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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

DOI issue:
Numéro 125 (28 Mars 1833)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0082

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999 ---—-LA CARICATURE,--1000

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,

HISTOIRE DE L’ORDRE DES ASSASSINS.

Le libraire Paulin, place de la Bourse, vient de mettre en vente un ouvrage de M. Ham-
mer, l'un des plus savans orientalistes de l’Allemagne, qui unit à l’importance et à la
nouveauté des faits historiques les mieux prouvés , tout l’attrait du roman le plus ingé-
nieuxet le plus dramatique. C’est F Histoire de l’ordre des Assassins (traduit de l’allemand,
par MM. J.-J. Hellert et Fit de la Nourais; i vol. in-8°. Prix : 7 fr. 5ô c.); de eet ordre
qu’on voit apparaître d’une manière si imprévue, si mystérieuse, si terrible, au milieu des
guerres des croisades , et sur lequel on 11’avait eu jusqu’ici que des renseignemens incom-
plets et généralement inexacts. Décrit par M. Hammer, Vordre des Assassins offre, par
ses formes, une ressemblance frappante avec la franc-maçonnerie; et, par ses actes, il
rappelle le fameux tribunal secret de Westphalie. Ses relations avec l’ordre des Templiers
ne sont pas une circonstance moins curieuse ni d’un moindre intérêt historique. Le livre
de M. Hammer nous semble appelé à avoir un succès solide et durable.

PLUS D’ARGENT, PLUS DE TAMERLAN!

ABJURATION EN TROIS TABLEAUX AVEC ÉriLQGUE.

PREMIER TABLEAU.

Vaste atelier de tapissier où vingt ouvriers travaillent et chantent en chœur:

En avant, marchons, etc.

Piton, maître tapissier.—Très-bien, mes amis! très-bien! Vous
chantez comme des dieux. Parole de caporal !

Premier ouvrier. —* Dame , not’ bourgeois, ça va sans dire. C’est
au jour d’aujourd’hui que nous devons palper les quibus; alors, vive
la joie!

Deuxième ouvrier. — Dites donc, père Piton , ça va-t-il être pour
bientôt? Nous avons le gosier un tant soit peu sèche; ça nous influence
l’organe de la voix ; à preuve que Soldat du drapeau tricolore, celui-là
de couplet que vous aimez tant, eh bien! n’y a pas eu moyen! avec
ça qu’il est dur à chanter. Pas vrai, vous autres ?

Piton.—Allons, assez, Latitus! Vous êtes incorrigible! Prenez
garde ! Je vous ai déjà dit que vous professiez des doctrines incompa-
tibles avec la tapisserie. Enfin, suffit.... ViveLouis-Philippe ! Et quant
à votre argent, vous l’aurez lom-à-l’heure, quand j’aurai touché moi-
même le montant de ce mandat sur le trésor roi-yial.

, Premier ouvrier. — Ah ! ben ! alors, nous n’avons qu’à nous serrer
le ventre !

Deuxième ouvrier. — Pardi! Votre trésor roi-yial, nous sommes
payés pour nous en méfier. Est-ce que la dernière fois cjue vous atten-
diez de l’argent pour vos fournitures des Tuileries, ça n’a pas été un
tas de singeries qui n’en finissaient plus? Même, que ce gros chipotier
deTaton.... Tonta.... Tonquolibet, enfin n’importe! vous a rogné
votre mémoire en deux; ce qui fait qu’à votre tour, vous nous avez
rognés en quatre.

Piton. — C’est possible; mais cette fois c’est avec le gouvernement.
On se rattrape toujours avec le gouvernement. Que diable ! mon
mandat est en règle.... signé....

Un voisin qui vient d'entrer. — Par qui ?

Piton. — Par qui? par les autorités compétentes.... avec paraphe
du ministre de la guerre!... Si je ne suis pas payé avec ça.... je ne le
serai jamais.

Ue voisin. — C’est ce que j’allais vous dire.... vous ne le serez
jamais. Je viens de lire dans les gazettes que la chambre des députés a
rejeté cette dépense du budget du ministère de la guerre.

