyers (Derville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Yéro-Dodat. —
Tout ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à
M. Ch. Philipon.

CASTICAT RIDESDO MORES.

Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, à M, Ch. PHILIPON, directeur
du journal, au Bureau delà Caricature , galerie Vcro-
Dodat, au-dessus du grand Magasin de Lithographies
d’Aubert.

POLITIQUE , MORALE , LITTERAIRE ET SCÉNIQUE.


Cinquième dessin ïie l’SlsëjJctatiott.

DESSIN DU MOIS DE DECEMBRE l832.

LA FENAISON.

Mathieu Laensberg a fourni à Grandville et à M.,.. le sujet de cette composition. La Fe-
naison est un résumé de l'histoire politique de l’Europe. Ce n’est point là une prédiction,
c’est le tableau de ce qui se passe en cè moment. Le Français, travaillé depuis cinquante
ans par les idées républicaines, fauche ses rois, qui renaissent toujours de leurs hrahehes ;
XAnglais se repose, et reprend haleine en réformant sa faux ; le malheureux Polonais
fauche aussi, mais sa récolte sera mauvaise; derrière lui, l’Allemagne commence sa be-
sogne , et l’Espagne , de l’autre côté, se met mollement en train; les Papahns aiguisent
leurs outils , et dans le fond, la Grèce travaille sur un terrain mal cultivé , mais plein de
sève. Pendant, ce temps, le Russe dort à l’ombre de la plus belle végétation possible de
knouts et d’aigles à deux tètes.

Cette ligure imposante qui préside à la moisson, c’est la Liberté. Elle dit aux travailleurs :
Coupes aussi bas que vous pouvez les montons des tiges qui ont porté.

Voilà comment nous comprenons la caricature. Dans nos mains, elle n’est pas seulement
une bambochade , une image grossière sans idée, sans goût et surtout sans but; nous
ne l’avilissons pas à insulter des prisonniers, à rire d’assassinats et de noyades; nous
n’employons pas ce qu’elle a de malice et d’esprit à représenter un chien qui lève la patte
contre une borne. Non. La caricature , avec nous, est quelque chose de plus grand; elle
prend toutes les formes, tous les caractères ; elle joue tous les rôles ; elle est rieuse, sévère,
lugubre-ou folle , mais elle a toujours une sage raison pour agir ainsi. Nous en faisons tour à
tour un miroir pour les ridicules , un sifflet pour les sols, un fouet pour les méchans, et
pour tout le monde une lanterne magique qui peint tantôt un cimetière, tantôt une mas-
carade , ou qui met en regard les bals de la cour et les cachots de la prison, dans un but
utile et populaire. Aujourd’hui, elle a voulu présenter le' tableau de l’Europe occupée à
réaliser le pronostic de Napoléon : c’est une histoire impartiale et vraie, dont la lecture
n’est ni longue, ni fatigante.

La caricature, notre enfant chérie, grandit etrse développe à vue d’œil : le climat de la
France est celui qui lui convenait le mieux, nous nous félicitons de l’avoir amenée en ce
pays. Cette enfant, bien dirigée, fera son chemin , et sera quelque jour l’orgueil de sa
famille. Qn’elle soit utile à la sainte cause que nous servons , et, en bon père, nous ne re-
gretterons jamais les peines et la. prison que son enfance nous aura coûtées.

MANIÈRE SIMPLE ET FACILE

DE PROTÉGER LA MORALE PUBLIQUE, A L’USAGE DE TOUTES LES POLICES
PASSÉES, PRÉSENTES ET FUTURES.

Il faut une police, c’est clair. Le moyen de vivre heureux sans mou-
chards , sans sergens de ville, et autres ingrédiens gouvernementaux
de la même espèce. On nous l’a bien prouvé; et pour moi, depuis les

mascarades de mouchards au 6 juin, tous les élémens du bonheur
d’un peuple se résument en Vidocq. C’est mon type. Heureuse France,
tu as un Vidocq ! Cependant, je veux bien qu’à la rigueur on puisse
vivre sans police ; mais les bonnes mœurs outragées, qui les vengera ?
Décidément il faut une police.

Puisque nous sommes d’accord sur ce point, voyons comment on
s’y prendra pour venger ces susdites bonnes mœurs. Un'- supposition,
vous avez une police ; vous lui dites : Police, protége-moi les bonnes
mœurs. Or, par la même raison que, pour faire un civet, il faut un
lièvre ou quelque chose d’approchant, donnez des mœurs à la police ;
dites-lui ce que c’est que les mœurs, si vous voulez quelle protège les
mœurs. Les bonnes mœurs, c’est la pudeur de tous les individus généra-
lement quelconques ; c’est bien. Elle se servira, par économie, de la
pudeur de ses sergens de ville ; voilà pour les mœurs ; mais ce n’est
pas tout; il faut des mœurs outragées. Comment diable protéger les
mœurs outragées, s’il n’y pas eu d’outrage. C’est comme si vous disiez
à M. le général du Dessert de dissiper les groupes. Il vous dirait :
Fournissez-moi au moins les groupes ; que j’aie un pauvre petit
groupe, d’un individu au moins, et alors je dissiperai. C’est trop
juste. Eh bien ! on ne veut pas fournir l’outrage à la police, on veut
qu elle se charge de fournir la pudeur et l’outrage ; l’outrage sera
donc sa fourniture, son industrie. La police ne se le fait pas dire deux
fois; vite elle se confectionne un outrage bien conditionné, avec
tous les accessoires. C’est beau, bien fait, solide. C’est un outrage qui
fera un fameux usage, vous n’en verrez pas la fin. C’est ici que com-
mence la recette.

La police choisit un marchand quelconque, M. Goin , par exemple,
bon et simple ouvrier. On lui adresse de province, de Périgueux,
je suppose, une lettre datée du a3 juin i832, dans laquelle on
lui demande des gravures défendues, les plus défendues possible,
car il faut un outrage soigné; on pousse même la bonté jusqu’à lui
désigner le titre de chaque gravure. Huit jours après, on fait déposer
chez M. Goin, par un homme dévoué aux bonnes mœurs, précisément
les gravures désignées dans la lettre d’annonce, sous prétexte de les
faire colorier par sa femme, qui est coloriste. Le 19 juillet, une lettre
anonyme annonce à M. le procureur du roi que le nommé Goin vend
des gravures défendues. Aussitôt, la pudeur privée du magistrat irré-
prochable est outragée dans l’intérêt de la pudeur publique ; il envoie,
 
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