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Revue archéologique — 8.1863

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Foucart, Paul François: Le temple d'Apollon à Delphes
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https://doi.org/10.11588/diglit.22428#0058

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o4

REVUE ARCHEOLOGIQUE.

tache à ce qu’on appelle la seconde époque pélasgique. Ce ne sont
plus des quartiers de roc entassés comme aux fortifications de Ty-
rinthe; les blocs sont encore irréguliers, mais taillés et assemblés
avec précision. Ils se soutiennent seulement par leur masse et
l’exactitude des joints. Une particularité remarquable, c’est la
courbe des lignes de jonction; dans les autres murs pélasgiques, la
ligne droite domine; ici, c’est la ligne courbe, et elle décrit les si-
nuosités les plus capricieuses. Cet usage des courbes; se retrouve
dans toutes les constructions pélasgiques de Delphes, il leur donne
un cachet particulier et semble marquer une période distincte dans
l’histoire de cet art reculé.

La face du mur a été aplanie avec soin, mais par un travail
postérieur à la construction. Quand les pierres ont été mises en
place, elles n’étaient pas encore taillées comme elles le sont main-
tenant; les côtés seuls avaient été préparés et la face restait
brute. C’est seulement après l’achèvement du mur qu’elle a été tra-
vaillée à son tour. La preuve en est dans les blocs qui appartiennent
à la fois au soubassement et au mur lui-même : la partie inférieure
qui devait demeurer cachée sous terre a été laissée brute et en saillie;
la partie supérieure du même bloc, destinée à paraître, a été seule
travaillée. C'est ce qui explique comment on a pu obtenir une sur-
face plane d’une aussi grande régularité. Encore un procédé que
nous retrouvons dans l’art hellénique et que les Grecs ont peut-être
emprunté aux Pélasges.

On ne peut se défendre d’un vif sentiment d’étonnement, sinon
d’admiration, à la vue de ce mur qui se développe sur une longueur
de quatre-vingt-dix mètres, intact après plusieurs siècles, comme au
jour où il fut achevé, tandis que le village qu’il soutient s’est plus de
dix fois renouvelé; sa masse a résisté au temps, à la poussée des
terres, à la destruction des hommes, aux tremblements de terre. A
force de solidité, il est presque beau, et l’on se demande ce qu’était
cette race primitive des Pélasges qui a su construire de tels ouvrages.
Aussi les anciens attribuaient-ils cette œuvre au dieu lui-même et à
ses deux architectes favoris, Agamède et Trophonius, dirigeant [des
tribus innombrables (1).

Après l'incendie du premier temple de Delphes, toute cette partie
fut remaniée. Les nouveaux constructeurs ne songèrent pas à dé-
truire l’œuvre de leurs devanciers, mais à s’en servir. Le sommet

(l) Hymne à Apollon, v. 29^.
 
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