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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

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Numéro 129 (25 Avril 1833)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0104

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LA CARICATURE.

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qui regrettent le passé; les bourgeois, qui hésitent en face du pré-
sent; et les prolétaires, qui invoquent l’avenir.

M. Persil. — Le parti républicain recrute ouvertement dans toutes
les classes : il rassemble, il organise ses forces ; il a ses organes dans
la presse ; il marche contre nous étendard déployé.

M. d’ Argodt.— Les nobles ne détestent pas Louis-Philippe; les
ouvriers goûtent assez Louis-Philippe; l'armée aime Louis-Philippe;
la garde nationale adore Louis-Philippe et ainsi de suite.

Jusqu’ici les chances s’étaient maintenues parfaitement égales; le
ridicule s’amoncelait des deux parts dans la même proportion, lors-
qu’une sublime inspiration deM. de Monllosier est venue enfin dé-
cider la victoire en faveur de la chambre haute.

M. de Monllosier, las de s’escrimer contre des adversaires qui ne
manquaient jamais la réplique, s’est retourné du côté de son écuyer,
M. d’Argout, et lui a crié d’une voix tonnante : « Ministre du roi,
pourquoi ne dites-vous pas comme Neptune : « Quos ego !... sedmoios
prœslat componere fluclus. « A quoi M. d’Argout, qui n’a jamais
su s’il sait le latin , n’a pu rien trouver à répondre.

Ce mouvement d’éloquence a valu à M. de Montlosier d’honorables
suffrages, même de la part de ses adversaires. M. Dubois (dont on fait
les flûtes) l’a congratulé de ce sourire niais et ébahi qui se dessine
sur ses lèvres toutes les fois qu’il entend du latin ; et M. Lobau ,
charmé de cette prosopopée hydraulique, s’est écrié, comme Odry
dans le Voyage de la Mariée : « Ravissante allégorie, va'! »

A qui revient la pomme, ou plutôt la poire? Elle appartient, selon
moi, quant à présent, à la chambre haute; mais il est vrai que la
chambre basse a bientôt pris une éclatante revanche dans le procès
de la Tribune,

Altar.

SALON DE 1833.

(deuxième article.)

Nous voulions en finir avec les caricatures royales ; mais le moyen !
quand dans toutes les salles, dans tous les coins, on retrouve un duc
d’Orléans en frac, en hussard , à pied , à cheval ! quand on ne peut
sc tourner sans rencontrer une de ces têtes à larges bajoues et à crâne
pointu que les artistes intitulent pompeusement Portrait de Sa Ma-
jesté ! Il faut, malgré qu’pu en ait, revenir sur les charges officielles;
mais finissons-en, car le sujet est insipide. Vraiment, si nous ne
sentions en nous-mêmes le moyen de tirer un grand parti de la face
royale, nous croirions, à voir les hideuses figures exposées par
MM. Vernet et compagnie, que la matière ne prête pas. Elle prête
cependant, cette matière; et je me charge, moi qui vous parle, d’en
faire une foule de jolies choses. Je n’en puis dire autant, hélas! de
la tête de ce bon monsieur de Chartres ; et j’avoue que je serais aussi
embarrassé si j’avais à en faire quelque chose, que l’ont été tous ces
malheureux peintres forcés d’en faire sérieusement un personnage.
Oui, j’aurais été embarrassé, car tout républicain , tout caricaturiste,
tout ricaneur que je suis, jamais je n’aurais osé, comme un mon-
sieur de Dreux, en faire un conquérant, ou tout au moins, un ta-
pageur affublé d’un énorme chapeau à claques, et armé d’un sabre
fantastique. Jamais je ne me serais permis de le représenter sur un
cheval barroque qui danse sur la corde. Jamais ! Ou bien , je n’aurais
pas voulu lui donner cet air niais et godichon qu’on retrouve dans
tous ses portraits. Je ne l’aurais pas voulu, certes! car je savais que
l’auguste famille de mes princes se propose d’éparpiller celte myriade
d’images dans toutes les cours du monde; et j’aurais craint de nuire
à l’accouplement légitime de l’héritier de la couronne.

