SUR LA VILLE DE ROSETTE. ?Cj
du poison des serpens ( i ). En général, en Egypte, les serpens et les scorpions sont
considérés comme des reptiles nuisibles, dont les morsures ou piqûres peuvent
avoir les suites les plus funestes, et souvent même donner la mort. L'armée Fran-
çaise en a fait quelquefois la funeste expérience. On devroit donc regarder comme
un bienfait une association d'hommes dont le but seroit de délivrer le pays d'un
semblable fléau : or ce but est en partie rempli par des espèces de charlatans, qui
calment au moins les alarmes du peuple.
Les Psylles modernes possèdent le secret de délivrer les habitations des serpens
Celles peuvent renfermer. Ils se vantent aussi de garantir de la morsure de ces
reptiles et de celle des scorpions. Les preneurs de serpens se promènent dans les
rues des villes et des villages de l'Egypte, en annonçant à haute voix aux habitans
^uils sont tout prêts à les débarrasser des serpens qui pourroient se trouver dans
leurs demeures : ils portent à leur bras un panier où ils les déposent. Ces hommes
Mettent toujours un certain charlatanisme dans leurs opérations : pour savoir s'il
existe des serpens dans un lieu habité, ils commencent d'abord par composer leurs
regards et leurs manières, et donnent à toute leur personne un air prophétique ; ils
tournent avec mystère les yeux dans tous les coins de l'appartement, et finissent
Par les arrêter dans les endroits où se trouvent effectivement les serpens ; ils flairent
c°ïïime pour s'assurer par l'odorat de la présence de ces reptiles : alors ils prennent
Ulîe espèce de baguette divinatoire; ils prononcent une exhortation avec des in-
dexions de voix traînantes pendant à peu près cinq minutes ; ils crachent à terre,
se baissent et se relèvent ensuite en montrant, soutenu sur la baguette divinatoire,
le serpent naguère caché dans quelque trou des murailles de l'habitation. On
pourrait croire que toute cette opération est le résultat d'un escamotage; mais nous
pouvons assurer qu'il n'en est rien : nous avons exposé ici les faits dont nous avons
été témoins; nous les avons dépouillés de tout le merveilleux sous lequel nous
irions pu'les présenter, et l'on peut compter sur la plus exacte vérité.
Mais ces faits, au reste, soumis à une critique judicieuse, n'offrent rien qui
^e puisse s'expliquer naturellement par l'analogie avec d'autres farts dont nous
s°ttimes témoins tous les jours. En effet, n'y a-t-il pas mille circonstances où les
afférentes inflexions de la voix de l'homme sont entendues par des animaux do-
mestiques et même sauvages ! Nous n'en citerons qu'un seul exemple : le chasseur
ne possède-t-il pas l'art de produire des sons qui attirent dans ses filets ou sur ses
Sluaux une multitude d'oiseaux divers! Assis sur le bord d'un ruisseau et caché
dans le feuillage, il se dérobe à tous les regards, et à sa voix trompeuse accourent
* °"T^, xçv toV otW. MuOïd'ouoj Ji m àpjpyL-mt -mu ytvxc è Psyllis Afris fuit; facilitas ea aliquandiù eo in génère
^ç™*M*mgcLMvi%o<pio>ç- TOp^t <AV tov tu)*av-nç w t£v mansit. ( Strab. Geogr. lib. xm, pag. 588, éd. Paris.
'n?' ' *' ^ *° ^m ^r*"iv " «^'"«/Wf M*xet ™™ï. 1620, ih-'fol. )
°corum fabulantur Ophiogenes ( id est, Serpenti- (1) "luai F uirzif W? fuMouc <pcttn -nvç <ay>of 7? KvpwaJ*
t. 1 esse, qui cum serpentibus quamdam habeant cogna- <f>vmx.tiv -riva, îu-rtm^i"^ kytiy ^àç toi îpmlà, oùro? yj/1 ttvç
_ • natn mares eorum medicari aiunt us qui à vipera Ttv-weJ-t^i vf^ ""f Kpowtikîhovç, x.. t. k
*o/ SUni > continenter tangendo, tamquam incantatores Sunt qui dicant,quemadmodum Psylli apud Cyrena'icam
^ nt> ac primùm in se transferre livorem, deinde inflam- regionem naturalem quamdam vint habent adversùs serpen-
°er, °"e!n etlam doloremque sedare, Ferunt principern ejus tes, sic et Tentyritis esse contra crocodiles, ifc. ( Ibid.
