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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

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Numéro 117 (31 Janvier 1833)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0032

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3nl* ANNÉE.

■ —Numéro 117. —--

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. Louis Desnoyers (Derville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Véro-Dodat.—
Tout ce qui a rapport aux. dessins doit être adressé à
M. Cii. Philiïon.

CA5T1GAT JUDEEDO MORES.

51 JANVIER 1855.

Les réclamations, abonnemcns et envois d’argent doivent
être adressés, franco, à M. Ch. PHILIPON, directeur
du journal, au Bureau delà Caricature, galerie V éro-
Dodat, au-dessus du grand Magasin de Lithogragihies
d’Aubert.

POLITIQUE , MORALE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.

AVIS.

Nous rappellerons à nos abonnés que le moyen d’éviter tout retard
dans la réception du journal, c’est de ne pas attendre le dernier mo-
ment pour renouveler leur souscription.

On souscrit chez tous les libraires et directeurs des postes, ou bien
en adressant franco à M. Aubert, galerie Véro-Dodat, le prix de
T abonnement par un bon sur la poste.

Apportant. la plus grande attention à T exécution et au départ de
nos bandes, nous invitons les souscripteurs de i.a Caricature qui ne
recevraient pas les numéros auxquels ils ont droit, à faire légale-
ment constater celte absence, afin de nous donner les moyens d'exer-
cer nos poursuites contre qui de droit.

■TBtaa»-—•

PROCÈS DE LA CARICATURE.

AUDIENÇE DU 28 JANVIER. — PRÉSIDENCE DE M. DUPUY.

Nos lecteurs se rappellent sans doute que la Caricature publia ,
dans son dernier numéro du 7 juin dernier, un aiticle intitulé Au-
topsie, dans lequel se trouvait le passage suivant :

(c Si Louis-Philippe lui-méme, Louis-Philippe que nous vénérons tous, que nous admi-
rons tous, que nous adorons tous; hé bien! si Louis-Philippe venait à tourner l’œil , ce
qu’à Dieu ne plaise ! et que ses deux ou trois cents médecins se prissent à le découper
comme un gigot de mouton , et à nous en jeter les lambeaux dans le journal du lendemain ;
chacun, faisant trêve à ses larmes, se dirait avec indifférence : a Gomment! c’est là ce
« puissant monarque ! Ce grand roi, qui eut tant de génie, n’avait, dans sa boité osseuse,
<c qu’une si petite cervelle! ce guerrier .si vaillant, ce héros de Jemmapes, ce prince si
<( chatouilleux pour l’honneur de la France, n’avait qu’un si petit cœur! et enfin, il y
« avait dans le colon de Sa Majesté, comme dans tous les colons du monde, des matières
k pullacées ! Ma foi! pleure qui voudra, je n’en ai plus envie ! Allons boire ! »

Le même numéro était accompagné d’une lithographie représentant
le monument de la place de la Révolution surmonté d’une poire colos-
sale. Voici le passage incriminé du texte qui l’accompagnait 1

« J’ai sans doute bien démontré qu’il me suffit d’être le gérant de la Caricature, pour
pouvoir raisonnablement proposerw’érection d’une statue au Juste-Milieu. Yoici mon
projet :

« Une poire colossale sur un piédestal bien simple, bien bourgeois, et sur ce piédestal
l’addition suivante : 27, 28, 29. Résultat : 00."

a C’est un calcul qui pèche quelque peu contre les règles de l’arithmétique et de la rai -
son : raison de plus.

« Cé monument serait érigé sur là place dé la Révolution, non poilr établir lé ttioindre
rapprochement, mais pour rappeler à tout le monde que les journées populaires ont quel-
quefois un autre résultat que fcéro, et qu’il y aurait de l’iliîprudence à recommencer un
calcul comme celui du piédestal.

M. le procureur du roi ayant vu, dans ces divers passages, ainsi
que dans la lithographie, le délit d’outrage à la personne du roi, fit
procéder à la saisie de ce numéro, et dirigea contre M. Philipon, en
qualité de gérant, et contre M. Aubert, en qualité de distributeur
de la Caricature, une accusation qui les amenait, le 28, devant la
Cour d’Assises.

M. Philipon se déclare géran{ de la Caricature, et accepte la res-
ponsabilité des articles incriminés. — M. Aubert répond qu’il reçoit
chez lui les abonnemens à ce journal comme le font tous les libraires.

Trois témoins ont été cités à la requête de M. Philipon : MM. Bascans, Pinel et Re'nard.

M. Pécourt, substitut, demande que le prévenu s’explique sur les faits qu’il désire éta-
blir.

M. Philipon. A l’e'poque de la publication de ce numéro, j’étais dans la maison de santé
de M. Pinel, avecM. Bascans, alors gérant de la Tribune. C’était pendant la lutte sanglante
du 5 juin ; je pensai que le temps était mal choisi pour rire dans d’aussi tristes momens.
J'écrivis donc pour ordonner la suspension de fa Caricature. La lettre fut confiée à un
commissionnaire qui fut arrête" et détenu pendant Yingt-un jours. Voilà ce que je veux faire
prouver.

M. Pécourt y consent.

Lt. umier témoin est Ëénard, commissionnaire.

Bénard. Le 5 juin au soir, revenant du travail» on me demande de porter une lettre.
En arrivant aux Petits-Pères, on me dit : on ne passe pas. Je dis que j’ai une lettre, on
me la prend. On voit que c’est une lettre pour la Tribune, on me la prend. Ah ! ah ! qu’on
dit, c 'est un des Amis du Peuple, ça ! Voilà qu’on m’arrête. J’attends six heures au corps
de garde. Puis je m’approche du colonel qui était sur la place, je lui oté ma casquette et
je lui dis : Est-il temps que je passe? Le colonel se retourne et dit : Consfgnez-rnoi cet
homme-là ! (Mouvement dans l’auditoire). Alors on m’a remis à la salle de policé, envoyé à
la Pre'fectiire , on a gardé la lettre, et j*ai été détenu vingt-un jours sans sayoir seulement
pourquoi. (Nouveau mouvement.)

MM. Basçans et Pinel confirment, dans tops leurs détails, et avec une parfaite concor-
dance , les faits exposés par M. Philipon.

La parole est au ministère public.

Après quelques considérations générales sur la nécessité de faire
respecte ■ l’inviolabilité royale, si l’on ne veut pas que l'ordre public
soit ébranlé jusque dans ses plus solides fondemens, M. Pécourt lit
les articles incriminés avec un talent de diction que pourrait lui en-
vier plus d’un acteur habile. Cette lecture provoque dans l’auditoire
un mouvement d’hilarité dont la gravité des magistrats eux-mêmes a
peine à se défendre.— Passant à la discussion des charges, M. l’avocat-
général cherche à établir la culpabilité des deux accusés. Nous remar-
quons avec plaisir que son réquisitoire est empreint d’une modération
peu ordinaire chez quelques-uns de ses collègues, et à laquelle nous
nous faisons tin devoir de rendre hommage.
 
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