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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 2
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Gonse, Louis: Le musée de peinture, [5]: Musée de Lille
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0163

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154

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

la composition définitive, mais déjà avec le groupe de droite et très-heu-
reusement agencé ; et un petit portrait du peintre par lui-même, gris, mono-
chrome, parfait. II .faut y ajouter un portrait de grandeur naturelle et assis,
en petite veste de velours bleu, cleM. JulesBoilly,peintre et lithographe, fils
de Louis Boilly, très-joli, traité pour les étoffes et les accessoires, comme
les premiers portraits d’Ingres. Ces deux dessins et ces deux portraits
sont un don de M. Jules Boilly. Il faut ajouter encore le petit portrait
d’homme assis devant un bureau, les jambes croisées, tenant une taba-
tière de la main droite, en costume de la fin du xvine siècle, la plus ter-
minée de ses œuvres au musée, dans le faire du Marat, probablement
antérieure; et un autre portrait d’homme en buste, n° 41. Le grand por-
trait de Louis Boilly âgé, par son fils, debout près d’une table à couleurs,
taillant son crayon blanc, en redingote bleue fermée et gilet jaune,
la figure dure et rouge, sous d’énormes lunettes, est fort curieux.

Ces portraits d’artistes nous ont entraînés dans le xixe siècle. Reve-
nons un peu en arrière. En 1781, Louis David, âgé de trente-trois ans,
mettait la dernière main, à son retour de Rome à Paris, au grand tableau
du Belisaire demandant Vaumône, qui le fit recevoir agréé à l’Académie
de peinture, et qu’il avait exécuté comme pensionnaire de la Villa Médicis.
Cette toile est une date dans la carrière de David et une date dans l’his-
toire de l’art français. C’est la première fois qu’il rompt ouvertement
avec l’ancienne école, car la Peste de Saint-Roch, au Lazaret de Marseille,
n’est encore qu’une œuvre incertaine et fortement imbue du style de
Vien. Avec le Bélisaire il fait un pas décisif dans la restauration de la
peinturé de style; aussi le tableau eut-il un grand retentissement. On
put prévoir quel rôle allait jouer son auteur. C’est la pierre angulaire de
cette école davidienne, si prépondérante et si fortement constituée dans sa
base, par la volonté toute-puissante de son chef illustre, que nous avons
pu la voir, près d’un siècle après l’apparition du Bélisaire, renouvelée et
transformée, jeter ses dernières lueurs encore vigoureuses avecM. Ingres
et M. Schnetz. Peu après, David atteignit dans ses peintures républicaines,
qui couronnent un siècle et en ouvrent un autre, dans les Iloraces, le
Brulus, le Serment du Jeu de Paume, la Mort de Socrate, le Marat,
une hauteur qu’il n’a pas dépassée. Sept années seulement séparent le
Bélisaire de la Mort de Socrate, son chef-d’œuvre. Du reste il attachait
un grand intérêt à cette première composition, car il en fit faire, en
1784, une copie, — aujourd’hui au Louvre, — réduite, retouchée et
signée par lui, avec quelques légères modifications, par Fabre et Girodet.
Je préfère de beaucoup l’accent et l’ampleur de l’œuvre originale. Elle
est signée : L. David faciebat, anno 1781. Lutetiœ. Tout le monde connaît
 
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