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La caricature: revue morale, judiciaire, littéraire, artistique, fashionable et scénique — 1833 (Nr. 113-164)

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Numéro 159 (21 Novembre 1833)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26557#0281

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1267

LA CARICATURE.

tichambres desTuileries, comme la taille des conscrits, dans les salles
de révision. Envoyant flotter une queue imperceptible, ou dira :
« C’est M. Thiei s. » Une queue un peu plus prolongée indiquera le
prince Rosolin. Enfin, ce qu’il y a de plus incommensurable, en fait
de queue, révélera la royauté.

On supputera, en un mot, le rang des hôtes de la cour à la lon-
gueur de la queue de leur manteau, de même que l’on compte l’àge
des cerfs d’après nombre des noeuds de leur bois.

Il est possible que le manteau serve d’égide à la royauté citoyenne
auprès des cours de l’Europe, et que l’estime des colosses Voisins
pour notre ordre de Chose soit proportionnée au développe-
mentde sa queue. Eu revanche, je crains bien qu’il lui fasseperare
—en général, le suffrage du petit résidu de béotiens que sa vieille re-
dingote avait fanatisés; —et en particulier, le suffrage de M. André
du Haut-Rhin, qui s’était rallié à la vieille redingote de la royauté
nouvelle, bien plutôt qu’à cette royauté elle-même.

A...KOCH..

|Jlmtcl)cci.

N" 33a.

M. le général Gob’eau fournit à domicile, à la cour chirurgienne,
le divertissement d’une parade exécutée par une douzaine de petits
automates soigneusement façonnés en gardes nationaux; laquelle
petite revue lui a été demandée par la liste civile, en dédomma-
gement de la grande revue qui n’a pas pu avoir lieu, et à l’effet de
distraire gratuitement le colossillon de Belgique.

La cour chirurgienne contemple ce ravissant coup d’œil avec assez
d’indifférence : c’est pour elle pâté d’anguilles, Mais le'colossillon
belge parait abruti d admiration. M. Gob’eau, flatté de cet auguste
suffrage, tire les ficelles avec un enthousiasme toujours croissant ; il
semble vouloir en donner au colosse pour son argent. Or, le colosse
a droit d’exiger beaucoup : car on prévoit bien que son million ne
lui sera point payé autrement qu’en cette monnaie de singe.

N° 333.

M. DÉ RIGNY.

Celte planche est un appendice, une sorte de post-scriptum à la
curieuse galerie des improstitués, par AI. Daumier. AI. de Rigny n’a-
vait point trouvé place dans cette série; c’était une omission que ce
jeune artiste ne pouvait manquer de réparer. Nul n’avait plus de
droits à l’exposition caricaturale que le marin si bien renommé à
Brest, l’auteur de certain mémoire secret relatif à la livraison de
Napoléon à la flotte anglaise, en 1813, qui eut le malheur de voir
son nom accouplé, dans les ordonnances du 8 août i8ag, avec le
nom de la Bourdonnayé, et le malheur plus grand encore de ne re-
fuser le portefeuille que sur les prudentes menaces de l’abbé Louis,
son beau-père.

AI. de Rigny passe pour un grand marin aux yeux des abonnés du
Constitutionnel, et les marins l’estiment, en fait de marine, à la hau-
teur des mêmes abonnés du Constitutionnel. Si cette assertion semble
à quelques-uns une hérésie, à cause de son titre assez fortuitement
acquis dans le combat de Navarin, grâce à la conduite de nos braves
marins, nous les prions d’aller aux informations dans nos ports de
mer, et notamment à Brest.

MALHEURS, TRIBULATIONS, INFORTUNES ET DISGRACES

Du bttnitr obottut au Constitutionnel.

Il y avait une fois un abonné au Constitutionnel.

Ceci n’est point un conte de ma mère l’Oie ; l’abonné au Constitu-
tionnel a existé; il existe même encore, quoique l’espèce en devienne
plus rare de jour en jour ; vous pouvez le voir, sans microscope, à
l’oeil nu, marchant, buvant, mangeant, dormant comme une per-
sonne naturelle ; dormant même mieux qu’une personne naturelle.
En un mot, il vit, il a des dents, et quatre philippes d’or par an , à
jeter par les fenêtres.

