Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Jomard, Edme François [Editor]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 4,1,2,2: Texte 2,2): Etat moderne — Paris, 1822

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.4818#0501

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
DES HABITANS MODERNES DE l'ÉGYPTE. 497

maîtres absolus des mers, les Romains exploitèrent à leur profit le commerce des
Indes. Cependant leurs flottes ne naviguoient pas au-delà de XIndus, d'après les
assertions des historiens du temps. Selon Pline, les Juifs Romains partoient
d'Alexandrie vers le milieu de l'été-, à l'époque des premières crues du fleuve
sans doute : en vingt-quatre jours ils arrivoient à Bérénice, et.mettoient ensuite
soixante-dix jours pour se rendre dans l'Inde. Il ne leur falloit guère moins d'une
année pour aller et revenir. Cet état de choses dura jusqu'à la conquête des Arabes,
ou même depuis Auguste jusqu'à Constantin seulement; car la fondation de
Constantinople par ce prince nuisit beaucoup à la prospérité commerciale de
l'Egypte. Plus tard, lorsque le khalyfe O'mar fit bâtir Bassora (i) sur l'Euphrate,
le commerce des Indes devint l'apanage exclusif de cette nouvelle cité, et il fut,
pour ainsi dire, circonscrit dans les bornes du golfe Persique. Mais l'Egypte
n'avoit point encore perdu tout son ancien éclat: le Kaire, fondé par le khalyfe
Fatimite Mo'ezz Ledyn-Illah (2) en 984, devint bientôt une ville importante;
au xn.e siècle, Alexandrie avoit recouvré une partie de ses avantages, et les
marchandises des Indes y afïïuoient de toutes parts. Mais la découverte que firent
les Portugais du passage aux Indes par l'océan Atlantique et le cap de Bonne-
Espérance, porta le dernier coup à la splendeur de l'Egypte, et la réduisit, pour ,
ainsi dire, à ses propres moyens de négoce. Les Vénitiens et les Génois, qui
s'étoient successivement enrichis par leurs relations avec Constantinople, la mer
Noire et l'Asie mineure, se ressentirent également des effets que produisirent en
Asie les découvertes des navigateurs Portugais. Les Vénitiens ctoient presque seuls
en possession du commerce de l'Egypte : ils venoient chercher à Alexandrie toutes
les denrées nécessaires à l'Europe, et donnoient en retour des bois de construction,
des métaux, des draps, des étoffes de soie, et d'autres produits de leurs fabriques,
tels que des miroirs, des armes, de la verrerie, &c. &c. Au xiv.e siècle, les Flo-
rentins , donnant à leurs manufactures de draps et de soieries une supériorité
décidée, étendent au loin leurs relations et leurs échanges : ils viennent à Alexan-
drie, et partagent avec les Vénitiens le commerce que ceux-ci faisoient auparavant
sans concurrence; ils établissent des banques, et prennent un rang distingué parmi
les nations commerçantes de l'époque.

Voilà toutes les périodes du commerce Égyptien, depuis les âges les plus
reculés jusqu'à des temps voisins du nôtre ; voyons maintenant ce qu'il est de-
venu sous l'administration destructive des Mamlouks et l'influence non moins
funeste des Ottomans.

II est certain que, si le cours des opérations commerciales d'un pays dépendoit
du gouvernement qui l'administre, l'Egypte auroit cessé depuis long-temps toute
espèce d'échange avec les peuples voisins. Mais il en est du commerce comme de
toutes les autres branches d'industrie particulières aux diverses nations; il se sou-
vent en quelque sorte par lui-même, parce que chacun en sent la nécessité : on
peut I entraver, le circonscrire; mais il est presque impossible de comprimer tout-
a-rait son utile essor. C'est ce qui est arrivé sous le despotisme des beys : les

(0 Ou Basrah, *_yaj . (2) w| vijj J^
 
Annotationen