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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 2
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Blanc, Charles: Grammaire des arts décoratifs pour faire suite à la grammaire des arts du dessin, [6]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0106

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GRAMMAIRE DES ARTS DÉCORATIFS. 99

rent, ou de mettre en évidence les rapports heureux de la proportion
individuelle.

Chaque jour, nous voyons des femmes alourdir leur chevelure par un
chignon démesuré et faire de leur tête un édifice qui, par sa masse,
devient la cinquième partie de leur corps.

11 est pourtant facile de doubler la hauteur de la tête sans violer la
proportion naturelle. Il suffit pour cela de distinguer nettement le cha-
peau ou la coiffure, de manière que la personne entière paraisse aug-
mentée environ d’un septième ; car si la longueur de la tête est contenue
un peu plus de sept fois en moyenne dans la longueur totale du corps
féminin, elle peut y être contenue huit fois sans que cette proportion
soit choquante : car c’est la condition même de la sveltesse dans l’un et
l’autre sexe. Donc une coiffure qui exhausse la taille d’une femme
d’une hauteur de tête ne fait que prêter de l'élégance à l’ensemble de
la silhouette, pourvu que la tête et la coiffure, encore une fois, ne for-
ment pas une seule et unique masse qui deviendrait alors, pour l’œil,
les deux huitièmes ou le quart de la figure entière. C’est ce qui arrive
justement lorsque les femmes, à force de vouloir imiter la perruque des
postillons, s’affublent d’un chignon énorme, au lieu de ces frisures
légères qui tombaient sur la nuque, mais la laissaient entrevoir.

■ Un jour qu’on parlait devant nous des caprices de la mode et de ses
folies, une dame dit vivement : a Après tout, la mode n’est jamais
ridicule. » Ce mot n’était qu’une boutade, et toutefois il contenait une
part de vérité. Dans un pays comme le nôtre, dans ce pays qui est la
patrie de la mode, il y a toujours de l’esprit pour contenir l’extrava-
gance et du goût pour la corriger. Lorsque la mode donne dans un
travers, il semble que toutes les professions se concertent pour racheter
ses défauts, pour les amoindrir. Du jour, par exemple, où les chignons
épais sont devenus à la mode, les femmes, pour ne pas en être écra-
sées, ont remis en vogue les souliers à hauts talons, et regagnent ainsi
ce qu’elles avaient perdu de leur taille apparente : elles ont rétabli la
proportion que le volume de la coiffure avait rompue.

Dans le corps humain, qui est presque monochrome, la proportion
des membres entre eux et leur rapport à une commune mesure sont
une image de l’ordre et un élément de l’harmonie ; mais dans le corps
habillé et orné de ses vêtements, il faut joindre à l’harmonie des lignes
et des masses l’harmonie des tissus et des couleurs.

Mais d’abord, qui dit harmonie dit caractère. Mettre de l’harmonie
dans un ouvrage, qu’est-ce autre chose que d’y ramener la variété des
parties à l’unité de l’ensemble? Or, dans la toilette, où le beau est tou-
 
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