Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

DOI Heft:
Numéro 136 (13 Juin 1833)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0146

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
Numéro 156.**

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. Louis Desnoyers (Dcrville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Vero-Dodat. —
Tout ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à
M. Ch. Phiuipon.

3’“* ANNÉE,

CASTHÏÀT BinENTJO MOftK».

Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, à M. Ch. PHILIPON, directeur
du journal, au Bureau delà Caricature, galerie Véro-
Dodat, au-dessus du grand Magasin de Lithographies
d’Aubert.

POLITIQUE , MORALE , LITTERAIRE

ET SCÉNIQUE.

SIMPLE HISTOIRE

D'UNE TRÈS-GRANDE DUPUCITE.

On se souvient qu’à l’époque où il fut question d’entourer la royauté-
citoyenne d’un éclat et d’une dignité de douze millions argent , sans
compter ce qui pourrait lui revenir de majesté en châteaux , en
fermes et en forêts , M. de Schonen , rapporteur de la commission ,
fit entendre ces paroles, dans la séance du zg décembre i83i :
« 11 a été convenu presque unanimement quune dette avait été
« contractée envers la nation , et que c'était, au roi qu’il appartenait
« de l’acquitter : c’est l’achèvement du Louvre et sa réunion trop
« long-temps retardée au palais des Tuileries. » On se souvient éga-
lement que M. de Montalivet, ministre de Louis-Philippe , s’expri-
mait ainsi, au nom de son auguste maître : « Il y a une grande
« différence entre la liste civile anglaise et la liste civile française.
« Là , par exemple, on ne met pas, comme ici , à la charge de
« la liste civile certaines constructions, entre autres celle du Louvre.
Ces engagemens étaient trop positifs , ce nous semble , pour qu’en
voyant, il y a quelques mois , le marteau de la royauté démolir les
bâtimens de la place du Carrousel qui font partie de sa dotation , et
parmi lesquels se trouvent ses écuries, le public ne pensât que la
royauté-mitoyenne s’était enfin décidée à continuer le Louvre de ses
propres deniers. Le public trouvait cette exactitude à remplir cette
promesse d’autant plus délicate de la part de la royauté, que jus-
que-là elle ne l’avait point gâté sous ce rapport. Les choses n’en
sont que plus estimées pour être rares. Mais le public a pu se con-
vaincre depuis que le programme du palais Bourbon était allé re-
joindre celui de l’Hôtel-de-Ville. La royauté consentait bien à terminer
le Louvre , pourvu que cela ne lui coûtât rien. Et alors, la comédie
suivante fut ourdie secrètement afin d’atteindre ce premier but. Il s’a-
gissait d’amener la Chambre à prendre spontanément l’initiative de la
proposition , et même à supplier la royauté de vouloir bien continuer
le Louvre aux dépens delà France. Pour ce, il fallait avant tout l’in-
quiéter sur la solidité de la Bibliothèque actuelle. Des visites eurent
donc lieu dans les bâtimens quelle occupe, des étais furent placés ;
des rapports furent éerits en un style effrayant -, et lorsqu’une fois

la terreur panique se fut emparée de la Chambre, et qu’il n’y eut
plus un seul député du centre qui osât passer dans la rue de Riche-
lieu , le long de cette immense muraille qui menaçait de l’écraser
officiellement, ce fut alors un grand pas de fait. On commanda à
M. Visconti un plan de Bibliothèque où seraient utilisés les bâtimens
du quai d’Orsay. « Allez votre train , lui dit-on ; que la somme
n’arrête pas l’essor de votre génie; faites-nous un monument ; faites-
nous quelque chose qui porte aux siècles les plus reculés le témoignage
de la splendeur de notre époque. » On sent bien qu’une fois débridée
ainsi, l’imagination de l’architecte se lança éperdument dans les vastes
régions de l’inconnu , de l’impossible, du fantastique , et c’est une
justice à lui rendre , qu’il leur bâtit à l’ençrc de Chine une Biblio
thèque admirable , qui laissait de bien loin derrière elle les sept
merveilles du monde. C’en eût été la huitième. M. Thiers prit alors
le chef-d’œuvre sous son bras, et s’en fut modestement trouver la
commission , à laquelle il tint à peu près ce langage : « Messieurs,
vous êtes justement effrayés chaque fois que vous longez les murailles
pourries des bâtimens de la rue de Richelieu ; et quoique vous ne
fassiez pas, j’imagine, un grand usage de la Bibliothèque,il appartient
au gouvernement de vous rendre le repos et la sécurité , et de con-
server à la France des représentans qui contribuent d’une manière
si efficace à faire son bonheur. Voici donc un nouveau plan de Bi-
bliothèque. Veuillez prendre la peine de l’examiner. C’est tout ce qu’il
y a de plus simple et de plus approprié à l’état de nos finances. » Le
ministre dit.

La commission , qui était composée d’hommes de beaucoup de goût
et d’économie, trouva le plan fort agréable ; mais quand elle vint à
examiner le total des dépenses, il lui prit une sueur. Il lui sembla
voir le mané, telcel, phares du festin de Balthasard. La commission
recula d’épouvante. Le second pas était fait.

Cependant, la commission n’était point d’humeur à se laisser écra-
ser par les murailles croulantes de la rue dè Richelieu; cette image
l’obsédait sans cesse ; et ce fut dans un de ces cauchemars, qu’il lui
vint à l’esprit de faire continuer le Louvre pour y loger les sept cent
mille volumes de la Bibliothèque. Et en effet, cet ingénieux moyen
présentait le double avantage de terminer un des beaux mopumens
de la capitale, et de leur sauver la vie à tous. Le but du ministère
était rempli. Toutefois, en excellent comédien, M. Tbfer» n'accueillit
 
Annotationen