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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

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Numéro 149 (12 Septembre 1833)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0227

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LA CARICATURE.

--—- 1187

au milieu de cette philantropique civilisation , donner le triste spec-
tacle de ces haines de famille infiniment trop prolongées.

Quoi qu’il en soit, nous nous bornerons à exposer rapidement, et
avec toute l’impartialité qui nous distingue , les débats de cette af-
faire , que son importance politique, non moins que la qualité des
parties, rend digue de figurer parmi les causes les plus célèbres.

L’affluence est considérable. On remarque dans la foule un grand
nombre d anesses. A dix heures précises, les accusés sont introduits.
Leur vue excite au plus haut point l’intérêt de l’auditoire. L’attention
se porte particulièrement sur un âne dont la physionomie ouverte
annonce une intelligence peu commune. Les regards sc partagent
entre lui et M. Viennet. Cette double vue inspire généralement de
pénibles réflexions sur la mauvaise organisation de la société. L’un
des deux languit dans les bas emplois d’un moulin , l’autre , au con-
traire , est député et membre de l’Académie française. Etonnante
injustice du sort! On se demande involontairement si l’inverse ne
serait pas plus juste.

Mais enfin l’audience est ouverte. M. le président, demande aux
accusés leurs noms, prénoms et qualités. Le greffier donne ensuite
lecture de l’acte d’accusation. Nous nous abstiendrons de le repro-
duire, attendu la publicité des faits qui y sont contenus. Les chefs
d’accusation sont au nombre de soixante-douze : i° outrage envers
un député à raison de ses votes et opinions émises à la tribune; a° ten-
tative de renversement du gouvernement, le fer aux pieds; 3° excita-
tion à la haine et au mépris du roâ que M. Viennet s’est donné; 4° ta-
page nocturne par suite d’un concert entre les prévenus, etc., etc.
La lecture de cette pièce ne dure que huit heures et demie. On
procède ensuite à l’audition des témoins. Le premier témoin appelé
est M. Viennet. Le défenseur des accusés demande la parole et prend
des conclusions tendantes à ce que le sieur Viennet ne soit pas inter-
rogé , attendu l’état d’enfance où paraît être tombé le député acadé-
micien. La cour faisant droit aux conclusions énergiquement motivées
du défenseur, déclare que le sieur Viennet ne peut être admis en
témoignage, attendu l’état notoire d’enfance où il semble être
tombé, et dont ses dernières épîtres sont des preuves surabondantes.
On procède donc à l’audition des autres témoins qui sont au nombre
de 4,562- Quinze audiences soit de jour, soit de nuit, sont employées
à cette opération, laquelle amène enfin ce résultat satisfaisant, qu’il
y a eu un charivari dédié, à leur tour, par les ânes, au poète qui dé-
dia ses vers aux mules.

L’interrogatoire de ces derniers a été signalé par une allocution fort
touchante que leur a adressée M. le président. — « Hé quoi! mes-
sieurs , leur a dit ce magistrat irréprochable, vous en voulez donc
beaucoup à la royauté de votre choix ? Et cependant, quelle peut être
la cause de ce refroidissement que je ne puis m’expliquer? La royauté
de votre choix a-t-elle démérité de vous? Il me semble qu’au con-
traire.... »

Le défenseur s’est levé ici, et a dit : — « Je me permettrai d’inter-
rompre M. le président. La réponse à cette question doit faire partie
de la défense. »

La parole est alors au ministère public. Dans un long réquisitoire
qui dure quatre heures vingt-cinq minutes, et pendant lequel l’audi-
toire donne souvent des marques d’improbation, malgré les injonctions
de M. le président, le ministère public cherche à prouver tout de nou-
veau qu’il y a eu un charivari. En voici les passages les plus remar-
quables :

— « Messieurs, lorsqu’une société a été ébranlée jusqu’en ses fon-
« demens.... »

(Ici des murmures interrompent V orateur, qui est forcé de reprendre
sa phrase) :