Puisque nous parlons des portraits, citons M. Champraartin qui
pose ses modèles avec une simplicité séduisante, mais qui distribue

la lumière d’une façon un peu monotone. Son portrait de M. Portai
est à nos yeux un chef-d’œuvre de vérité naïve.

M. Court est un peu sec et cru.

M. Brune, quoiqu’il ait exagéré la couleur et le modelé de la belle
mulâtresse Aspasie, a cependant réussi à faire, sinon un portrait
parfaitement juste, du moins une fort belle et bonne étude.

M. Ducaisne est remarquable par un coloris qui rappelle souvent
Thomas Lawrence; mais qui, selon nous, le rappelle quelquefois
comme Bellangé rappelle Charlet.

Voici le portrait de M. Lobau. ( Les abonnés de la Caricature
connaissent ce personnage par plusieurs études consciencieuses
publiées dans notre recueil, notamment par celle où cet illustre
maréchal figure à cheval sur une seringue. ) U est bien peint et bien
ressemblant, mais il est horriblement flatté. M. Odilon-Bar. ot est plus
vrai, sa pose est naturelle, et nous ne concevons pas qu’un journaliste
ait pu dire: M. A. Scheffer a négligé dans ce portrait l’homme pour
le tribun. Quiconque a vu M. Barrot, l’a vu dans celte pose.

Le portrait de M. Armand Carrel est un des plus intéressans du
salon , c’est aussi un des mieux peints et des plus largement modelés.
Il assigne à son auteur, M. Henry Scheffer, un rang très-distingué
parmi les peintres qui se sont livrés celte année au genre du portrait.

Nous devons citer encore M. Lepaulle, dont la manière est large,
hardie, mais qui peint peut-être avec un peu trop d’effronterie;
M. Goyet, qui modèle avec vigueur et dessine correctement, mais
dont les tons sont quelquefois un peu lourds.

Enfin, parmi les portraits dessinés, nous ferons remarquer ceux
de M. Julien : ils sont faits simplement, et sont d’une ressemblance
parfaite.

Nous n’avons pas parlé de MM. Kinson et DubufFe qui ont le privi-
lège d’attirer la foule : laissons-Ieur ce triomphe, c’est peut-être celui
qu’ils ambitionnent.

Parmi les miniatures, celles de M. Chabanuc nous ont paru an-
noncer un riche avenir. Elles sont remarquables par un modelé gras
et par une couleur brillante en même temps que vraie. M. Chabannc,
nous osons le prédire, sera au salon prochain le miniaturiste à la
mode.

Nous voulions aujourd’hui parler des paysages, et en continuant
d’indiquer les tableaux devant lesquels nous passons, nous étions
arrivés à la belle vue du Dauphiné qu’a exposée M. Guindrand ; mais
la fatigue nous gagne, et nous renvoyons à un autre numéro la fin
de notre promenade. Cependant nous ne terminerons pas sans faire
nos adieux à la famille royale que M. Gosse nous a si drôlement étaiée
dans son tableau de la députation belge. Adieu, monarque adoré,
adieu princes chéris, princesses roses et violettes; adieu visages de
bois , quilles et marionnettes droites, raides et bien comiques! Adieu!
Adieu surtout, peintre facétieux, spirituel et malin, M. Gosse, qui
avez le privilège de vous gausser avec privilège du roi et delà fa-
mille royale. Adieu !

Charles.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

HISTOIRE DES ANCIENNES VILLES DE FRANCE.

Recherches sur leur origine, sur leurs monumens, sur le râle qu'elles ont joue dans les
annales de nos provinces ; par M. L. Vitet, inspecteur-general îles monumens historiques
de France.

PREMIÈRE SÉRIE.

Haute-Normandie, Dieppe. —Tomes I et 2 , deux volumes in-8°. Paris, librairie iT Alexan-
dre Mesmer, rue Louis-le-Grand, n° a3.

Nous croyons inutile d’insister sur le mérite de cette nouvelle entreprise de la maison
Mesnicr, celle de toutes nos librairies actuelles à qui la littérature contemporaine devra
bientôt le plus de bons et remarquables ouvrages. Le ndm de M. L. Vitet, auteur des Bar-
 
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