Piton. — Bath, laissez donc ! la chambre ! Certainement je la res-
pecte, la chambre! sans elle, il y a long-temps que l’hydre de l’anar-

chie nous aurait tous dévorés, avec nos boutiques ! Mais le ministre est
là! c’est lui qui a commandé l’ouvrage, c’est lui qui paiera. Voilà l’a-
vantage du gouvernement constitutionnel ! (Allant au pied de l'esca-
lier , et criant : ) Lolotte! descends-moi mqn uniforme, vite, vite!

( Aux ouvriers. ) Je vas aller le voir en uniforme , parce que , vous

comprenez un vieux, un illustre guerrier, comme on dit toujours,

ça aime le militaire. Ali ! dame, j’ai fait la campagne des 5 et 6 juin !
Ces jours-là, je puis me flatter d’avoir fait mes six heures de faction à
la barrière Saint-Jacques ! ( Il met, son uniforme. ) Vous autres, alten-
dez-moi; ne vous inquiétez pas; nous vivons sous un roi qui ne per-
mettrait pas que le plus fidèle de ses sujets.... Ah! cela vous fait faire
la grimace ? Hé bien ! oui, de ses fidèles sujets!... Sujet de Louis-Phi-
lippe!... Vive le roi!... Ah!.,, et ma facture que j’oubliais !...

DEUXIÈME TABLEAU.

Un appartement somptueux du ministère de la guerre.

Le ministre , brusquement à Pilon. — Que voulez-vous ?

Piton, se courbant, en cerceau, et. présentant le mandat. — Illustre
maréchal, c’est pour ce mandat en question.... Le caissier dit qu’il
y a opposition.

Le ministre. — Certainement... Après?

Piton , un peu décontenancé. — C’est que j’ai compté sur cette
somme.

Le ministre. — Et moi sur la chambre : elle a rejeté le crédit....
Nous verrons au budget de l’an prochain.

Piton.—• Impossible, excellence, je suis pressé. Si monseigneur
voulait lui-même_Mes ouvriers attendent_

Le ministre , se levant avec dignité. — Monsieur, j’ai combattu
vaillamment les ennemis de la patrie....

Piton. — Certainement, illustre maréchal... Mais..; ma facture_

Le ministre. — Tous mes grades, monsieur, je les ai conquis sur
le champ de bataille.

Piton, vexé. — Certainement, vieux guerrier! mais tout cela_

ne me donne pas....

Le ministre. — Les émolumens attachés à mes fonctions, mon-
sieur, à ces grades que j’ai conquis en combattant, m’appartiennent,
monsieur, et je les défendrai jusqu’à la mort-, je l’ai déclaré à la
chambre, et je vous le répète, monsieur!

Piton, de plus en plus vexé. —Vous ferez bien, illustre maréchal ;

mais voyez : i° réparé trente banquettes pour la grande soirée_

2° rembourré vingt-trois fauteuils du salon bleu.... 3°_

Le ministre se levant. — Qu’est-ce, monsieur !... Avez-vous bien-
tôt fini ? croyez-vous que j’aie le temps de m’occuper de ces sortes de
choses, quand la patrie réclame tout mon temps.... Allez trouver_

Piton..— Trouver qui?... trouver quoi?... ça me paiera-t-il mes
3,5oo fr.

Le ministre. — Monsieur, j’ai combattu vaillamment....

Piton, exaspéré.— Ah bath! vous rabâchez toujours la même chan-
son ! C’est de l’argent qu’il me faut.

Le ministre. — Tous mes grades, monsieur, je les ai conquis sur_

Piton , d’un air solennel et se couvrant. — Monsieur ! les ministres
sont responsables en France !

Le ministre. — Eh bien ! qu’on me mette en accusation , moi, vieux
guerrier, moi dont le sang....

Piton. — Il n’est pas question de ça, monsieur, mais de la Charte
constitutionnelle....

Le ministre.— La Charte?... Hein!... Qui est-ce qui parle de Charte
ici ?... (appelant l’huissier) Faites sortir cet impudent révolutionnaire,
qui ose venir vociférer des cris séditieux jusque chez moi, chez un
vieux guerrier qui a combattu vaillamment pour....

Piton quon entraîne, et qui passe successivement des huissiers aux
garçons de bureau, des garçons aux hommes de peine, et de ceux-
ci au suisse, qui le jette dans la rue. — C’est une infamie!... une in-
 
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