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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

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Numéro 130 (2 Mai 1833)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0111

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3m* ANNEE


-— Numéro 150. —

m

Tout ce qui concerne ia re'daction doit être adressé, franco,
a M. Lotus Desnoyers (Déraillé), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Ve'ro-Dodat.—
Tout ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à
M- Ch. Philipon.

4M SSSS-

2 MAI 185

Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, à M. Ch. PHILIPON, directeur
du journal, au Bureau delà Caricature , galerie Véro-
Dodat, au-dessus du grand Magasin de Lithographies
d’Aubert. !

CASTIGAT RIDENDO MORES.

POLITIQUE, MORALE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.


■ ' ■ ■'

NEUVIÈME DESSIN DS L’ASSOGIAXÎON.

(a I FRANC PAR MOIS )

Nous avions promis un bal chez Louis-Philippe j mais quand est venu le moment de rem-
plir cette promesse, nous avons reculé devant la difficulté de rendre dignement l’éclat qui
environne notre monarque adoré. Cette grandeur, cette magnificence, avec lesquelles il
disperse ses trésors, comment les peindre ! comment représenter avec quelque vérité cette
cour si riche, si noble, cet éclat de parures, ce luxe de lumières , cette prodigalité de
rafraîchissemens! et ces tètes de savans, d’artistes, de guerriers célèbres, d’hommes fa-
meux par leurs travaux , leur génie, et surtout par leur patriotisme j toutes ces tetes illus-
tres qui viennent se grouper auprès du trône des d’Orléans, comment les reproduire,
nous, pauvres caricaturistes , habitues aux visages Lobau ,-Reratry, etc., etc., etc. !

La tâche que nous nous étions imprudemment donnée nous a.fait frémir, et nous n’avons
pas suivi notre programme. C’est en cela seulement que nous avons pris pour modèle notre
auguste royauté. Nous sommes allés plus loin qu’elle , car nous n’aimons pas le juste-
milieu , et nous avons donné diamétralement l’opposé de ce que nous avions promis. An
lieu d’un hal royal, vous n’aurez qu’un bastringue ; au lieu de grands seigneurs , nous le
peuplerons de croupions législatifs et de mouchards. Le luxe sera remplace par la mesqui-
nerie la plus cancre. Point d’hommes de génie entourant le monarque , mais des MM. Pru-
nelle , Madier de Montjeau, Schonen, Roui, tant que le salon en pourra tenir; pour
danseuses, les dames et amies de ces messieurs, c’est-à-dire une société sans façon.

Pour orchestre , nous vous offrirons MM. J^iennet, jouant de sa serinette , et d Aigoût,
soufflant dans un flageolet. . # .

M. Ganneron fournira le luminaire ( il en a été chargé par adjudication sans publicité).
C’est lui qui dispose et allume les lampions. Le lampioii fume un peu, sans doute , mais il
n’est pas malsain. Il remplace très-avantageusement la pastille du sérail, puisqu’il ne aoûté
pas si cher et répand plus d’odeur.

Nous placerons dans un coin une table de jeu, à laquelle on verra MM. Soult et Jacques
Lefèvre > qui ont la réputation d’avoir un bonheur insolent à la Bourse.

Derrière le maréchal nous rappellerons l’innocence de certain grand benêt, que les demi-
vertus se disputent, mais dont personne ne veut pour le bon motif

Ensuite nous mettrons un gros officier de la garde nationale , qu onne verra que de dos,
mais à qui on devinera une croix-d’honneur et un visage absurde. _

Le gros purgon lyonnais, M. Prunelle , dansera un quadrille avec le pyramidal Jriadier-
Monte-haui. M. Persil, dant on n’apercevra que la tete, mais qui sera reconnaissable a son
nez pointu, *à sa bouche pointue, et à ses yeux de chacal, se fera voir de profil au-dessus de
la danseuse de M. Madier. . .

M.Remy-Prosper-Collard, placé en avant de l’épais Dubois ( dont on.fait les flûtes ) ,
dansera dans ses grands souliers, dans son grand habit, et clans sa large perruque $ il dan-
sera en face cl’une large présidente qui tourne le clos à M. Këratry (le dernier des vilains-
manoirs) auquel nous donnerons cette activité galvanique qu’une jeune et jolie femme
communique ordinairement, à un vieux mari. A cote delà charmante tète de JM. Keratry (le
dernier des vilains-manoirs ), nous poserons la figure joufflue de M. ùul-IYain-Gris-
d’aise.

