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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

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Numéro 130 (2 Mai 1833)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0112

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1037-- LA CARICATURE. -- 1038 -

Je ne vous parlerai pas de la bienveillance toute gracieuse et des
augustes poignées de main dont Louis-Philippe a daigné accompagner
dernièrement les promesses de commandes aux artistes de la Manu-
facture de Sèvres. Tout ceci n’est que bagatelle.

Il y avait, dans le palais des Tuileries, deux parties admirables,
que l’étranger venait visiter, et que les connaisseurs contemplaient
avec piété -, à savoir: le pavillon Philibert-Delorme avec ses galeries,
et le grand escalier. Hé bien! le grand gâcheur des Tuileries vient
de nous donner une éclatante preuve de son respect pour ces deux
grands chefs-d’œuvre.

Quant aux galeries, le gâcheur s’est aperçu que les gamins sans-
culotte souillaient la partie inférieure de poires, et autres légumes
régicides. Qu’a fait alors le grand gâcheur? Il a tout simplement cou-
vert les galeries d’un mur épais, qui les met à l’abri de la pluie, et
qui les garantira aussi des poires et autres légumes régicides, dès
qu’on aura écrit sur la crête du dit mur : Il est expressément défendu
de faire des ordures le long de cette muraille.

Quanta l’escalier, le grand gâcheur a réfléchi que ce merveilleux
monument n’était pas à sa place dans l’intérieur d’un bâtiment, où il
n’est donné qu’à un petit nombre d’élus de l'admirer-, tandis que si
l’escalier était en plein air, le public tout entier serait admis à le voir.
En conséquence, il l’a fait abattre, et a disposé son emplacement en
manière de caserne , se proposant de le reconstruire sans doute au
milieu du jardin du Palais-Royal en guise d'arc de triomphe , en com-
mémoration du premier assaut auquel le prince Rosolin assistera lui-
même de sa personne. Il n’est pas à craindre que cet arc ait la même
destinée que le monument de Juillet ou que son camarade de l’E-
toile.

Le même amour des arts se manifeste dans les petites choses comme
dans les grandes. Aussi la liste civile ayant remarqué qu’aux solenni-
tés précédentes des Champs-Elysées, la trop grande quantité d’artistes
acrobates empêchait l’admiration publique, éparpillée sur les talens
vulgaires, de se concentrer sur le vrai mérite; en même temps que la
trop grande étendue du carré Marigny, qui leur sert de théâtre, ne

Iiermettait pas aux amateurs d’apprécier le jeu des physionomies et
e gracieux des poses ; la liste civile, ai-je dit, avait arrêté pour la
dernière fête du roi une double mesure : i° Le nombre des artistes en
plein vent était diminué de moité, ainsi que leur salaire; la réduc-
tion, en ce qui touche le salaire, était plus que justifiée par la con-
currence toujours croissante des arlequins, paillasses, et Bobèches.
Le Bobèche surtout a prodigieusement pullulé cette année. 20 L’em-
placement destiné aux jeux était réduit aussi de moitié, la liste civile
étant convaincue, avec Socrate, qu’un local est toujours assez grand
quand il est rempli de vrais amis.

A LT AH.

— Nos 269 CT 270. —

Un de nos dessins représente un membre de cette chambre qu’on
a appelée prostituée ; c’est M. Pot-de-naz. Cet honorable a fait quel-
que temps un semblant d’opposition; mais il s’est tout-à-fait converti
aux saines doctrines, il est aujourd’hui un des fermes appuis du mi-
nistère. Le voici. Regardez-le! Voyez cet air de conviction et cette
physionomie spirituelle. Malgré sa physionomie, M. Pot-de-naz est
ennuyeux quand il parle, et il est très-douteux que ses discours fus-
sent jamais rapportes, s’il n’avait le soin de les porter lui-même au
Moniteur et de les farcir (toujours lui-même) de bravo! et de très-
bien ! que personne n’a jamais entendus.

L’autre planche est, selon nous, la meilleure caricature qui ait été
publiée en France, et nous sommes désintéressés dans ce jugement,
car l’idée n’est pas de nous, elle nous a été donnée par un passant,
et nous n’avons d’autre mérite que de l’avoir rendue.

Jeudi prochain, nous publierons la deuxième feuille du Cabinet
d’Histoire naturelle. La troisième viendra dans le cours du mois.

Le neuvième dessin de l’Association paraît demain. Nous ne sau-
rions trop engager les personnes qui veulent la collection entière de
ces dessins, à se hâter de souscrire, car bientôt les premières plan-
ches seront totalement épuisées.

PROJET DE FORTIFICATIONS MORALES

CONTRE L’ETRANGER,

EN FAVEUR DU PEUPLE FRANÇAIS.

