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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

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Numéro 140 (11 Juillet 1833)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0172

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3“* ANNÉE,

Numéro 140.

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. Louis Desno vers (Dervillc), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Yéro-Dodat.—
Tout ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à
M, Ch. Phii.ipon.

KiSTICAT RIDÏNI10 110HÏI.

Les réclamations, abonncmens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, à M. Ch. PH1L1P0N, directeur
du journal, au Bureau delà Caricature, galerie Véro-
Dodat, au-dessus du grand Magasin de Lithographies
p’Aubert.

POLITIQUE, MORALE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.

©n?mnc Drôstti î»e Ossflriattcm.

(à I F HA NC r.vR MOIS.)

Le saint-simonisme se meurt à Sainte-Pélagie, les templiers ne donnent plus signe de
vie, l’e'glise catholique française râle dans les bras de son père l’abbé Chatcl, et M. Auzou
voit ses ouailles retomber dans l’indifférence en matière de curé, et par conséquent dans
Pirapénitence finale. Pauvre? papes! le peuple a des oreilles et il ne les écoute pas; il a des
yeux et il ne regarde ni leur barbe, ni leurs croix rouges, ni leurs belles crosses dorées;
il a des pieds et il ne va ni à ce temple ni à cet autre ; il demeure. Malheureux peuple,
malheureux papes !

De toutes les religions nouvelles, une seule a pu le faire sortir de son apathique insou-
ciance , une seule : c’est la religion tanicrlanesquc, autrement dit, 1 'adoripoire. Oh ! celle-
là, il la siffle, il la conspue; mais il la paie, et elle n’en demande pas davantage.

Fidèles historiographes de France et de Navarre, nous devons à la postérité la peinture
exacte de cette secte moderne, nous la donnerons.

Le culte adoripoire remonte a 1 an 183o de l’ère chrétienne, il prit naissance sous le
règne de Louis-rhilippe, premier et dernier du nom, dit le Presque-Téméraire, et fils de
Philippe-Egalité le régicide. Cette religion emprunta ses principes, ses dogmes et scs pra-
tiques à toutes les églises, à tous les systèmes, à toutes les doctrines, elle prit partout et à
tout le monde. A la restauration, elle prit les mystères de la police, du cabinet noir et des
fonds secrets; à la république, scs trois couleurs; à la constitutionnalité, la corruption, la
vénalité et l’impudeur; à l’empire, l’obéissance passive; an droit divin, l’hérédité et l’inéga-
lité devant la loi. Son dieu fut un veau d’or représenté par une poire d’argent; son pape
un évêque apostat; ses premiers apôtres des renégats, des patriciens avilis, des esclaves
affranchis qui se revendirent, des généraux et des fournisseurs d’armées enrichis par leurs
rapines et leurs exactions, des intrigans vieillis dans la prostitution de toutes les cours,
des magistrats parjures et des enfans perdus de toutes les croyances politiques.

Ce culte , qui s’éteignit bientôt, florissait en i833, il comptait alors parmi ses membres
une foule d’hommes illustres et honorables. C’est à cette époque qu’eut litu la cérémonie
dont le tableau de MM. Grandville et Desperret perpétue le souvenir. Cette célébration
eut lieu pour l’anniversaire d’une grande victoire remportée l’année précédente par 80,000
modérés qui taillèrent en pièce une armée de 15o buveurs de sang retranchés derrière
la barricade de Saint-Méry.

Voici comment s’explique le tableau véridique, politique et drolatique de MM. .Grand-
ville et Desperret. Le pape officie, il est assisté de deux ministres de sa religion, nommés
Thi... et Guiz...; l’autel est orné de chandelles hydrauliques, propre à rappeler un des
miracles du dogme, la transformation d’un general d’armée en apothicaire; la messe est
servie par les notabilités adoripoires. A gauche, on voit, tenant le cierge pascal, un maré-
chal de France aussi célèbre par sa probité que par sa galerie de tableaux empruntes aux
plus vieilles basiliques d’Espagne; à droite, un immortel législateur, M. Roui..., fournis-
seur de l’eau rougic du roi, présente les burettes; derrière lui se trouve un digne magis-
trat injustement accusé par les folliculaires de préférer Bacchus à Thémis, c’est M. Scho...,
auteur du livre féodal la C!c d'or; le clerc chargé de la sonnette est le président de la
cour prévôtale qui condamna le gérant de la Tribune à trois ans de prison ; le prince de
Tricanule, commandant général des pharmaciens, armé de son immortelle épée à pompe,
remplit les fonctions de suisse et précède un ancien contrebandier, chargé de recueillir
les offrandes pour l’entretien de l’église. Du côté opposé se voit le bedeau, personnage in-
signifiant que représente parfaitement M. Htadirr-Longrau. La chaire est occupée par le