Nous ferons danser un aimable sergent de ville vis-à-vis une demoiselle très-intéressante,
et nous placerons dans le fond et dans une cravatte, M. Etienne , du gros et lourd Cons-
titutionnel.

On verra M. Schonen se précipiter sur une bouteille de cidre qu’apporte le cuisinier
royal, M. Montalivet, et que repousse un personnage qui semble dire : Assez, assez de ra-
fra.Cchissemens comme ça !

$ous un çierge cloué à la muraille (le cierge que M. Soûl porte habituellement dans les1
processions ’) , M. Dupin, en bâillaht , donnera du poing dans le bon œil de M. Brtrthe.

Sous un lustre de lampions, M. Vatout fera à la belle madame At.. la galanterie
d’un verre de coco , qu’elle paraîtra refuser ( madame At.. n’aime pas la douceur ).

Le distributeur de rafraîchissemens sera M. Raoul (le marchand de piquette).

1Vf. Lobau-Lancelot se désaltérera au moyen cl’une espèce toute particulière de bouteille,
et M. Benjamin Dudessert attendra son tour pour boire.

Enfin, pour bouquet, nous montrerons le profil d’un des beaux-fils de la chambre, d un

monsieur coiffé en coiffeur, peigné en coiffeur, pommadé en coiffeur, d’un monsieur qui
figurerait admirablement dans la montre de M. Plaisir.

Toutes ces marionnettes politiques, dont les fils d’or seront bien cachés , sauteront en
mesure , et danseront sur un air qui se trouvera indiqué au bas du dessin.

Voici le titre de cette composition. :

Tas d’poupées voulez-vous danser?

V’ià ï’bastringue , v’ia l’bastringue ,

Tas d’poupées voulez-vous danser ?

V’ià l’bastringue qui va commencer.

NOUVEAUX ENGOURAGEMENS

PRODIGUÉS AUX ARTS PAR LA LISTE CIVILE ,

RELATIVEMENT

AU PALAIS DES TUILERIES ET A LA FETE DE SA MAJESTÉ.

.7*., y ; 5.

Le Juste-Milieu continue de jour en jour à prodiguer aux arts des
encouragemens efficaces. Nos colonnes ne suffiront bientôt plus à
l’enregistrement pur et simple de ses actes de munificence. Si jamais,
comme aucuns le prétendent, il vient à étouffer le génie des arts, si
toutefois les arts de i833 ont un génie, ce sera, comme l’ours fait de
ses nourrissons, à force de caresses.

Tout le monde s’en mêle: liste civile, administration, préfecture
de police. Mais de la part de la liste civile surtout, il y a débordement
de protection , inondation d’encouragemens, cataclysme de bienfaits.
Les artistes sont assommés de munificences. Je crains bien que les
pauvres diables ne puissent s’en relever.

Vous avez vu comme quoi la sollicitude paternelle du Juste-Milieu
a daigné reculer de dix-huit mois l’ouverture annuelle du salon , à
l’effet de donner aux artistes tout le temps nécessaire pour amener
leurs œuvres à la limite extrême de toute perfection humaine. Ce n’est
rien que cela.

Vous savez aussi que M. de Broglie a daigné gratifier, pour la plus
grande gloire de la moraleet de la politique, les cinquième et sixième
sections de l’Institut, de sa coopération libre , c’est-à-dire à loisir, à
temps perdu s’il en fut jamais -, et de la correspondance étrangère de
M. Ancillon , celui qui rédigea , en 1815, les fameux manifestes de la
Sainte-Alliance contre Napoléon, et qui, en ce moment même , s’oc-
cupe avec tant de zè,le d’étouffer la liberté de la confédération germa-
nique. Certainement il était impossible à l’Académie de choisir un
correspondant plus capable de l’aider dans la noble tâche qu’elle a en-
treprise de faire florir, parmi nous, la morale et la politique. Mais ce
n’est rien encore.
 
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