46 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
tures quant à l’époque présumée de la fermeture de notre crypte.
Nous nous croyons donc assuré désormais par deux graves témoi-
gnages, le premier, dû à un empereur instruit dans les choses de
l’antiquité, le second emprunté à l’Étrurie à l’époque où elle était
encore florissante, de l’origine étrusque de Servius Tullius. Or, du
consentement de tous, non-seulement son règne est resté comme
l’expression des plus grands changements opérés à Rome, soit sous
le rapport de l’agrandissement matériel, soit sous celui des institu-
tions politiques, mais on lui doit des fondations religieuses de la
plus haute importance. C’est lui qui prépara un centre aux diffé-
rentes tribus du Latium en élevant sur l’Aventin le temple de Diane,
où les Latins se réunissaient pour un commun sacrifice. Dans le
choix de celte déesse, dans la forme du simulacre qui lui était con-
sacré, on a voulu voir la preuve des emprunts faits par Mastarna à
la constitution des villes ioniennes, qui s’unissaient aussi dans leur
culte pour la Diane d’Éphèse. Tout en acceptant le fait de rapports
entre Rome et l’Ionie par les colonies de la grande Grèce, et le plus
souvent par l’intermédiaire des Étrusques, nous n’avons pas besoin
d’en appeler à une influence étrangère pour nous rendre compte de
l’institution due au compagnon de Yibenna. Il devait trouver dans sa
propre origine la pensée de modeler les institutions de son peuple
sur une forme fédérative reliée par des habitudes religieuses. L’É-
trurie lui en offrait un exemple frappant, car il avait vu se réunir
dans le temple de Yulsinies les chefs des douze lucumonies. Ajoutons
que le culte des lares, tout particulièrement étrusque, paraît avoir
été favorisé d’une manière spéciale par le prince auquel on attribue
l’importation à Rome des l'êtes célébrées en leur honneur dans les
carrefours sous le nom de Compitalici. D’après une ancienne tradi-
tion romaine à laquelle Claude fait allusion dans son discours, Ser-
vius Tullius est même le fils du lare domestique. Un jour qu’une es-
clave de la reine Tanaquil, nommée Ocrisia, était assise près du foyer,
un phallus s’éleva des cendres et la féconda. Elle mit au monde
Servius, qui institua la fête des lares en mémoire de son origine.
Cette tradition, adoptée de préférence par les Latins, remonte évi-
demment à quelque légende étrusque. On y reconnaît la présence
de ces esprits intermédiaires, lares, pénates ou génies qui, dans la
théogonie des Toscans, émanent des dieux et transmettent l’émanation
divine à l’âme humaine. Une semblable légende est rapportée par
Plutarque à propos d’un certain roi nommé Tarchetius, qu’Otfried
Muller croit pouvoir identifier avec Tarchon.
Noël des Vergers.
tures quant à l’époque présumée de la fermeture de notre crypte.
Nous nous croyons donc assuré désormais par deux graves témoi-
gnages, le premier, dû à un empereur instruit dans les choses de
l’antiquité, le second emprunté à l’Étrurie à l’époque où elle était
encore florissante, de l’origine étrusque de Servius Tullius. Or, du
consentement de tous, non-seulement son règne est resté comme
l’expression des plus grands changements opérés à Rome, soit sous
le rapport de l’agrandissement matériel, soit sous celui des institu-
tions politiques, mais on lui doit des fondations religieuses de la
plus haute importance. C’est lui qui prépara un centre aux diffé-
rentes tribus du Latium en élevant sur l’Aventin le temple de Diane,
où les Latins se réunissaient pour un commun sacrifice. Dans le
choix de celte déesse, dans la forme du simulacre qui lui était con-
sacré, on a voulu voir la preuve des emprunts faits par Mastarna à
la constitution des villes ioniennes, qui s’unissaient aussi dans leur
culte pour la Diane d’Éphèse. Tout en acceptant le fait de rapports
entre Rome et l’Ionie par les colonies de la grande Grèce, et le plus
souvent par l’intermédiaire des Étrusques, nous n’avons pas besoin
d’en appeler à une influence étrangère pour nous rendre compte de
l’institution due au compagnon de Yibenna. Il devait trouver dans sa
propre origine la pensée de modeler les institutions de son peuple
sur une forme fédérative reliée par des habitudes religieuses. L’É-
trurie lui en offrait un exemple frappant, car il avait vu se réunir
dans le temple de Yulsinies les chefs des douze lucumonies. Ajoutons
que le culte des lares, tout particulièrement étrusque, paraît avoir
été favorisé d’une manière spéciale par le prince auquel on attribue
l’importation à Rome des l'êtes célébrées en leur honneur dans les
carrefours sous le nom de Compitalici. D’après une ancienne tradi-
tion romaine à laquelle Claude fait allusion dans son discours, Ser-
vius Tullius est même le fils du lare domestique. Un jour qu’une es-
clave de la reine Tanaquil, nommée Ocrisia, était assise près du foyer,
un phallus s’éleva des cendres et la féconda. Elle mit au monde
Servius, qui institua la fête des lares en mémoire de son origine.
Cette tradition, adoptée de préférence par les Latins, remonte évi-
demment à quelque légende étrusque. On y reconnaît la présence
de ces esprits intermédiaires, lares, pénates ou génies qui, dans la
théogonie des Toscans, émanent des dieux et transmettent l’émanation
divine à l’âme humaine. Une semblable légende est rapportée par
Plutarque à propos d’un certain roi nommé Tarchetius, qu’Otfried
Muller croit pouvoir identifier avec Tarchon.
Noël des Vergers.