1268-

Regardez-le, Alessieurs, tandis que la vue n’en coûte rien : car in-
cessamment vous n’êtes pas sûrs de jouir du même avantage. L’abonné
du Constitutionnel a déjà l’honneur d’attiier les regards des natura-
listes français et étrangers ; ils sont capables de l’empailler tout vif,
de le placer dans un bocal d’esprit-de-vin , sur un rayon du cabinet
d’histoire naturelle dont il est appelé tôt ou lard à faire les délices et
l’ornement. C’est en effet la seule manière de conserver aux généra-
tions futures quelques vestiges de cette race extraordinaire qui me-
nace de disparaître du globe, dans l’effroyable cataclysme du désabon-
nement universel.

O fatal progrès ! maudites lumières qui ont obscurci pour jamais
tant de gloires brillantes, les romans Yatout, les pamphlets Bugeaud,
les royautés citoyennes, les chandelles-Ganneron, et l’abonnement au
Constitutionnel !

Pardonnez-moi cette courte et indispensable digression. Je tenais
essentiellement à vous prouver que l’abonné au Constitutionnel est un
être positif, et non point un être de raison ; bien au contraire.

Je reviens donc à mon sujet.

Il était une fois un abonné au Constitutionnel, veuf, sans enfans,
rentier et propriétaire ; abonné-né, abonné de fondation, abonné
depuis l’origine ; ce qui le mettait alors à la tête de dix quintaux de
papier brouillard à envelopper du poivre.

Tous les matins, après déjeuner, l’abonné dépliait son journal, en-
fonçait son bonnet de coton sur ses oreilles, et commençait sa lecture
au hasard, par la tête, par le milieu, par la fin, n'importe ! car le
Constitutionnel offre cela de vraiment avantageux, qu’on peut le com-
mencer par où l’on veut, sans que l’on éprouve jamais la plus légère
perturbation.

Grâce à cette agréable occupation , l’abonné ne se réveillait que
pour diner, à quatre heures.

L’abonné n’écoutait, ne croyait que le Constitutionnel; il ne voulait
recevoir aucune idée que par l’entremise du Constitutionnel, c’est-à-
dire qu’il n’avait pas d’idées du tout ; c’était sa pensée immuable.
Chacun la sienne, celle-ci en vaut bien une autre.

Vous concevez que, guidé par un pareil oracle, l’abonné a dû faire
bien des sottises effectivement.

Et d’abord, dévoré de l’irrésistible désir de se vouer au culte et à
l’apprivoisement des araignées mélomanes, l’abonné se mit, d’après
la recette du Constitutionnel, à donner du cor-de-chasse dans sa cham-
bre, ce qui lui attira de vives querelles avec tous ses voisins , et un
congé en forme de la part de son propriétaire; c’était d’autant plus
dommage que la chambre à coucher commençait à se tapisser des
plus belles toiles d’araignée qu’on eût jamais vues.

Pour se consoler, l’abonné se livra à la recherche de l’horizon
chargé de nuages, et eut la satisfaction de le rencontrer un jour au
milieu de la plaine Saint-Denis. Par malheur, tandis qu’absorbé
dans cette nébuleuse contemplation, il cherchait à lire nos destins au
front des nues, l’orage éclata sur le sien ; le vent, la pluie, la grêle,
les éclairs et la foudre se déchaînèrent à l’envi contre lui.

Echappé par miracle aux fureurs de l’atmosphère , il rentra chez
lui , aveuglé, meurtri, mouillé comme un canard et avec une
fièvre de cheval qui le guérit à jamais de la passion des observations
politico-astrologiques.

.Alors, reprenant des goûts plus paisibles, il se jeta à corps perdu
dans l’éducation des puces travailleuses, dont les merveilles venaient
de lui être révélées sous bande, par son journal. Par malheur , une
belle nuit ses élèves commirent une irruption sur le territoire de Sa
personne, et le dévorèrent aux trois quarts.
 
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