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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

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Numéro 119 (14 Février 1833)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0044

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3“* ANNÉE.

—— Numéro 119. —

mmmr

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. Louis Desnoyebs (Derville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Yéro-Dodat.—
Tout ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à
M. Cii. Piiilipon.

mmm

GASTÏGAT RIDENDO MORES.

mm m

Les réclamations, aboDnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, à M. Ch. PHILIPQN, directeur
du journal, au Bureau de la Caricature, galerie Véro-
I)odat, au-dessus du grand Magasin de Lithographies
d’Aueekt.

POLITIQUE , MORALE ,

LITTÉRAIRE ET SCÉNIQUE.

QUI AIME BIEN, EMPRISONNE BIEN.

Qui aime bien emprisonne bien, peut-on dire de la monarchie.

La monarchie aime les carlistes, car il y a entre eux et elle une
douce conformité de principes, une puissante sympathie de goûts,
d’humeur, d’arbitraire, de despotisme, de gros budgets, d’énormes
listes civiles, de grasses sinécures et de respect pour la sainte-alliance.

La monarchie aime les républicains ; elle les aime malgré eux, cette
tendre monarchie; elle les aime parce qu’elle leur doit son existence,
non pas qu’ils y aient mis de l’intention, Dieu les en garde! mais
parce que c’est eux, en définitive, qui ont déblayé !a place qu’elle occupe.

Du reste, c’est vraiment de sa part une passion malheureuse, et
jamais tendresse ne fut payée de moins de retour, tant du coté des
carlistes que de celui des républicains.

Ingrats, va!

Or, il arriva que le ménage du carlisme et de la république, mé-
nage si uni, comme vous savez, union dont les fiançailles eurent lieu
au mois de juillet i83o, et la célébration définitive au mois de février
suivant à l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois, ce qui fut très-moral ;
il arriva, disons-nous, que ce charmant ménage fut obscurci de quel-
ques nuages au commencement du présent mois.

Diable de février! c’est un mois de malheur!

La cause de cette brouille était légère. Un de nos confrères de petit
format avait lâché contre la duchesse de Berry, à-propos de son indis-
position, quelques bordées de ces cancans que trois années aupara-
vant les carlistes eux-mêmes ne se faisaient aucun scrupule de se per-
mettre sur elle. Cela n’est point un conte ; j’en appelle à vos souve-
nirs à tous. Qui n’a ou!, avant la révolution, quelque gai royaliste ,
de ceux mêmes qui fréquentaient intimement la cour, se livrer tout
bas à des facéties de même nature. lié ! mon Dieu ! c’est là le sort de
toutes les princesses ; le cancan ne les ménage pas plus que les autres,
et le jean-jean qui veille à la porte des Tuileries n’en défend pas les
reines.

Cependant les carlistes trouvèrent déplacé que notre malin confrère
se permît, en i833, ce dont beaucoup d’entre eux ne s’étaient fait
faute en i83o et années précédentes ; ils le provoquèrent en champ

clos. Cette susceptibilité à lu don Quichotte était d’autant plus ridicule
que, chaque matin, leurs journaux à eux contenaient sur le compte
d’autres princesses d’Europe, qu’il est inutile de vous désigner ici,
des cancans pour le moins aussi forts. Qu’eussent-ils dit si quelque
Tamerlan, si quelque marchand de peaux de lapins, si quelque épi-
cier bien pensant eût pris fait et cause pour sa dame à lui, se fût cons-
titué son souteneur, et fût venu leur proposer un cartel ?

Us eussent fait mettre le souteneur à la porte , et ils eussent admi-
rablement bien fait.

Donc, il ne s’agissait point dans la provocation des ea istes d’une
affaire privée, mais bien d’une question générale de liberté de la
presse. C’est ainsi que le proclamèrent les républicains, et à leur tête
un homme que la France a coutume de voir le premier sur la brèche,
toutes fois qu’il s’agit de reconquérir une de ses libertés. Oh ! ma foi,
ce fut alors qu’il y eut de la brouille dans le ménage ! Le parti répu-
blicain se leva tout entier, les épées sortirent à moitié du fourreau,
les pistolets s’armèrent; un mot de plus, c’en était fait! il y avait
guerre civile.

Que fit alors la monarchie, cette douce et bonne mère qui porte
dans son sein ces deux époux rivaux, et les aime d’amour égal?

Il lui passa par le cerveau une noire et sinistre pensée.

Elle se dit : « Laissons-les faire; laissons-les se battre, s’entre-
tuer, se dévorer. Puissent-ils se manger l’un l’autre, de telle sorte
qu’après le combat il ne reste de l’un, sur le champ de bataille, que
son bonnet ronge, et de l’autre, que son bonnet vert. »

Par malheur, cette absorption mutuelle fut bientôt reconnue im-
possible , et le combat n’offrait réellement à la monarchie que d’im-
menses dangers sans aucune chance heureuse. Le parti républicain
s’ébranlait, et à la suite, les patriotes plus tièdes, et à la suite, toute la
masse de la population. Qui sait où cet entraînement général eût pu
conduire ?

La monarchie, ayant pensé cela, prit ses grands airs de ten-
dresse, et s’interposa philantropiquement entre les deux partis, en la
personne de ses mouchards et de ses sergens de ville.

La monarchie n’en fait jamais d’autres; elle n’est jamais représentée
que par des mouchards dans les affaires d’honneur ; elle fit donc ar-
rêter les carlistes sous un prétexte d’ordre public ; et pour ce qui est
des républicains, qui n’avaient point été provocateurs en cette circons-
 
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