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REVUE ARCHEOLOGIQUE.
L’église de Trêves aurait donc ainsi vu, après l’invasion des ido-
lâtres, disperser les fidèles, les pasteurs, et plusieurs d’entre eux
seraient venus chercher dans la Première Lyonnaise, dans la Vien-
noise, asile sur une terre romaine et chrétienne. La prise par les
païens d’une illustre métropole vouée fatalement à perdre toutes ses
splendeurs (3), le trouble contemporain dans ses listes épiscopales,
l’envoi de nombreux clercs à son église par le roi Thierry, la per-
sistance du paganisme, l’attitude menaçante de ses adeptes sous le
règne môme de ce prince, la brusque et remarquable suppression des
marbres dans un de nos plus grands centres épigraphiques, enfin la
découverte, dans le sud de la Gaule, d’épitaphes appartenant à un
enfant, à un évêque de Trêves, me semblent autant de points faits
pour attester la désertion par les chrétiens d’une ville devenue la
proie des idolâtres.
Les légendes lapidaires fournissent donc le moyen d’éclairer une
époque inconnue dans l’histoire de l’Église. C’est à mes yeux une
preuve nouvelle à l’appui de celte thèse, que je développerai ailleurs,
que les inscriptions des fidèles représentent l’état du christianisme.
Edmond Le Blant.
« Cyrillum Jamnerius (.Jamblichus), Jamnerium Evemerus [subsecutus Marum post
« se construit qui monasterium sancti Pauli a Barbaris cum prædictis urbis vasta.
« tionibus desolatum reparavit » (c. xxiii, dans Pertz, Monum. hist. germ., t. VIII,
p. 158). Deux évêques se sont donc succédé sans entreprendre de relever les saints
édifices ruinés par l’invasion de 464; un troisième seulement a pu le faire. Le peu
que valaient encore à Trêves, au vie siècle, la protection des évêques, celle des
sanctuaires respectés à Rome par les Goths eux-mêmes (S. ,Aug., Civ. Dei, I, i etc.)
se voit dans le récit du meurtre de Parthénius (Gr. Tur., H. Fr., III, 36).
(3) Les empereurs l’avaient quittée vers la fin du vie siècle (.Inscrip. chrét de la
Gaule, t. I, p. 383). Au début du ve, les préfets des Gaules l’abandonnent pour Arles
(Boeckiug, Notifia, Occ. p. 162); Cologne, sous les Ripuaires (Greg. Tur.,//. Fr.,
II, 40, etc.), Metz, sous les Mérovingiens (III, 22, etc.), devaient lui enlever son titre
de capitale.
REVUE ARCHEOLOGIQUE.
L’église de Trêves aurait donc ainsi vu, après l’invasion des ido-
lâtres, disperser les fidèles, les pasteurs, et plusieurs d’entre eux
seraient venus chercher dans la Première Lyonnaise, dans la Vien-
noise, asile sur une terre romaine et chrétienne. La prise par les
païens d’une illustre métropole vouée fatalement à perdre toutes ses
splendeurs (3), le trouble contemporain dans ses listes épiscopales,
l’envoi de nombreux clercs à son église par le roi Thierry, la per-
sistance du paganisme, l’attitude menaçante de ses adeptes sous le
règne môme de ce prince, la brusque et remarquable suppression des
marbres dans un de nos plus grands centres épigraphiques, enfin la
découverte, dans le sud de la Gaule, d’épitaphes appartenant à un
enfant, à un évêque de Trêves, me semblent autant de points faits
pour attester la désertion par les chrétiens d’une ville devenue la
proie des idolâtres.
Les légendes lapidaires fournissent donc le moyen d’éclairer une
époque inconnue dans l’histoire de l’Église. C’est à mes yeux une
preuve nouvelle à l’appui de celte thèse, que je développerai ailleurs,
que les inscriptions des fidèles représentent l’état du christianisme.
Edmond Le Blant.
« Cyrillum Jamnerius (.Jamblichus), Jamnerium Evemerus [subsecutus Marum post
« se construit qui monasterium sancti Pauli a Barbaris cum prædictis urbis vasta.
« tionibus desolatum reparavit » (c. xxiii, dans Pertz, Monum. hist. germ., t. VIII,
p. 158). Deux évêques se sont donc succédé sans entreprendre de relever les saints
édifices ruinés par l’invasion de 464; un troisième seulement a pu le faire. Le peu
que valaient encore à Trêves, au vie siècle, la protection des évêques, celle des
sanctuaires respectés à Rome par les Goths eux-mêmes (S. ,Aug., Civ. Dei, I, i etc.)
se voit dans le récit du meurtre de Parthénius (Gr. Tur., H. Fr., III, 36).
(3) Les empereurs l’avaient quittée vers la fin du vie siècle (.Inscrip. chrét de la
Gaule, t. I, p. 383). Au début du ve, les préfets des Gaules l’abandonnent pour Arles
(Boeckiug, Notifia, Occ. p. 162); Cologne, sous les Ripuaires (Greg. Tur.,//. Fr.,
II, 40, etc.), Metz, sous les Mérovingiens (III, 22, etc.), devaient lui enlever son titre
de capitale.