— « Messieurs, lorsqu’une société a été ébranlée jusqu’en ses fon-
« demens.... »

(De nouveaux murmures interrompent l'orateur qui reprend avec
plus de force) :

1188---

— u Oui, messieurs, lorsqu’une société a été ébranlée jusqu’en ses
« fondemens.... »

(Les murmures deviennent de plus en plus nombreux. M. le prési-
dent est obligé d’intervenir et de menacer les interrupteurs de les faire
expulser. Le ministère public reprend ensuite ) ;

«Messieurs, lorsqu’une société a été ébranlée jusqu’en ses fonde-
« mens_»

(Ici les murmures éclatent de nouveau et avec tant de violence que
M. le président donne l’ordre de faire sortir les interrupteurs. L’au-
dience reste suspendue pendant une heure. Le ministère public reprend
enfin) :

« Oui, Messieurs, comme j’ai eu l’honneur de vous le dire, lors-
« qu’une société a été bouleversée dans ses fondemens.... mais que
« dis-je?... ou plutôt non, j’ai fort bien dit. Lorsqu’une société a été
« bouleversée jusqu’en ses fondemens, il devient indispensable de
« mettre un frein aux perturbateurs ; et c’est le cas ou jamais. Je le
« dis avec douleur, le jour où les ânes se détacheraient eux-mêmes du
« pouvoir qu’ils ont contribué à élever sur le pavois, il n’y aurait
« plus de gouvernement possible. Car, on ne saurait trop le répéter :
« Lorsqu'une société a été. »

L’heure avancée nous force de renvoyer au prochain numéro la fin
de ce profond réquisitoire, ainsi que l’éloquente plaidoirie du défen-
seur, l’impartial résumé de M. le président, et le verdict prononcé
par le jury. Ce verdict nous a paru fixer enfin un point de droit qui
était resté fort obscur jusqu’à ce jour.

(Hand)e$.

——oco—-

— N” 511. —

Voici le grand obélisque de Luxe-nez proposé par la Caricature,
pour faire pendant au grand obélisque de Luxor. Cette pyramide
nasicale du Juste-Milieu devrait être fichée sur la place de la Révo-
lution; ses hiéroglyphes résumeraient les faits principaux du régime-
citoyen. Ce serait une histoire en rébus. C’est ainsi que le Luxe-nez,
surmonté par une poire maigre, laisse voir à son faîte une série
d’emblèmes commençant par le coq gaulois et les poignées de main
et se continuant à travers les chambres improstituées, les embastille-
mens, la paix à tout prix, les croix d’honneur, les pistolets pliilan-
tropes, les perruques, les riflards et les sergens de ville, jusqu’à son
résumé le plus exact, à savoir une grosse poire supportée par des ca-
nards. On sait que dans la langue hiéroglyphique, la poire est le sym-
bole de l’astuce, et le canard celui de la duperie.

Cet emblème pyramidal du régime-citoyen est entouré d’une bar-
rière formée de sacs d'argent et gardée par un factionnaire, le tout
représentant l’amour populaire et le suffrage unanime.

— N° 512. —

M. BAILLE-HAUT.

M. Baîlle-haut est le bailleur haute-contre de l’orchestre Vérollot;
sa partie produit un merveilleux effet dans les tutti : Aux voâs ! aûx
vodsl Ce n’est pas un des hommes les plus marquants de la chambre ,
bien qu’il y fasse beaucoup de bruit. Cependant il avait droit, sous le
double rapport du ramage et du plumage, de figurer dans la curieuse
galerie de M. Daumier.

Dans un de ses plus prochains numéros , la Caricature publiera la
PREMIÈRE FEUILLE ü’uNE GALERIE INTITULÉE I LES FeuILLES PUBLI-
QUES. Cette composition , due a deux artistes aimés de nos Abonnés,

SERA COLORIÉE AVEC UN GRAND SOIN.
 
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