prédicateur de la doctrine, le révérend père Royer-Colas. L’encens est présenté par
M. Purgon de Lyon, qui s’incline respectueusement ; le marchand de suif du château,
M. Gagneront!, fait l’office de moucheur de chandelles; les encensoirs sont tenus par le
gros et gras Constitutionnel, qui paraît hésiter, et par ce qu’il y a de plus remarquable
dans la chambre imprestituée, MM. d'Arg..., Jacques Lefcv... et Fichurond, dont les
nez jouissent de la réputation la plus étendue. L’auteur des complaintes, des cantiques et
des Nocls adoripoires, M. Fiennet, qui chassa Benjamin-Constant de l’Académie, accom-
pagne du serpent mélodieux les journaux châtrés qui chantent au lutrin. Ces journaux
sont : le Journal de Paris, Figaro et les Débats. Un tronc destiné à recevoir les secours
des fonds secrets est placé derrière les chantres. La tenture est parsemée de fleurs de lis
poiréiformes ; derrière le maître-autel se voit un tableau symbolique représentant le prin-
cipal mystère du culte, l’éclipse du soleil de Juillet. Dans une tribune réservée est placée
une femme d’assez mauvaise vie et un grand nigaud. Enfin, sous les dalles de marbre sont
couchés les héros des trois jours à qui l’on a généreusement accordé une sépulture provi-
soire.

Le jour de cette célébration la quête, dit-on, fut très-productive, car tout assistant dut
y contribuer. Les prêtres furent assez contens, mais le public, qui ne l’était pas, murmura.
Il fut battu, sommé, assommé, fusillé, et il reçut des sergens de ville quelques piqûres plus
ou moins profondes. 11 y eut aussi quelques noyades sous un certain pont, mais l’ordre
le plus parfait ne cessa pas de régner et l’hydre de l’anarchie fut encore écrasée pour ja-
mais. Les empoignés furent conduits à la préfecture de police; ceux qui survécurent
allèrent à Saint-Michel chercher dans celte prison salutaire l’oubli éternel de leurs con-
trariétés.

Tout le monde fit son devoir; les Tamerlans aidèrent parfaitement les gendarmes et les
agens de police; MMi Barthélemy et Podenaz se distinguèrent particulièrement, ils reçu-
rent la décoration.

Le pouvoir, fidèle exécuteur de la Charte, protégea ce culte comme tous les autres,
car il était écrit : Chacun professe librement sa religion, et il fit mettre le père Enfantin
à Sainte-Pélagie, il fit fermer l’église de Clicliy, il défendit à tout le monde les pratiques
extérieures, excepté aux catholiques romains ; il fit monter la garde aux papes et aux prê-
tres hérétiques ; enfin , il augmenta l’amour des Français pour le roi, il augmenta la gar-
nison , il augmenta le prix du pain, il augmenta les impôts ; il entoura le trône de respects
et de condamnations, il entoura la ville de remparts et de canons, il fit le bonheur de la
France et il sera béni dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il !

Cu. Pu.

DE QUELLE MANIÈRE

LE CONSTITUTIONNEL ET LA FRANCE-NOUVELLE CHARMENT,

POUR LEURS ABONNÉS RESrECTIFS,

LES LOISIRS QUE LEUR LAISSE LA POLITIQUE.

Le champ politique devient stérile, comme disait feu le Nouvelliste;
la mauvaise presse voit s’user sous sa plume tous les traits de décla-
 
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