Alger était imprenable ; on l’a pris. Anvers était imprenable ; on
l’a pris. La lune est imprenable; le prince Rosolin la prendra. Alger,
Anvers et la lune prouvent évidemment que les fortifications ma-
térielles sont insuffisantes contre de sérieuses attaques. Il a donc été
décidé, en conseil de ministres, qu’outre les fortifications matérielles,
la capitale aurait aussi des fortifications morales contre l’étranger.
Ces fortifications sont ainsi appelées parce qu’elles ont pour but, non
pas de repousser victorieusement l’invasion, mais de l’empêcher hum-
blement; ce qui est bien moins dangereux et coûteux.

Donc, i° à dater du i" mai, jour de la fête du roi, il sera formellement
défendu aux Français dédire du mal des Cosaques, Mongiks, Karns-
kakales, Pandours, Croates, et autres peuples civilisés au Nord ; de
louer médiocrement les puissances du Nord ; de rester la tête couverte
devant les voitures de leurs ambassadeurs, y compris leurs chevaux;
et surtout de se souvenir des victoires d’Iéna, d’Austerlitz, de Wa-
gram, etc. La colonne de la place Vendôme sera abattue; le tout
afin de se fortifier moralement contre l’invasion , en évitant de lui
fournir aucune espèce de prétexte.

2° Il sera ordonné à tous les Français d’adorer Louis-Philippe (quelle
que soit d’ail eurs leur opinion) parce qu’il est Bourbon et non quoi-
qu’il soit Bourbon, vu que cette dernière adoration paraît anarchique
à l’autocrate.

Enfin, on chantera un Te-Deum à Notre-Dame le jour de la prise
de Varsovie, et un De Profundis les jours néfastes des 27, 28 et
29 juillet.

Telles sont les fortifications projetées. C’est bien ; mais ce n’est
point assez à notre avis ; et nous^ conseillons au Juste-Milieu d’ajouter
à ses fortifications naturelles et a ses fortifications morales les dispo-
sitions suivantes, toujours afin de prévenir l’invasion en ne lui four-
nissant aucune espèce de prétexte.

Article ier. Donner à l’étranger toutes nos places fortes des fron-
tières, pour qu’il ne soit pas tenté de les prendre; détruire notre ma-
rine navale, et ne permettre point à notre marine fluviale de se mon-
trer aux embouchures, de peur que l’étranger prenne cela pour une
insulte de notre part; désarmer nos troupes de terre, et remplacer les
fusils de fer par des fusils de bois , les sabres par des lattes d’échalas,
les pistolets d’arçon par des pistolets de poche et de paille, l’artillerie
par des clysoirs, les tambours par des castagnettes espagnoles, les trom-
pettes par des mirlitons français, et nommer mirliton-général M. Du-
bois (dont on fait les flûtes ).

Art. 2. Supprimer toutes les moustaches, tant civiles que mili-
taires, et faire raser trois fois par semaine, par un barbier ministé-
riel, toutes les femmes a qui la nature, bonne mère, a donné de la
barbe. Les princesses auront la faculté de se raser elles-mêmes, s’il en
est qui soient dans la catégorie barbue ; et il en est. Tout rasoir
sera anglais, tout cuir Soult, tout savon Houmânnnnn, tout vinaigre

des quatre Th...., Soûl..., Iloum.et Lou.La titus est abolie,

la poudre remise en honneur, et la queue aussi. Les ministres feront la
queue au roi, le peuple la fera aux ministres. Il faut une hiérarchie.

Art. J. Tout air patriotique, vocal ou instrumental, est défendu ;
tout air anti-patriotique est ordonné. On nommera un ministre espé-
cial des orgues de Barbarie, guitares, harpes, harmonicas, flageo-
lets, casseroles, marmites et poêlons.

Art» 4* On guizotinera, au moindre mouvement ou à la moindre
immobilité, tous les républicains de France et de Navarre. La France
sera réduite à rien. Les herbes et les sergens de ville croîtront dans
les rues, et le grand Saint-Nicolas sera content.

Art. 5. Le prince Rosolin sera seul, en France, autorisé à porter
un sabre d’acier et des pistolets d’acier ; il ira, en costume de maréchal
de camp, chevaucher sur tout le ruban de nos frontières, afin que
nos voisins disent en le voyant : La paix est avec lui.

Art. 6. La liberté de la presse est maintenue, mais à condition
quelle ne parlera ni du roi, ni des ministres, ni des gardes-cham-
pêtres, ni des mouchards, ni d’aucun fonctionnaire, ni des puis-
sances étrangères , ni de qui que ce soit, et ainsi de tout le reste.
M. Persil (dont on fait les sauces) est nommé à cet effet vampire gé-
néral.

Art. 7. Madame Ad...... écrira, chaque mois, autant de lettres
 
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