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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

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Numéro 161 (5 Décembre 1833)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0293

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4* \ «NÉE.

Numéro 161.

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. Louis Desnoyers (Derville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Véro-Dodat. —
Tout ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à
M. Ch. Phiuipon.

CASTIGAT R10SÜÜÎO MORES.

5 DÉCEMBRE. 1833* «a.

Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, à M. Ch. Philipon, directeur
du journal, au Bureau de la Caricature , galerie Véro-
Dodat, au-dessus du grand Magasin de Lithographies
d’Aubert.

POLITIQUE, MORALE, LITTÉRAIRE ET SCÉNIQUE.

PLANCHE DE L’ASSOCIATION (mois de novembre).

(un fbasc pak mois).

——■i..ÇKTri.i-—-——

DESCENTE

DANS LES ATELIÈftS DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE.

MM. Grandvilîe et Desperret nous montrent L’intérieur des ateliers de la liberté de la
presse. Cette bonne et utile ouvrière est occupée à mettre sous presse le National ,
après avoir tiré et étendu sur les ficelles le Charivari , la Caricature , la Tribune,
le Corsaire , le Courrier français, les publications de la Société des Droits de
l’homme, les imprimés de l’association de propagande républicaine , lprsque tout à
coup l’ordre de Chose fait irruption dans l’atelier.

A gauche de la presse, le personnage qui foule aux pieds le BON SENS, et de sa main
étouffe les cris de la liberté , c’est la personnification matérielle sous laquelle nous
sommes obligés de représenter le Système du 9 août pour le rendre visible. lia devant
lui M. Guizot, et derrière lui M. Bartlie, qui porte sur la liberté ses bras de renégat,
pendant que d’Àrgout, le brûleur du drapeau tricolore , brandit , dans le fond, ses
ciseaux de censeur.

A droite de la presse est cette partie de la magistrature de la restauration que l’ordre
de Chose a fait sienne, et qu’il a fortifiée (passez-moi le mot) par l’incorporation de ses
dévoués.

Parmi ces hommes , dont les frénésies ne parviendront meme pas a déconsidérer une

institution respectable, on reconnaît SlL., qui déracine la presse avec sà massue

aux VINGT-DEUX MILLE FRANCS d’amende ; on reconnaît PÈRE-SCIE , qui la

pousse de toutes ses forces ; Jaq.-GomcilON , qui.la démantèle avec sa main de

justice, qu’il agite en guise de fléau ; au fond , derrière un pilier de la presse , DUR...

(dont on fait les flûtes) , et derrière Jaq.-Godichon , le réquisitoriant FLANQUE-

Arret.

Autour de la seconde presse , on distingue le ministre Soult lacérant les écrits patrio-
tiques qui ont l’audace de rappeler au président du conseil de 1833 les proclamations
du cliel d’état-major de 1815; enfin la police incarnée commandant à ses gisquetaires
de renverser la presse , pendant que les ouvriers, les hommes du peuple /regardent en
souriant et les bras croisés ces impuissans efforts.

Ce beau dessin de MM. Grandvilîe et Desperret peut à bon droit passer pour un
tableau d’histoire renfermant la matérialisation ingénieuse et complète de cette impla-
cable guerre du npuf août contre la liberté de la presse, guerre qui s’est résumée jus-
qu’à présent en deux siècles de prison et deux cent mille francs d’amende.

HUMBLE SUPPLIQUE

Des théâtres à bal masques, loueurs î»e eostumes et béquisemeus, restaurants, cabarets,
guinguettes, bastringues et autres lieur.

AM. Persil, procureur-général près la cour royale de Paris, et four-
nisseur en chef des complots, conspirations et attentats horribles.

Monsieur et cher procureur,

On a reconnu de tout temps que l’année doit avoir une certaine

époque de licence et de folie, où toutes les peines s'oublient, où tous
les travaux se suspendent, où tous les rangs se mêlent dans la confu-
sion d’une commune orgie.

Est-ce une mesure hygiénique fondée sur cet aphorisme du grand-
maître : a savoir que, pour sé bien porter, il faut s’enivrer une fois
par mois ; et l’époque susdite serait-elle le jour dlvresse pr scrit
par cet aphorisme ?

Est-ce un exutoire moral appliqué sur le corps social, à l’effet de le
débarrasser de ses humeurs acres et mauvaises, et de fortifier son or-
ganisme par une épuration bienfaisante P

Nous n’essaierons pas, noushumbles, de résoudre cette grave ques-
tion. Nous nous bornons à constater qu’il y eut, de tout temps une
époque de folies, appelée chez les an. iens saturnales ou bacchanales,
et carnaval chez les peuples modernes.

Le carnaval a donc chez nous sou culte, culte immuable, le seul
qui ne passe pointau milieu de la décroissance et de la chute de tous
les autres. Le carnaval reste toujours debout, etc’est nous qui sommes
ses desservans.

Jusqu’à présent nous avons trouvé aide et appui dans les divers
gouvernemens qui se sont succédé en France •, tous se sont fait un
devoir de provoquer à la folie, de pousser à l’ivresse, d’exciter à
l’orgie, pendant toute la durée du carnaval. La joie du carnaval avait,
à la police, ses fonds spéciaux, comme l’enthousiasme unanime des
populations empressées. Onlouait des hommes et des chevaux pour por-
ter des déguisemens, et des déguisemens pour couvrir ces animaux;
on lâchait le tout, l’un portant l’autre, dans la rue, et le journal mi-
nistériel imprimait le lendemain : « La plus franche gaîté a régné
hier dans la capitale, et a témoigné, malgré les assertions sinistres de
l’opposition, de la prospérité publique et de l’aisance dont jouit le
peuple sous le règne paternel de sa majesté. » Cette phrase stéréo-
typée pour tous les carnavals de tous les régimes , coûtait cher à la
naiion. Mais il en est tant d’autres qui lui coûtent plus cher encore!
celle ci, par exemple : « La charte sera désormais une vérité. » M.
Dupin, l’ex-savant, ne pourrait pas, lui-même, calculer au juste ce
que ces six gredins de mots coûtent à la France.
 
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