Der Sturm: Monatsschrift für Kultur und die Künste (13.1922)

Meine Arme durchgreifen die Luft
0 Du mein brustnaher Stern
Fern
Träumst Du
Mir nur mir
scheinst Du
Meine Arme durchgreifen die Luft
Strecken sich langbang nach dem Sterntraum
0 Du mein brustnaher Traumstern
Meine Arme runden die Erde
Sterntraum gleitet zum Traumstern
Leuchtet mein Herz nun glanzhoch
0 Du mein brusttiefer Stern

Dadaisme
On a beaucoup ecrit sur le Dadaisme, mais
point pour le louer. Ce n’est pas moi qui
commencerai. On ne voit jamais tant de
fleurs que derriere un corbillard. Puis un
bon coup de bäton sur la tete de quelqu’un
produit toujours un certain effet, tandis que
les caresses ont besoin d’etre bien ajustees.
Enfin, je suis dadaiste et les caresses
appliquees ä soi-meme ont un nom malfame.
Jamais une etiquette n’a eu autant d’impor-
tance pour la marchandise qu’elle recouvre.
Beaucoup de Dadas ne sont pas dadaistes-
lisple deviennent pourtant du fait qu’ils sont
qualifies tels par la foule et eux-memes.
Une vieille femme qui se croit Socrate
devient Socrate si on consent ä lui accorder
cette personnalite.
II est donc tres difficile de definir le Da-
daisme.
Non, dit le Dadaiste en naissant. On lui
donne le sein.— Non — Mais il tete. Le
tout est de s’entendre.
La lune n’existe pas. Ce que nous appelons
la lune n’a aucun rapport avec la lune.
C’est ce qui nous donne le droit de dire
la lune existe et la lune n’existe pas.
II y a un certain nombre d’objets recou-
verts d’un bandage herniaire qu’on nomine
Art. Tout „9a“ c’est l’Art. II suffit de dire
oui, alors c’est- l’Art. Mais ce bazar de-
vient assommant. Nous disons Non. Et
l’Art s’evapore. Le plus dröle est que tout
le monde actuellement trouve l’Art
assommant. Rien n’amuse plus le public:
ni les expositions, ni les concerts, ni les
musees. Tout ce qui l’amuse est precise-
ment ce ä quoi il refuse la qualite d’Art

Mais la foule s’indigne. L’Art est assommant,
il faut le respecter. Tout comme Dieu.
L’Art est de droit divin. Qu’on le veuille
ou non, il y a une partie de l’Art qui a
une action morale, et de lä, sociale. L’im-
portance de Dieu est au fond uniquement
sociale. Les ennemis de Dieu sont ceux
de la Societe. Si l’on remplace Dieu par
le Bien, ou par le Beau, tout est sauve.
Mais si l’on commence ä detruire ceci, ne
s’attaquera-t-on pas ä cela? Oü s’arretera-
t-on? les Dadaistes sont les ennemis de la
societe.
Une fraction dadaiste, celle de Berlin, est
particulierement politique. C’est d’ailleurs
sa force speciale. Elle n’attache ä la forme
artistique aucune espece d’importance, ce
qui lui permet d’etre ä son gre d’allure
futuriste ou autre: eile est directement en-
nemie de la Societe.
Pourquoi detruire, demandent les indignes?
Et pourquoi, construire? Nous n’arrivons
pas ä nous interesser ä votre construction,
sauf comme divertissement entremets. Mais
nous voyons ä quoi eile mene: ä certain
massacre et ä certaine ruine generale. La
construction bolchevik comme la capitaliste.
Et pour ce qui est des petits edicules de
la pensee ils revelent, pour parier morale,
une teile bassesse, une teile ignominie, qu’on
est en droit de se demander si ces gens
avec leur beaute, ne se foutent pas de nous.
Et cependant nous con struisons.
On nous le reproche, pour pouvoir dire
que notre construction n’est ni nouvelle,
ni interessante — et c’est le plus grave —
ni destructive.
Si l’on demolit la tour Eiffel, cela fait un
tas de ferraille. Ce tas est une construction.
Nouveaute. Qu’est ce donc que les nova-
teurs? Il n’y a que des singes, fils de singes
et peres de singes qui se nourrissentjde
ce qu’ils trouvent, et agissent ä la maniere
des singes.
Rembrandt, Ingres, Manet, Cezanne, Verlaine,
Lautreamont ne sont pas non plus nova-
teurs. Ils se deshabillent en ’montrant tantöt
leur ventre, tantöt leur dos. On a la pudern-
de ce que l’on peut.
O11 nous jette dans les jambes le nom
d’Hegel comme superlatif de la destruction.
Bonjour Papa. Cela vous fait plaisir? Sa
petite negation tres sympathique n’a rien
detruit. Elle est triste d’ailleurs. Dans une

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