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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

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Numéro 114 (10 Janvier 1833)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0015

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- Numéro 114 # O «B

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. Louis Desnovers (Derville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Véro-Dodat.—
Tout ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à
M. Cii. Philjpon.

3m* ANNÉE.

CiSTIGAT RIDEHDO MORES.

10 JANTIER 1

Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, à M. Ch, PHILIPON, directeur
du journal, au Bureau delà Caricature, galerie Véro-
Dodat , au-dessus du grand 'Magasin de Lithographies
d’Aubert.

POLITIQUE, MORALE, LITTERAIRE ET SCÉNIQUE.


ESPRIT DE LA FAMEUSE SÉANCE DE LA CHAMBRE ,
DU SAMEDI 5 JANVIER 1855.

Je vous prie de croire que je n’entends ici par le mot esprit qu’un
résumé, un extrait, un alambiquage, une espèce d’eau-de-vie, de trois-
six, et pas autre chose, de la fameuse séance du 5, laquelle continue
d’absorber toute l’attention publique. C’est qu’en effet il s’y est dit de
si étranges naïvetés, de si désolantes bêtises, qu’elle mérite de trou-
ver place en raccourci dans la Caricature. Nous nous bornerons à en
resserrer le texte, sans nous permettre d’y rien ajouter de notre fa-
çon : MM. Tliiers et de Broglie sont pour nous de trop excellens col-
laborateurs pour que nous nous permettions d’amender leurs plaisan-
teries.

Or, M. Sapey, rapporteur des pétitions relatives à la duchesse de
Berry, s’est d’abord exprimé ainsi :

M. Sapey. — « Messieurs, plusieurs pétitions ont été adressées à la
Chambrepardifférensparticuliers,etnotammentpar M. Bec-de-lièvre.
(Ici M. Barbet s'agite sur son banc et M. Levraut saute sur son siège.)
Parmi ces pétitions, les unes concluent à la mise en jugement de la
duchesse; les autres concluent à sa mise en liberté; les dernières ne
concluent à rien du tout. — Vous voyez, Messieurs, que je me suis at-
taché à faire une analyse aussi fidèle que possible de ces différentes
pétitions, en la réduisant aux questions de fait et de droit qu’elles
soulèvent. —• La commission conclut à ce que la Chambre passe à
l’ordre du jour, attendu qu’il s’agit d’une question judiciaire; sauf au
pouvoir judiciaire à s’abstenir, attendu qu’il s’agit d’une question po-
litique. »

M. de Broglie. « —Messieurs, je serai clair. (Étonnement général.)
Quand nous avons pris la duchesse de Berry, que nous faisait-elle ?
La guerre. Elle est donc prisonnière de guerre. Or, on ne juge pas les
prisonniers de guerre, on se contente de les condamner. Et d’ailleurs,
que réclame-t-on ? Un jugement. Que produirait ce jugement? La
détention. Eh bien ! puisque nous avons déjà la détention, je ne vois
pas pourquoi nous irions demander le jugement : il y aurait tout à
perdre et rien à gagner.

« Peut-être, Messieurs, me parlera-t-on de la Charte, du droit com-

mun, de la raison, de la justice, de l’humanité, qui veulent de deux
choses l’une : ou que l’on rende à la duchesse de Berry la liberté à la-
quelle elle a droit si elle est innocente, ou qu’on ne la retienne pas
arbitrairement, sans jugement, sans condamnation, si elle ne l’est pas.
Ce double argument est spécieux, je dirai même qu’il est irréfutable.
Mais qu’importe? Nous n’avons cessé depuis deux ans et plus de violer
la Charte, le droit et le sens communs, la raison, la justice et l’huma-
nité.

« Dans une circonstance toute semblable on fit un argument tout
pareil. L’argument était sans réplique. La Chambre n’en a pas tenu
compte. Elle ne se laissa point emprisonner dans le lien d’une raison
étroite. Vous avez dédaigné l’objection, vous avez sagement fait de la
dédaigner.

« Au surplus, que la duchesse subisse sa peine sans être jugée, soit;
mais la juger, à quoi bon? Nous sommes trente millions contre six
personnes. C'est bien assez. (Rires aux extrémités.) Que si vous la ju-
giez, quoique vous soyez trente millions contre six personnes, 'vous
verriez accourir de toutes les extrémités du royaume les ennemis du
gouvernement actuel. Ce n’est ni par cent ni par mille, c’est par cen-
taines de mille, et que dis-je ? c’est par millions qu’il faudrait les
compter. » (Agitation, j

M. Mauguin. — « Koilà des notes précieuses pour l’étranger ! »

M. Audry de Puyraveau.—-« Il faut espérer qu’ils en feront usage!»

M. Laboissière.— « Laissez faire ; la sainte alliance, ne les laisse/ a
pas tomber ! » (On rit.)

M. de Broglie , reprenant. — « Croyez-vous qu’il y ait assez de
toutes les forces dont le gouvernement peut disposer pour protéger
tantôt la télé des juges, tantôt celle de l’accusée ?

« Vous avez vu la révolution de juillet, vous n’avez rien vu ; vous
avez vu l’émeute de décembre, vous ri avez rien vu ; vous avez vu l’é-
meute de février, vous n’avez rien vu ; vous avez vu les 5 et 6 juin,
vous n’avez rien vu ; vous avez vu l’attentat horrible, vous n’avez
rien vu. » •—(M. Corcelles : c’est vrai.)

— « C’est maintenant que vous allez voir ce que vous allez voir, ou
plutôt, non, nous ne vous ferons rien voir, il y aurait trop de danger
pour ce pouvoir fort et inébranlable qui règne par l’assentiment uni-
versel. J’ai. dit. »

M. Thiers, à la tribune. — «Mon honorable collègue vous a dit :
 
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