."" e serPe"te in heroëm fuisse mutatum : fartasse unus lib. XVII, pag. 8 1 4. )
du poison des serpens ( i ). En général, en Egypte, les serpens et les scorpions sont
considérés comme des reptiles nuisibles, dont les morsures ou piqûres peuvent
avoir les suites les plus funestes, et souvent même donner la mort. L'armée Fran-
çaise en a fait quelquefois la funeste expérience. On devroit donc regarder comme
un bienfait une association d'hommes dont le but seroit de délivrer le pays d'un
semblable fléau : or ce but est en partie rempli par des espèces de charlatans, qui
calment au moins les alarmes du peuple.
Les Psylles modernes possèdent le secret de délivrer les habitations des serpens
Celles peuvent renfermer. Ils se vantent aussi de garantir de la morsure de ces
reptiles et de celle des scorpions. Les preneurs de serpens se promènent dans les
rues des villes et des villages de l'Egypte, en annonçant à haute voix aux habitans
^uils sont tout prêts à les débarrasser des serpens qui pourroient se trouver dans
leurs demeures : ils portent à leur bras un panier où ils les déposent. Ces hommes
Mettent toujours un certain charlatanisme dans leurs opérations : pour savoir s'il
existe des serpens dans un lieu habité, ils commencent d'abord par composer leurs
regards et leurs manières, et donnent à toute leur personne un air prophétique ; ils
tournent avec mystère les yeux dans tous les coins de l'appartement, et finissent
Par les arrêter dans les endroits où se trouvent effectivement les serpens ; ils flairent
c°ïïime pour s'assurer par l'odorat de la présence de ces reptiles : alors ils prennent
Ulîe espèce de baguette divinatoire; ils prononcent une exhortation avec des in-
dexions de voix traînantes pendant à peu près cinq minutes ; ils crachent à terre,
se baissent et se relèvent ensuite en montrant, soutenu sur la baguette divinatoire,
le serpent naguère caché dans quelque trou des murailles de l'habitation. On
pourrait croire que toute cette opération est le résultat d'un escamotage; mais nous
pouvons assurer qu'il n'en est rien : nous avons exposé ici les faits dont nous avons
été témoins; nous les avons dépouillés de tout le merveilleux sous lequel nous
irions pu'les présenter, et l'on peut compter sur la plus exacte vérité.
Mais ces faits, au reste, soumis à une critique judicieuse, n'offrent rien qui
^e puisse s'expliquer naturellement par l'analogie avec d'autres farts dont nous
s°ttimes témoins tous les jours. En effet, n'y a-t-il pas mille circonstances où les
afférentes inflexions de la voix de l'homme sont entendues par des animaux do-
mestiques et même sauvages ! Nous n'en citerons qu'un seul exemple : le chasseur
ne possède-t-il pas l'art de produire des sons qui attirent dans ses filets ou sur ses
Sluaux une multitude d'oiseaux divers! Assis sur le bord d'un ruisseau et caché
dans le feuillage, il se dérobe à tous les regards, et à sa voix trompeuse accourent
* °"T^, xçv toV otW. MuOïd'ouoj Ji m àpjpyL-mt -mu ytvxc è Psyllis Afris fuit; facilitas ea aliquandiù eo in génère
^ç™*M*mgcLMvi%o<pio>ç- TOp^t <AV tov tu)*av-nç w t£v mansit. ( Strab. Geogr. lib. xm, pag. 588, éd. Paris.
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°corum fabulantur Ophiogenes ( id est, Serpenti- (1) "luai F uirzif W? fuMouc <pcttn -nvç <ay>of 7? KvpwaJ*
t. 1 esse, qui cum serpentibus quamdam habeant cogna- <f>vmx.tiv -riva, îu-rtm^i"^ kytiy ^àç toi îpmlà, oùro? yj/1 ttvç
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*o/ SUni > continenter tangendo, tamquam incantatores Sunt qui dicant,quemadmodum Psylli apud Cyrena'icam
^ nt> ac primùm in se transferre livorem, deinde inflam- regionem naturalem quamdam vint habent adversùs serpen-
°er, °"e!n etlam doloremque sedare, Ferunt principern ejus tes, sic et Tentyritis esse contra crocodiles, ifc. ( Ibid.
."" e serPe"te in heroëm fuisse mutatum : fartasse unus lib. XVII, pag. 8 1 4. )