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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

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Numéro 131 (9 Mai 1833)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0117

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Numéro 151.

Tout ce qui concerne k rédaction doit être adressé, franco,
à M. Louis Desnoyers (Dciville), Rédacteur en chef,
au Bureau de la Caricature, galerie Vcro-Dodat.—
Tout ce qui a rapport aux dessins doit être adressé à
M. Ch. Philipon.

3““ ANNÉE.

9 mai 1853.

Les réclamations, abonnemens et envois d’argent doivent
être adressés, franco, à M. Ch. PHILIPON, directeur
du journal, au Bureau delà Caricature, galerie Véro-
Dodat, au-dessus du grand Magasin de Lithographies
d’Aubert.

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POLITIQUE, MORALE, LITTERAIRE ET SCENIQUE,

LES ROIS ET LES CERVELAS,

C’EST BON POUR LE PEUPLE.

Ali! comme on s'amuse à la fête,

A la fête de Saint-Cloud !

La scène se passait le jour de la fête de notre adoré monarque

populaire I".

Un savetier revenant des Champs-Êlysées. 1— C’est ça qu’ils appel-
lent une fête?... Excusez!... Rien qu’un mât de Cocagne, au lieur des
ix qu’il y avait jadis!... Rien qu’un théâtre, au lieur des deux de ci-
devant!... Rien qu’un orchestre, au lieur des douze!... Et avec ça, ni
fontaines de vin, ni distribution de pain, ni jambons, ni cervelas, ni
rien de quoi que ce soit qui fait généralement le charme de l’exis-
tence!.., C’était ma foi bien la peine d’afficher qu’il y aurait z-une
fête aujourd’hui! Il se moque encore pas mal du monde, avec sa Saint-
Philippe, le gouvernement !... A-t-on jamais vu une pareille farce !...
Vrai, je suis t’-indigné, quoi!

Un rempailleur de chaises. — Je partage volontiers votre philoso-
phie, voisin. Il est sûr et certain que le coup d’œil n’est pas très soigné,
et on peut voir des fêtes plus agréables que ça sous le rapport du
physique, surtout chez les frères Françoni. Quoique ça, je ne par-
tage pas tous vos griéfles contre l'autorité constituée. Le fait est que
les distributions de comestibles, ça abrutissait le peuple.

Le savetier. — Ah! par exemple!... Elle est encore bien bonne,
celle-là !... Comment! de donner à mange? au peuple quand il avait
faim , ça l’abrutissait !

Le rempailleur de chaises. — C’est comme j’ai l'honneur de vous
le dire. C’est du moins ce que j’ai vu, dans le temps, dans le Consti-
tutionnel..., Vous connaissez le Constitutionnel?

Le savetier. — J’en ai quelque idée approchant.,,. Ça m’arrive
quelquefois qu’on m’eu donne un morceau pour enveloppe, quand
j’achète du beurre ou de la cochonnaille.

Le rempailleur de chaises. —C’est un journal soigné, allez!....
Hé bien! pour lors, le Constitutionnel disait positivement comme ça,
que de donner au peuple du pain , du cervelas, du jambon et autres
légumes, ça l’abrutissait. Et ça se conçoit. Une supposition, par exem-

ple : est-ce que quand vous avez bien mangé, que vous vous êtes
bourré à bouche que veux-tu, est-ce que vous ne vous sentez pas tout
chose, tout bête, quoi? On est là, qu’on ressemble à une bûche de
bois plutôt qu’à un être animal.

Le savetier. — Pour ça, je ne dis pas non.... Il est sûr et certain
que quand on s’est bien bourré de pommes de terre et de haricots
surtout! ah Dieu! les haricots!.... Il n’y a rien qui vous ravale un
homme comme ça!... Et de boire, doue!... ah! c’est ça encore qui vous
rend joliment incohérent !

Le rempailleur de chaises. — Or donc, il paraîtrait que ce seraient
maintenant les philosophes du Constitutionnel qui tiendraient, pour
le quart d’heure, le haut bout du gouvernement, et que, par ainsi,
on ne donne plus rien à manger au peuple, afin de ne pas 1 abrutir.

Le savetier. — Quant a ça, il y a de l’excès aussi. Trop manger,
je ne dis pas; mais ne rien manger, ça me paraît difficile à digérer;
et il me semble qu’en mangeant raisonnablement, ça referait l’esto-
mac , sans abrutir l’idéal. C’est aussi mon avis.

Le rempailleur. — C’est possible, pour nous autres. Parbleu ! nous
autres, nous mangerions tant et plus, que ça ne pourrait pas nous
ôter nos moyens sensiblement ; mais c’est au peuple ; je vous parle du
peuple, moi !

Le savetier.— Ah! s’il ne s’agit que du peuple;... c’est diffé-
rent!... Mais à prqpos, voyons, puisqu’il n’y a rien à voir par ici, où
que nous allons t-aller passer notre temps en attendant les illumina-
tions de ce soir?

Le rempailleur.—Parbleu! voisin, nous allons-t-aller voir les
spectaques gratis ! c’est là un genre de récréation qu’est très-moral, à
ce que j’ai lu aussi dans le Constitutionnel, et qui forme l’esprit et le
cœur de la population.

Le savetier.—C’est ça, c’est ça ! Donnez-moi tant seulement le
temps de m’abrutir pour deux sous de pommes de terre frites, que je
vois la marchande qui passe, et nous allons t-aller nous régaler de
spectaque. Avec ça que c’est plus farce que le spectaque en plein
vent, et que le mât de Cocagne, qu’est également monotone.

Le rempailleur. — Ah, fi donc! le mât de Cocagne! c’est canaille
comme tout; ça n’est bon que pour le peuple !

Lé savetier. —Ah ça, vous qui êtes un savant, à quel théâtre
que nous allons t-aller?.. . Allons-mous à la Gaîté?

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